#13 Journal

7.7K 321 1
                                    

Emma


Evan ne quitte pas mon esprit une seule seconde. Je n’avais pas fait attention à lui lors des présentations. Après tout, à quoi bon faire la connaissance de mes camarades de classe ? Ils ne le resteront pas longtemps ou alors me laisseront de côté. Et pourtant, lorsque je l’ai entendu… Lorsque j’ai fait attention à sa voix… Il n’y avait aucun doute possible. Evan Kennedy, ou plutôt Evan Daniels maintenant, n’avait pas énormément changé. Ses pupilles brunes me regardaient tellement intensément en classe que ça m’a rappelé la mort de Léa. Ça m’a rappelé le regard qu’il m’a lancé, tandis que je tenais son cadavre frêle dans les bras et que je pleurais sans cesse. Ça m’a rappelé ses larmes, sa voix qui s’est brisée en voyant le corps inerte de sa petite amie.

Les souvenirs me hantent. L’odeur du sang est omniprésente, tout comme la nausée qui l’accompagne. Je revois mes mains, couvertes par le sang de Léa. Mes vêtements teintés de rouge. Le sang qui ne part pas, même en frottant comme une folle.
Assise contre la tête de lit, je me ronge les ongles. Il faut que je me change les idées. Toutes ces pensées m’empêchent de dormir. J’ai du mal à respirer, et pourtant je suis bien trop faible pour sortir de cette pièce. Je saute alors du lit et ouvre ma valise. Dedans, il y a un vieux carnet de notes. J’avais dessiné des fleurs dessus, des fleurs extrêmement mal-faites. J’hésite à l’ouvrir, composer quelque chose, rien qu’un bout de phrase, mais je le redépose.

Je ne sais même pas pourquoi je le garde toujours. Ce n’est qu’une relique du passé. Ce n’est que la cause du décès des êtres qui m’étaient les plus chers.

Soudain, quelqu’un frappe à la porte. Je referme rapidement la valise et la glisse sous mon lit avant d’ouvrir. C’est Stefan. Avec un sourire triste, il se permet d’entrer et je me rassieds sur le lit.

" Maman m’a dit que tu as fait une crise de panique. Comment tu te sens ? "

" Ça va, je n’avais juste pas assez dormi. Certainement le stress de la rentrée, " mentis-je. " Qu’est-ce que tu fais ici ? "

" Je voulais voir comment tu allais. Si ton état est aussi bon que ta capacité à mentir, ça ne me rassure pas vraiment. " Il s’arrête, regardant le colis à moitié déballé sur mon bureau ainsi que le vieux journal à la reliure en cuir. " Tu connais l’expéditeur ? "

" C’est un colis anonyme. Je n’ai pas encore eu l’occasion de l’ouvrir totalement. "

Stefan me regarde longuement avant de s’asseoir en face de moi, les jambes croisées.

" On ne se connait pas vraiment bien, mais j’aimerais que cela se passe bien entre nous. On a le même âge, et tu ressembles beaucoup à Mike, alors je pense qu’on s’entendra bien. Je ne vais pas te déranger plus longtemps, je voulais juste te dire que si tu voulais parler ou jouer à un jeu de société, ma porte est juste en face. N’hésite pas. "

Je le remercie d’un hochement de tête alors qu’il se lève. Dès qu’il referme la porte, je m’approche de mon bureau. Je suis partie tellement rapidement hier que je n’ai même pas regardé ce qu’était ce livre en cuir. Je retire précautionneusement le morceau de cuir qui garde le livre scellé et l’ouvre. C’est l’écriture de Tyler.

Histoire du drame du 6 janvier 2017.


Écrit par :
Tyler Devillers


Note de l’auteur :
À lire avec modération.
Âmes sensibles s'abstenir.
Histoire vraie.

Ce n’est pas possible. Il est mort. Et pourtant, c’est bel et bien son écriture. Je feuillette rapidement les pages. C’est son écriture, je n’en reviens pas. Il a noté tout ce qu’il s’est passé. Je referme le journal directement. L’angoisse revient au galop. Je quitte ma chambre, le carnet sous le bras et sors. Comme Sabine l’a dit, Stefan a ramené la moto et l’a garée devant la maison. J’ouvre le compartiment et échange le carnet contre l’anxiolytique. Après quelques gouttes, j’en ressens déjà les effets. Mes muscles se détendent et mes idées s’éclaircissent.

Bien que je sache pertinemment que je ne devrais pas conduire dans cet état, je grimpe sur ma moto et démarre. J’ai besoin de réponses et plus je m’éloigne de la villa des Clark, plus les questions s’accumulent dans mon esprit.

Après une grosse heure de route, j’arrive enfin à destination. En plein centre-ville de Los Angeles. Je me gare dans un parking sous-terrain, sors le carnet du compartiment et le mets dans un sac. Je marche ensuite dans les rues jusqu’à arriver devant le bâtiment que je cherchais.

Police municipale.

Je m’engage dans les escaliers et passe les portes automatiques. Je ne pensais pas revenir ici de sitôt. Et pourtant, me revoilà. Je serre la lanière de mon sac et m’arrête devant la réception.

" Bonjour mademoiselle, en quoi puis-je vous aider ? " me demande l’agent.

" Bonjour, j’aimerais voir l’agent Davis. "

" Nous n’avons personne de ce nom ici, désolé. "

" Je suis Emma James. Je sais qu’il est ici, c’est vraiment important. Il m’a dit de venir ici si j’avais des questions, … s’il vous plaît. "

L’agent me regarde longuement avant de taper sur son clavier. Cette attente est interminable.

" Emma James, je vous demanderais de déposer votre sac sur le comptoir. Un agent va venir prendre votre déposition. "

" Je ne veux pas faire de déposition, " m’énervé-je en déposant mon sac sur le comptoir, "je veux parler à l’agent Davis. "

" J’entends bien, mademoiselle, mais nous n’avons pas d’agent Davis ici. Attendez et nous allons vous recevoir très rapidement. "

Il fouille mon sac avant de m’indiquer la salle d’attente. Super, la police ! Je m’assieds tout de même. Ma jambe tressaute. Heureusement, je n’attends pas longtemps. Une femme m’appelle et je la suis. Nous traversons un étage entier avant d’arriver devant un portique. Là, elle me fouille de fond en comble avant de me laisser passer. Elle tourne dans le couloir de droite qui ne débouche que sur une porte. Cependant, elle n’ouvre pas la porte et la dépasse. Elle dépose sa main contre un dessin de la fresque. Quelques secondes plus tard, le mur se met à bouger. Je n’en crois pas mes yeux.

" Suivez-moi. "

Et c’est ce que je fais. Je lui emboîte le pas alors que nous traversons une immense salle remplie d’ordinateurs. Personne ne fait attention à ma présence, tous trop absorbés par leur écran. C’est alors que nous arrivons devant une porte. La femme se tourne vers moi avec un sourire et me fais signe d’entrer. J’ai peur. Et pourtant j’actionne la poignée avec une seule pensée : dans quoi me suis-je embarquée ?


____________________________________________

Voilà pour le chapitre 13 ❤

N'hésitez pas à voter et à donner votre avis si vous avez aimé 🥰

My New Life |° En Réécriture °|Where stories live. Discover now