Chapitre 7 - L'héritage de Flamel

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Stanyslas n'avait rien dit de tout le voyage. Il avait ressassé les diverses réactions des autres élèves de Beauxbâtons : cris de surprise, petits pas de côtés, regards suspicieux...

Maxime Olympe, la Directrice, était arrivée rapidement sur les lieux du tag. Elle avait tout aussi rapidement fait apparaitre un grand voile, avec inscrit dessus « idiot celui qui croît sans penser » pour recouvrir l'ensemble du tableau abîmé, mais le mal était fait.

Au moins, on ne l'avait pas dérangé dans le Bus de la Brume. Morgane, d'habitude si bavarde, était restée avec lui, mais n'avait rien dit non plus. Est-ce qu'elle se posait des questions elle aussi ? Elle en aurait eu tous les droits. Après tout, n'avait-il pas été le premier à soulever cette question.

Mais quand même... Il avait pensé qu'elle ne le traiterait pas différemment si c'était le cas, s'il était un enfant pourpre. D'autant que rien ne le prouvait encore ! Ce n'était que quelques mots écrits très gros et en toute illégalité : pourquoi les gens y accordaient-ils autant d'importance ?

Comme leur transport venait de s'arrêter sur le quai de Versailles, Stan réunit ses affaires et s'apprêta à partir sans un regard pour son amie. Alors qu'il allait traverser le miroir, c'est cette dernière qui l'interpella.

« - Dis donc, Stan ? Tu ne vas quand même pas partir sans me dire au revoir ?

- Je... Je croyais que tu ne voulais pas me parler !

- Et pourquoi ça ?

- Parce que... tu ne m'as pas parlé de tout le voyage ?

- Toi non plus, je te signale ! Tu avais l'air tellement fâchée... J'ai pensé que tu préfèrerais que je te laisse tranquille... »

Stan regarda Morgane avec une soudaine bouffée d'affection. Elle était plus prévenante et plus intelligente qu'il ne se l'était imaginé. Il eut l'envie de la serrer dans ses bras, mais... et bien c'était une fille et lui un garçon. Il ne fallait pas exagérer ! Il se rapprocha malgré tout de son amie et, ne sachant que faire, lui posa une main sur l'épaule.

« - Merci Morgane. Tu es vraiment... une chic fille. Et... j'ai hâte que les vacances soient terminées. »

Morgane ouvrit de grands yeux, tout d'abord pour la main qu'il avait posée sur son épaule, ensuite pour les propos qu'ils venaient de tenir.

« - Toi ? Stanyslas Gravel ? Le garçon qui nous rabat les oreilles à propos de ses parents depuis une semaine, tu as hâte que les vacances se terminent ?!

- Heu... ­- La jeune fille sourit, retrouvant la petite étincelle qui la caractérisait tant. –

- Merci Stan ! Moi aussi j'ai hâte, à dans deux semaines alors !

- À dans deux semaines... »

Et sans plus attendre, c'est Morgane qui traversa au pas de course l'un des miroirs du quai versaillais. Stan n'attendit pas longtemps pour en faire de même.

Sitôt le portail traversé une poitrine généreuse vint enserrer son visage dans le but évident de l'étouffer.

« - Mon chéri !!! Tu nous as tellement manqué ! Mais alors comme ça c'est vrai ? Tu es vraiment devenu un Cameleau ? Tu ne plaisantais pas ?! »

Charlie Gravel se recula enfin, tenant toujours son fils par les deux épaules. Son regard était sévère, mais il l'était toujours moins que celui de son mari qui attendait un peu en retrait. Stan trembla intérieurement. Il avait envoyé quelques courriers à ses parents depuis le début de l'année et avait fini, au bout du troisième ou quatrième, par leur dire la vérité. Qu'il était un Cameleau... Il regrettait un peu maintenant, il n'était pas vraiment de bonne humeur et il n'avait aucune envie d'être grondé, surtout pas après la façon dont il avait quitté l'académie. Hélas, il fallait bien qu'il réponde, et sans mentir, ça ne servirait plus à rien.

Tome 1 - Stanyslas Gravel et la légende des enfants pourpresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant