Partie 4: Premiers pas vers le monde

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A l'aube, l'air fut frais et rassurant. Mes premiers pas, hors de mon domicile furent hésitants. Je pensais souvent à faire marche arrière, abandonner toute idée de fugue et d'évasion farfelue. Mes démons ne cessaient de se battre, créant en moi, une confusion immense.

Étais-je réellement sûr de ce que je m'apprêtais à faire ? Aucune idée. Une chose demeurait certaine ; il fallait que je parte, cela en allait de ma propre survie, ainsi que celle de mon âme.

Ce matin-là, les rues furent désertes, les lampadaires défectueux émettaient une faible lumière jaunâtre qui avaient le mérite de me troubler. Le silence était si omniprésent, de telle manière qu'il était possible d'entendre le grésillement des feuilles mortes glissant sur ces vieilles routes pavées. Ma démarche paraissait lente et apaisée, ce qui contrastait totalement avec mon état intérieur : j'avais peur.

Néanmoins, la peur n'était pas un frein, bien au contraire. Grâce à elle, je pouvais me permettre cette excentricité que personne ne s'imaginait effectuer.

La peur m'habitait, et je m'y suis rapidement fait, à mon plus grand bonheur.

A chaque minute, le ciel s'éclaircissait. J'avais la chance de contempler ce doux panorama. Le ciel laissait apparaître ses différentes nuances de bleu, aussi légère que les vêtements que tu portais autrefois Ma Douce. Si l'on s'attardait plus longtemps sur ce paysage, on pouvait voir les traits délicats que les nuages mêlés au Soleil avaient laissé transparaître sur cet immense tableau. J'étais seul, face à ce miracle grandiose, qui pourtant se déroulait chaque jour, sous mes yeux aveugles. Je me sentais si petit, et si stupide. Comment avais-je pu vivre tel un ignorant ? Sans m'en être rendu compte, ma vie était similaire à celles de ces personnes que je méprisais tant. Je détestais ces hommes et femmes qui passaient leur vie entière dédiée à leur propre personne. Une vie terne et sans but. Une vie superficielle et frivole.

Cela ne faisait que quelques heures que mon expédition vers la liberté avait enfin débuté. Et durant ces courtes heures, j'ai vu, j'ai appris tout ce dont la nature nous proposait.

Tous mes sens furent exaltés. J'ai pu jouir d'une légère partie de ce dont l'Univers avait pu nous offrir. J'en étais éternellement reconnaissant. Je savais bien que ma destination demeurait encore inconnue, mais quelque part au fond de moi, je sentais que le savoir n'avait aucun intérêt. Que je devais vivre chaque instant qui s'offrait à moi. Je l'ai compris bien assez tôt pour un jeune homme ignare.

Sur ma route, je pensais souvent à toi. Lorsque les oiseaux chantaient au-dessus de ma tête. Lorsque je marchais au bord des denses forêts qui n'attendaient que moi. Lorsque le ciel se noircissait et s'apprêtais à pleurer de lourdes larmes de colère. Je pensais à toi. Si fort que cela m'empêchait parfois de continuer. Ton souvenir me retenait en arrière mais je ne pouvais l'abandonner. Puisque ce voyage, je le faisais pour toi, à travers moi.

Tu me remercieras un jour, tu verras.

A chaque instant où le silence régnait, je t'imaginais encore les yeux noyés sous les larmes chaudes que tu déversais chaque matin au réveil, et chaque soir au crépuscule. Je t'imaginais encore le corps froid et cadavérique déambulant sous les feuilles de ces immenses chênes alourdis par le poids de leur feuilles humides. Ces images ne s'effaçaient jamais de ma mémoire. Et pourtant, je ne voulais qu'elles disparaissent.

Un voyage vers l'inconnu.Onde histórias criam vida. Descubra agora