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P.d.v. de Mously

Les éclats de voix m'avaient trouvé jusqu'à la cuisine où je préparais du thé pour Bachir.

J'ai failli laisser tomber le plateau contenant les tasses, de peur que ce semblant de dispute soit en rapport avec les enfants, aussi me suis-je dépêchée de m'essuyer les mains pour aller voir ce qu'il se passait avec mon mari.

Ce dernier avait littéralement changé d'humeur depuis sa petite discussion avec Maréme.
J'ignore ce qu'ils se sont dit dans son bureau pour qu'il soit tellement en colère qu'il n'est sorti qu'après le dîner pour silencieusement s'installer dans la cours n'ayant même pas pris le soin de manger avec nous. Il était particulièrement silencieux et l'ayant remarqué, les enfants ne l'ont pas du tout approché encore moins parlé: à croire qu'ils savent exactement comment réagir avec lui quand il est dans cet état.

Quand je lui ai demandé ce qui n'allait pas, il n'a rien voulu me dire.
J'ai bien entendu demandé à Maréme ce qui a bien pu advenir et cette dernière m'a sorti que je n'allais pas tarder à le savoir.
J'étais perdue et prise d'une légère panique.

A quelques mètres de la cours, je remarquai avec soulagement qu'aucun de mes enfants n'était mêlé à ce brouhaha et comprenait qu'il s'agissait d'une dispute entre Bachir et Djamila.

N'étant nullement concernée, je m'apprêtais à rejoindre ma cuisine terminer ce que j'avais commencé, seulement j'entendais à cet instant précis Bachir prononcer leur divorce ce qui m'a limite pétrifiée sur place.

Entendre ces mots sortir de sa bouche à lui m'avaient ramené dans le passé. Voir Djamila dans cet état m'avait rappelé le mien et comme si je revivais cette scène, j'avais l'impression que mon cœur allait sortir de ma poitrine, prise d'une soudaine peur inexpliquée.

Djamila le suppliait de le laisser s'expliquer mais sans lui adresser ne serait-ce qu'un regard, il s'est levé pour la dépasser la laissant assise à même le sol en train de sangloter comme une gamine.

Je ne la porte pas dans mon cœur mais j'ai une fois été dans sa situation et j'ai une idée de ce qu'elle peut ressentir actuellement.

C'est sur cette pensée que j'ai marché doucement vers elle, histoire de l'aider à se relever et rejoindre sa chambre: je ne voulais pas que les enfants la voient dans cet état mais avant même que je n'arrive à sa hauteur, elle m'a sorti d'une voix tremblante:

- Tu es contente? C'est bien ce que tu voulais non?

-Djam....

- Oh non! Ne pense surtout pas que c'est fini: ne te réjouis pas si vite Mously!

M'a t-elle sorti d'une voix enrouée avant de s'essuyer rageusement les larmes pour se lever. Elle s'était saisi de son sac à main vidé sur la table de chevet et y rangeait tout ce qu'il y avait dessus.

Je pense que c'est l'effet de la grossesse qui me rend émotive à point de ressentir de la pitié pour cette femme. J'ai alors tourné les talons pour me mettre à la recherche de Bachir: ce que j'aurai dû faire un premier.

Il ne doit pas se sentir bien lui non plus.
Je décidai de me rendre d'abord dans la cuisine mais à ma grande surprise, je l'y ai trouvé, debout, un verre d'eau à la main et fixant un point imaginaire sur la table, je lisais dans son regard de la colère.

Je marchai alors vers lui pour glisser ma main dans la sienne, l'ayant visiblement surpris, et lui demander:

-Ça va?

-Oui!

-C'est sûr?

-T'inquiète.

Me répond t-il en hochant la tête alors que je le fixais, devinant son état et ressentant par la même occasion une vague de jalousie me remplir le cœur: il est dans cet état à cause d'elle.

RegretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant