Chapitre 2 : Moi, Benoît

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Alors, qui abrite ce cerveau aussi... Comment dire ? Particulier... 

Mon nom est Benoît et j'ai treize ans. À l'école primaire, mes chers camarades de classe m'ont demandé si ça n'avait pas été trop dur de commencer ma vie avec un prénom aussi « pourri ». En vérité, je n'y avais jamais vraiment réfléchi, mais maintenant, je sais que je l'aime. C'est vrai qu'il est légèrement passé de mode. Paraît-il cependant qu'en latin, il signifie « Béni par Dieu ». Après, est-ce que je le suis vraiment ? Cela reste à savoir.

Je ne suis ni spécialement grand ni spécialement petit, ni particulièrement gros ni particulièrement mince, normal en somme. J'ai des cheveux châtains et des yeux bleus très clairs. Finalement, avec une enveloppe aussi peu originale, quoi d'étonnant à ce que mes rêves soient banals ! Cependant, j'adore mes yeux. De loin, ils semblent d'une teinte bleutée uniforme, mais en y regardant de plus près, on s'aperçoit qu'ils sont en fait composés de tout un dégradé de couleurs, une mini-galaxie en quelque sorte.

Je suis assez fort à l'école et j'adore lire ! À part ça... pour aller à l'essentiel, j'aime la musique ; la première chose que je regarde quand je rencontre une personne, ce sont ses cheveux ; mon pêché mignon est le chocolat et je n'aime pas les pieds.

Je suis fils unique. Mes parents Shane et Patricia O'Hara  m'ont eu assez tard et ensuite, si j'en crois ma mère, il y a eu un « problème » et ils n'ont plus voulu d'enfants. Je pense que ce « problème » a été assez grave, ou du moins très sérieux, parce que mes parents ont parfois l'air soucieux. Ils n'abordent jamais le sujet en ma présence et bien que j'aie essayé de soutirer quelques informations à ma mère, je ne suis arrivé à rien. Elle est toujours restée très évasive. 

En tout cas, être fils unique ne me dérange pas. Je peux ainsi dormir chez un copain le samedi soir sans avoir à jouer les baby-sitters pour un petit frère ou une petite sœur.

Deux mots sur mes parents ? Mon père est irlandais et ma mère française.

Mon paternel fait beaucoup de bruit, mais alors VRAIMENT beaucoup de bruit. Le matin, il vaut mieux arriver après qu'il a pris son petit-déjeuner parce que lorsqu'il prépare son thé, attention les oreilles. Il ébouillante la théière en faisant claquer son couvercle, très fort. Je me demande comment ma mère n'est pas devenue sourde en assistant à ce rituel. Bref, mon père a raté une belle carrière de batteur dans un groupe de hard-rock.

Ma mère rêve d'être dictatrice. Non, c'est une blague. Par contre, elle aime beaucoup proclamer :

« Quand je serai dictatrice, je ferai pendre tous les barbus ! »

Oui, ma très chère maman déteste les hommes à barbe.

Sinon, mes parents sont très gentils et attentionnés, voire surprotecteurs. Ils ont toujours peur qu'il m'arrive quelque chose. Par exemple, ils ne veulent absolument pas que je parte en voyage sans eux, et ils sont toujours réticents de me laisser aller à des voyages scolaires. Ce qui peut se comprendre vu que je suis leur unique enfant, leur « bébé » comme ils disent.

J'habite à Paris dans une maison. Oui, une maison et non un appartement. Et oui, je me considère en effet très chanceux. J'ai même une terrasse où l'on fait pousser des fleurs et des arbres fruitiers. Mais ma mère ne l'aime pas trop. Elle est toujours extrêmement stressée lorsqu'elle me voit y monter tout seul. Elle dit même parfois qu'elle regrette de l'avoir fait construire. Quelle drôle d'idée. C'est parfaitement sécurisé là-haut, et la vue est magnifique.

Le dernier membre de ma famille se présente sous la forme d'une énorme boule de poils qui se repère à son grondement de tracteur, autrement dit mon chat. UNE CHATTE plus précisément, prénommée Nessy ou Fluffy pour les intimes. Ce surnom lui vient de l'énorme masse de poils gris et doux qui recouvre son corps ainsi que chaque parcelle de draps, tapis ou coussins où mademoiselle décide de poser son auguste personne. Elle est mignonne à tendance autoritaire et j'en viens parfois à me demander si elle ne nourrirait pas les mêmes rêves dictatoriaux que ma mère. En particulier lorsqu'elle vient gratter à ma porte à minuit, pour me piquer mon oreiller dès que j'ai flanché et que je lui ai ouvert. Je me laisse peut-être un peu victimiser par Fluffy, en fait. Le problème avec elle, c'est qu'elle se prend parfois des coups de chaud : elle est calme, tranquille, et tout à coup, la voilà qui file à toute blinde, poursuivie par je ne sais quel fantôme. Nous vivons dans une maison à étages, voyez-vous, et je suis sûr qu'un jour ou l'autre, je vais la voir courser un volatile. L'oiseau va s'enfuir par-dessus le balcon et Mlle Nessy va le suivre et sauter dans le vide à sa suite. Alors là... Plouf ! Bobo. En plus, elle n'est pas franchement mince, plutôt dodue même, ce qui fait que l'attraction terrestre la précipitera encore plus vite vers le sol. Mais je l'adore en dépit de ses accès de folie. Elle me tient compagnie et parfois, j'ai l'impression que c'est un mini-moi animal. Dit comme cela, ça paraît bizarre, je suis d'accord. Cependant, j'ai l'impression de retrouver chez elle des traits de caractère communs, les mêmes passe-temps. Peut-être que c'est la représentation matérielle de mon âme ? Bon, je m'égare un peu. Néanmoins, il me semble que du moment que Fluffy se porte bien physiquement et mentalement, alors tout va bien pour moi.

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