FaOI 2015

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Javi

Depuis la fameuse nuit où j'avais pris possession du double des clés de la chambre de Yuzu, il n'y avait eu qu'une seule autre secousse et ça s'était plutôt bien passé, pour autant qu'une crise d'angoisse puisse bien se passer. Peut-être parce que j'avais déboulé dans sa chambre immédiatement, peut-être parce que c'était un tremblement prévu et pas trop fort : en tout cas je n'avais passé qu'une nuit dans sa chambre au cas où il y ait des récidives et après ça avait été.

Jusqu'à maintenant les secousses avaient toujours eu lieu dans la soirée ou de nuit mais quand je sentis le bâtiment de la patinoire où on révisait la chorégraphie du ice show trembler, je sus immédiatement que ça allait être pire que tout. Pas parce que c'était un gros séisme : les secousses ne durèrent que quelques secondes et étaient juste suffisamment puissantes pour être ressenties. Le problème, c'était qu'on était dans une patinoire et que c'était exactement la situation qui allait complètement paniquer Yuzu. Et évidemment il fallait que ça soit en pleine pause quand je n'étais pas sur la glace avec lui !

Je fis au plus vite, laissant Alex en plan sans explication et me précipitant vers la patinoire. Je n'avais même débouché des coulisses que j'entendis des hurlements qui me confirmèrent que ça allait être une situation extrêmement critique à gérer : « habituellement » Yuzu ne criait pas, il se cachait juste en paniquant silencieusement, mais là on était apparemment passé au stade supérieur. Les secousses étaient complètement finies mais il se débattait sur la glace en panique totale alors que les autres essayaient de le calmer sans savoir quoi faire. Je n'enlevai qu'un protège patin dans ma hâte et bousculai rapidement ceux qui bouchaient le passage : la politesse et la courtoisie seraient pour une prochaine fois. Je n'eus pas à pousser beaucoup parce que vu comme Yuzu ruait par terre personne ne voulait se prendre un patin dans la figure et surtout, le voir hurler de panique était suffisant pour faire reculer n'importe qui. Je tirai Nobu qui semblait vouloir l'agripper en arrière ; il savait très bien gérer les choses la plupart du temps mais là c'était hors de son domaine de compétence.
Quand j'arrivai suffisamment près pour voir Yuzu correctement, je remarquai immédiatement les larmes qui sillonaient son visage et ses pupilles tellement dilatées de terreur qu'on ne distinguait plus l'iris. La crise de panique à son paroxysme, on ne pouvait pas tomber plus bas. Normalement je restais près de lui en le rassurant au mieux jusqu'à ce qu'il se calme mais là on n'était pas en position pour prendre notre temps et vu son état il ne devait même pas être conscient de son environnement. Deux options pour ce genre de cas : la bassine d'eau froide, indisponible, ou une claque.

Le bruit de la gifle laissa un silence choqué dans la patinoire mais Yuzu avait instantanément arrêté de crier, me fixant complètement immobile. Je lui attrapai les épaules pour l'ancrer au maximum dans le présent et les serrai légèrement, guettant des signes de réactions sur son visage.

-Yuzu, c'est moi, c'est Javi, appelai-je. Les secousses se sont arrêtées, tout va bien Yuzu : personne n'est blessé, rien n'est cassé... Est-ce que tu m'entends ?

Pour toute réponse il commença à trembler et de nouvelles larmes coulèrent alors qu'il sanglotait silencieusement. Je soupirai de soulagement et l'enlaçai pour le rassurer pendant qu'il encaissait le retour d'émotions.

-Ça va aller Yuzu, on va rentrer, tout ira bien, chuchotai-je en le berçant.

Il se recroquevilla complètement contre moi, cachant son visage dans le creux de mon cou pour se dissimuler l'extérieur et je le soulevai à bout de bras pour le sortir de la glace. Je fus reconnaissant que personne ne pose de questions ou n'essaie de nous arrêter, ou de nous accompagner : Yuzu avait besoin de tout sauf d'une foule autour de lui pour l'instant.

Comme on ne pouvait pas sortir dans la rue comme ça et qu'il fallait un endroit tranquille, je le transportai jusqu'à la salle où on stockait les costumes ; elle n'était pas très grande mais personne ne viendrait nous déranger... Une fois la porte fermée et la lumière allumée, je glissai contre le mur en tailleur et vérifiai que Yuzu pouvait toujours bien respirer. Apparemment oui, par miracle.

Étreinte (V2)Where stories live. Discover now