Partie 1: En cette froide nuit d'hiver...

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En cette froide nuit d'hiver, les verres et assiettes n'ont cessés de se briser les uns après les autres.

J'ai entendu des sinistres hurlements provenant de la maison d'à côté. Cela durait depuis des semaines. Depuis la mort d'Amandine.

La maison paraissait vide de vie et hantée par la mort. Les pleurs de sa sœur, Ambre, me donnaient la chair de poule tous les soir. Malgré tout, je la comprenais, je compatissais.

Jour après jour, je regardais, impuissant, son état se dégrader, son visage se ternir et son corps, devenir encore plus fragile.

Chaque matin, Ambre se rendait dans la forêt qui entourait notre quartier. Discrètement, je la suivais.

Rien ne la guidait, elle errait longuement entre les chênes sombres et imposants. Son visage laissait parfois transparaître un léger sourire lorsque les geais se mirent à chanter en chœur. Elle était si belle lorsqu'elle souriait, et ça me manquait profondément.

Lorsque sa marche arrivait à sa fin, elle s'arrêtait souvent au bord de son rocher préféré. Cette place donnait une vue imprenable sur l'ensemble de la ville. Les champs de coquelicots partageaient leur territoire avec les longs tournesols flamboyant qu'Ambre aimait tant. Je me souvenais, pendant ces instants, que le jaune était sa couleur favorite, je ne savais néanmoins si elle le demeurait toujours.

Durant des heures elle s'asseyait, silencieuse, seule face au reste du monde, seule face à elle-même. Lorsque la mélancolie s'emparait de ses pensées et de son esprit, on pouvait observer un léger ruissellement de larmes qu'elle tentait tant bien que mal de dissimuler. Mon cœur se fendait immédiatement à cette vue. Combien de fois j'ai voulu la prendre dans mes bras et la rassurer, mais cela demeurait impossible. Elle ne devait en aucun cas apprendre que je l'observais. Jamais.

Mon insignifiante vie se limitait à la suivre tous les jours, veiller à ses moindre faits et gestes de peur qu'elle ne commette l'irréparable. Mon amour pour elle grandissait de jour en jour sans que je ne puisse rien n'y faire. Cela me torturait grandement. Ma conscience ne cessait de me répéter que cela ne devrait pas se produire, qu'aimer une personne d'aussi instable ne m'apporterait que tristesse et déception. Mais c'était plus fort que moi. Ton corps frêle et faible ne me repoussait pas, bien au contraire. J'étais éperdument fou de toi Ambre.

Chaque jour menait à ma propre perte, mais cela m'importait peu à vrai dire. Je pensais avoir enfin trouvé un but à ma vie. Tu étais devenue le centre de toutes mes préoccupations. Matins et soirs, aubes et crépuscules furent teint de ton image indélébile. Mon entourage ne me reconnaissait plus, mais cela m'importait peu. Mon corps réclamait sans arrêt d'être plus près du tien. Mais je m'amenais à une lutte effrénée contre mes désirs les plus ardents. Car oui, je devais avant tout, préserver ton bien être, ma douce. 

Un voyage vers l'inconnu.Where stories live. Discover now