With(out) Feeling [ Tome 1 & 2 ]

Chapitre 20

La deuxième journée commence par un lever quelque peu difficile pour mes acolytes. Nous arrivons néanmoins à partir aux alentours de dix heures, tout beau, tout propre, l'estomac bien rempli du petit-déjeuner de l'hôtel. Pas de transport en commun prévu au programme, tous nos trajets entre les différents lieux touristiques ( ou non ) se feront avec nos petits pieds. Mise à part le Zoo de Prague et le palais de Troja.

J'aime beaucoup me perdre dans les rues de la " ville aux cent clochers " au gré des plans de mes amis. Tous ces appartements de couleurs différentes les uns des autres, de style différent ont vraiment un charme particulier. Certaines maisons allient même ancienneté et modernité pour le plaisir des yeux. Son statut de l'une des plus belles villes du monde n'était pas démérité... Les touristes ici ont tous des étoiles dans les yeux et l'appareil photo en main.

Le regard alternant entre les boutiques et les habitations du dessus, je manque de tomber en marchant la tête levée. Par chance Eden me rattrape par le bras.

- Regarde devant toi, petite chose.
- Merci. C'est tellement beau, tellement pittoresque...
- Effectivement.

Notre visite commence par la Maison Municipale. Un très bel endroit où règne l'art nouveau. Je ne savais plus où poser le regard dans la salle de concert. Nous passons par hasard devant le fameux bar du lieu. Juste quelques touristes se sont arrêtés pour se désaltérer. Nous faisons de même. Le serveur nous explique que nous sommes dans le plus vieux bar de Prague et le second plus vieux d'Europe. Eden qui ne voulait rien au départ se prend finalement un chocolat chaud. ( Quel bébé ) et un cappuccino pour moi. Un peu cher pour ce que c'est, mais l'atmosphère du lieu en vaut largement le prix.

Ensuite nous nous dirigeons vers la Tour Poudrière à quelques pas. Après nous être concertés, nous décidons de revenir gravir la tour vers vingt heures pour profiter de la vue panoramique sous le coucher du Soleil. J'en salive déjà.

Nous faisons quelques photos devant la Maison de la Vierge Noire, mais l'envie d'entrée ne fait pas l'unanimité. Taylor et Emmanuelle, amateurs de décoration et d'architecture intérieure, le feront la journée quartier libre que nous avons fixé.

Puis nous marchons jusqu'à la Place Venceslas. Je suis surprise de ne pas être la seule à trouver une ressemblance avec l'avenue des Champs-Élysées.

- Certains bars ont des noms bizarres, fais-je remarquer.
- Ce sont des maisons closes, répond Emmanuel le plus naturellement.

Les autres pouffent de rire. Eden me donne un léger coup d'épaule.

- Tu penses qu'on y fera un tour ? me souffle-t-elle à l'oreille sur un ton taquin.
- Bien sûr. Je te négocierai de très bons tarifs.
- Eh !

Je reçois une tape sur le bras.

- Ça ne me dérange pas d'être proxénète pour une fois, dis-je un peu trop fort.
- Ne me dis pas que tu veux prostituer ta copine Eden, déclare Natascha choquée.
- Mais non, je l'embête, je tiens trop à ma chérie.

Je prends Eden par la taille et l'attire vers moi alors qu'elle détourne la tête.

- Hmmm, tu as intérêt, dit Eden en tendant d'étouffer son sourire satisfait.

Ensuite, nous déjeunons dans un restaurant que le couple d'Emmanuel a choisi. Chaque " couple " choisit un restaurant en alternance à partir d'aujourd'hui. Ce sera à nous pour le déjeuner de demain.

On partage un Tatarak. Ce plat ressemble à un tartare de boeuf accompagné d'un oeuf et de nombreux condiments, que l'on mange avec des tranches de pain grillé. Puis nous goûtons quelques autres spécialités de la République Tchèque.

Après le repas, nous passons devant la Maison Dansante. J'ai une impression de déjà-vu... Sans doute en art plastique au collège. Puis nous longeons la rivière Vltava qui traverse Prague, surmontée par de multiples ponts magnifiques, dont le fameux Pont Charles qui est notre prochaine visite. 

Sur ces pavés envahis de touristes malheureusement, de vendeurs ambulants et de semblants d'artistes, ce n'est pas facile d'apprécier les magnifiques statues domptant le pont. On doit se séparer pour se faufiler. Nous nous donnons donc rendez-vous à l'autre bout du pont. Je vois Eden se faire interpeller par des touristes au loin. Ils miment un appareil photo, mais elle secoue la tête, avant de repartir. Étonnée de sa réaction, je la rattrape donc.

- Pourquoi as-tu refusé de les prendre en photo ?
- Détrompe-toi. Ils voulaient prendre une photo avec moi.
- Ah.

Parfois, j'ai du mal à l'admettre, mais Eden a vraiment beaucoup de charme. Si c'était vraiment ma copine, j'aurais certainement très peur de me la faire piquer, heureusement que ce n'est qu'un jeu.

- Et toi, tu veux prendre un selfie avec moi ? me demande-t-elle, le téléphone déjà en mode appareil photo.
- Non, dis-je un peu trop spontanément.
- Awh. Je suis un peu déçue...
- Bon, d'accord, mais c'est toi qui la prends. Je n'ai pas envie d'avoir une grosse tête sur la photo.
- Blblblblbl.

Le temps que je tourne la tête pour rigoler, Eden a déjà pris la photo.

- La photo te va ? me demande-t-elle.

Sur le cliché, elle regardait la caméra, pendant que je la regarde avec un grand sourire.

- Ça va, répondis-je en haussant les épaules.
- Parfait. Viens, viens. J'ai vu un dresseur de boa là-bas.
- Mais c'est dangereux, Eden...
- Mais non.
- Fais ce que tu veux, mais ne t'attends pas que je t'aspire le venin après comme dans les films.

Elle s'approche de l'attraction touristique à grands pas et finit même par caresser le serpent. Mon sang n'a fait qu'un tour lorsque le dresseur lui propose de porter son animal. Le sourire sur les lèvres d'Eden veut tout dire. Elle se tourne vers moi et me passe son téléphone pour que je la prenne en photo. Je secoue la tête.

- S'il te plaît, petite chose, j'ai trop envie.
- Hum...

Le dresseur pose le boa sur ses épaules et Eden prend la pose. Je la prends en photo malgré mon manque de volonté. Elle profite vraiment de ce moment. Puis il récupère le serpent. Elle lui donne quelques pièces et on s'en va.

- Alors c'était comment ? demandé-je d'un ton dégouté.
- Whaou. Il était tout doux, tout lisse. C'était impressionnant.
- Ouki.

On rejoint mes amis. Eden leur raconte encore toute excitée son expérience sous leur regard admiratif. Cette fille n'a vraiment peur de rien.