Chapitre 3 - La Table qui Tache

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La façade de l'académie ne faisait pas plus de trois étages de hauteur. On y comptait quatre tours : deux massives et à peine plus haute d'un étage que le reste de la façade et deux autres, plus fines, mais deux fois plus hautes, qui encadraient l'entrée principale. Cette dernière d'ailleurs donnait l'impression d'être obstruée par deux gigantesques baguettes croisées reposant, de part et d'autre, sur l'une des fines tours jumelles.

L'ensemble enfin était ceint d'un large parterre de fleur qui ondulait tout autour du bâtiment comme des dunes arc-en-ciel. Les murs quant à eux, à l'exception des tours, étaient couverts de lanternes magiques projetant des ombres colorées et dansantes autour d'un nombre incalculable de fenêtres qui ne semblaient correspondre à aucun étage. Le tout, en contre-jour dans le soleil couchant, offrait un spectacle merveilleux qui ne manqua pas d'impressionner la plus grande partie des nouveaux arrivants. On eut dit la couronne d'un arc-en-ciel.

Le château dans son ensemble était d'une taille imposante et pourtant relativement modeste au regard de tous les élèves qui devaient y manger, dormir et étudier. De l'extérieur, il semblait même clair que le bâtiment était trop petit pour remplir ses fonctions. Et pourtant, il n'en était rien.

En effet, le bâtiment tout entier avait été soumis à de multiples sortilèges d'extension de sorte que l'intérieur était peut-être trois à quatre fois plus grand que ne le laissait deviner l'extérieur. Personne ne savait vraiment à ce sujet. Une légende circulait même racontant que les sortilèges accumulés d'extension avaient échappé au contrôle des sorciers qui les avaient jetés et que depuis, l'intérieur du bâtiment ne cessait de s'agrandir, année après année, faisant apparaitre, parfois, de nouvelles salles.

Les élèves pénétrèrent enfin dans l'académie. L'entrée principale, bien que d'une grande taille, semblait terne en comparaison de la façade. À l'explosion de couleur des lanternes extérieures répondaient ici trois immenses cheminées suffisamment grandes pour y loger une classe entière.

Cependant, on était vite submergé par la solennité du lieu. Aux murs, des toiles aux proportions extraordinaires dépeignaient des évènements historiques majeurs de l'histoire des sorciers. Les seules choses qui tranchaient avec cette impression de gravité dégagée par le lieu étaient les portraits de Pernelle et Nicolas Flamel qui trônaient au-dessus de l'entrée. C'était les deux seules figures souriantes de la salle.

Le temps pressait et les élèves commençaient à s'impatienter. Personne n'osait encore se plaindre ouvertement, mais l'on s'inquiétait de plus en plus de devoir marcher encore longtemps dans le château.

Heureusement, ils n'eurent pas à attendre longtemps avant d'atteindre la salle de réception. Il leur suffit d'emprunter l'un des escaliers à double hélice se trouvant aux quatre coins de l'entrée pour arriver à l'étage et tomber immédiatement sur l'une des quatre portes réservées aux élèves et desservant les quatre coins de la Grande Salle.

Toufeu et Touflamme ouvrirent les grandes portes et firent entrer rapidement les jeunes adolescents émerveillés. Ceux-ci s'assirent immédiatement autour des deux immenses tables qui avaient été disposées à leur égard.

Enfin, ils étaient arrivés. Devant eux se trouvaient tous leurs ainés de l'académie Beauxbâtons ainsi que, à droite ou à gauche selon par où ils étaient montés, la table des professeurs.

Il y eut quelques minutes de brouhaha, le temps que chacun s'installe et dépose son sac à dos à ses pieds. Puis une femme d'une taille exceptionnelle se leva au centre de la table des professeurs. Il s'agissait, bien entendu, d'Olympe Maxime, la directrice de Beauxbâtons. Le silence se fit immédiatement dans les rangs des élèves. La directrice prit le temps de scruter l'assemblée avant de faire un geste négligent devant elle, comme si elle cherchait à balayer de la poussière imaginaire. Se faisant, elle s'avança avec naturel à travers la table qui s'écarta littéralement sur son passage sous les exclamations ravies des premières années.

Tome 1 - Stanyslas Gravel et la légende des enfants pourpresDonde viven las historias. Descúbrelo ahora