#5 Collier

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Emma

Je pars de la salle en vitesse, sous le regard curieux des garçons. Ils n'ont pas besoin de savoir où j'ai appris à me battre, ça ne les regarde pas et ça ne leur servirait à rien de savoir. C’est juste de la curiosité mal placée. Dans les vestiaires, je me passe la tête sous l’eau à plusieurs reprises. Où j’ai appris à me battre…. Je me rince une dernière fois le visage pour chasser les mauvais souvenirs et me change.

Une fois propre et vêtue, je sors des vestiaires, salue le barman et monte sur ma moto. Je m'éloigne de la ville, vers les campagnes, à la recherche d'un endroit calme. J’hésite à retourner près de la petite cabane dans les bois, mais j’ai envie d’être à l’air libre. Je jette alors mon dévolu sur une colline, l’escalade et me couche au sommet avec mes écouteurs. J’augmente le volume et me laisse bercer par la musique. La musique…. Elle était là lorsque personne d'autre ne l'était, elle m'a sauvé de mes idées noires et de mes souvenirs. La musique est une vieille amie et plus le temps passe, plus je me sens apaisée lorsque sa mélodie vient caresser mes tympans.

Je ferme les yeux et régule ma respiration. Je lutte constamment contre les souvenirs, c’est très fatigant. J’ai besoin de moments où je peux me retrouver avec moi-même, comme maintenant. Cependant, ces moments sont bien trop courts. J’ouvre les yeux et m’assieds. Le coucher de soleil est au rendez-vous, tout comme la bise qui souffle dans mes cheveux. Bientôt le ciel orangé laisse place à quelques points brillants parsemés sur un ciel noir. Il est temps de rentrer. 

**

À l'instant où j'ouvre la porte d'entrée, une main se pose sur mon épaule. Par réflexe, je la prends et la retourne avant de faire face à Mike. Dès que je m’en rends compte, je lâche sa main rapidement.

" Putain, tu m'as fait mal !"

" Faut pas me surprendre. "

Il me regarde longuement, et pour couper court à mon malaise, je rentre dans la villa des Clark. C’est alors que la femme arrive vers moi, un cadeau à la main.

" Bientôt, c’est ton anniversaire. Nous allons t'offrir tous les jours un cadeau jusqu'à cette date." m'explique-t-elle.

C'est vraiment gentil, mais en ai-je vraiment besoin ? Je veux dire par là que, avant, je ne recevais qu'un cadeau commun et ça me suffisait amplement... Je n'ai pas besoin, ni envie, de tous ces cadeaux hors de prix et totalement inutiles.

" Vous savez, je ne peux pas accepter. Une moto était le cadeau rêvé et vous me laissez bien gentiment l’utiliser. Je ne vous connais pas plus que ça, ça me met mal à l’aise d’accepter autant d’argent. Désolée. "

Je lui fais un petit sourire, espérant qu'elle le prenne bien.

Normalement, je refuse tous les cadeaux, mais j'avais vraiment besoin de cette moto. J’ai besoin de liberté. Ce n'est pas dans mes principes. Ça me donne l'impression de profiter des gens et de leur bonté alors que je ne mérite rien de tout ce qu'ils offrent. Et aussi parce que je veux me souvenir pour toujours des derniers cadeaux que j'ai reçus de ma famille, de ma vraie famille.

" Pardon. Je ne …"

" Ne vous excusez pas, il n'y a pas besoin. Je ne veux pas être ingrate, vous avez déjà fait beaucoup pour moi en me prêtant un véhicule."

" Tu n’es pas ingrate ma belle, je comprends. J’ai été trop enthousiaste, je ferai plus attention à l’avenir. "

" Merci beaucoup. "

" Oh, au fait, tu as reçu un colis. Il t’attend dans ta chambre. "

" Un colis ? Vous êtes sûre qu’il est pour moi ? "

"En tout cas, il est à ton nom. C’est Madame Connelly qui m’a appelé pour me dire que quelqu’un avait demandé ton adresse pour un colis."

Je la remercie d’un signe de tête et monte à l’étage, suivie par Mike qui disparaît immédiatement dans la chambre du fils aîné. Arrivée dans ma chambre, j’allume les lumières et m’approche du bureau où trône une grande boîte en carton de la poste.


Colis prioritaire.


Avec appréhension, je retire proprement les bandelettes qui referment le carton et plonge la main à l’intérieur. J’en retire un livre avec une couverture en cuir, très amochée, ainsi qu’une enveloppe. Qu’est-ce que c’est ? J’ouvre l’enveloppe et déplie la lettre. Écrite à l’ordinateur, je n’ai aucun indice sur sa provenance ou de son auteur. Pourquoi faire autant de mystère ? Je me le demande bien.


Emma James,

Je t’offre ces présents en souvenir du bon vieux temps. Le pendentif avec la clef est recherché, il appartenait à Tyler. Je suis certain que tu sauras en prendre soin. Quant à ce journal intime, je te laisse décider quoi en faire.

Avec tout mon amour,

A bientôt, j’espère te voir.


Je ressors de l’enveloppe une chaînette, où une petite clef magnifiquement ciselée, datant sûrement d'autrefois, est mise en pendentif. Exactement le genre de breloque que Tyler appréciait m’offrir. Je sens ma poitrine se serrer. À quoi cela sert-il ? Me donner quelque chose de Tyler…  C’est cruel. Cependant, je ne peux pas me résoudre à laisser ce collier prendre la poussière. Il est vrai que Tyler l’aurait plus qu’apprécié. Après tout, qu’est-ce que je perds en le mettant à mon cou ? Rien. C’est alors ce que je fais.

Je me penche ensuite sur le carnet. Alors que j’allais l’ouvrir, mon portable sonne dans ma poche. Alan. N’a-t-il pas compris mon message de la veille ? Je l’ignore une première fois et puis une deuxième. À la troisième, je réponds avec un soupir.

" Qu’est-ce qu’il y a ? "

" J’ai besoin de toi. "

Sa respiration haletante n’augure rien de bon. Je laisse donc le carnet à sa place et cherche un blouson dans ma valise.

" Je t’ai demandé une semaine de pause. "

" Je sais. Si tu viens, le prix sera doublé. Je te le promets. "

Je n’ai pas besoin d’hésiter. Je mets le blouson et sors de ma chambre.

" Envoie-moi l’adresse. "

" Merci"

Il raccroche tandis que je descends les escaliers. Tout en soupirant, je n’espère qu’une chose : qu’il ne se soit pas fourré dans un énorme bourbier.

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Voilà pour le chapitre 5 ❤

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