Chapitre III

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            Trouver une maison fut un travail bien plus fastidieux que ce que j'imaginais. Tout d'abord, nous n'avions pas les mêmes préférences dès le départ. Heureusement, nous étions d'accord sur un point, partir sur une MAISON. Il me fallait bien voir le verre à moitié plein.

Eden n'avait pas envie de quitter sa vie de bobo parisienne. Elle aimait pouvoir descendre boire un verre à n'importe quelle heure de la journée, surtout pendant les happy hours, et pouvoir rentrer à pied avec trois grammes dans le sang. Vu que c'était impensable de trouver une villa avec un grand jardin sur Paris, elle voulait rester dans la petite couronne. Pas dans le 93, l'entendis-je dire. De mon côté, je trouvais plus judicieux de prendre une maison plus aérée, moins cher au mètre carré, dans une ville francilienne un peu plus excentrée, mais qui reste bien desservie, autant en voiture qu'en transport en commun.

De plus, je voulais absolument une place de stationnement, de préférence clos, alors que ça lui était égal. Je n'avais pas envie de galérer à ma garer, après une longue journée de travail. Après avoir appris qu'une de ses amies s'est fait désosser la voiture sous sa fenêtre pendant la nuit, cela l'a fait reconsidérer mon choix sans grande surprise.

Pour la superficie, Eden n'était pas contre une maison démesurée, tandis que j'étais plus réticente par pure fainéantise. Je n'ai vraiment pas envie de passer mes week-ends à faire le ménage. Le seul argument qu'Eden a su sortir était : " On prendra un parquet de la couleur des poils du chien, comme ça, on ne voit pas que c'est sale ". Je reste encore septique. Quoiqu'il arrive, il y aura un robot aspirateur à chaque étage ( Il ne prenne pas encore les escaliers à ce que je sache ). Au pire, on est deux femmes, il y en aura bien une qui fera le ménage. #Supersexiste

Nous avions listé des pièces que l'on désirait : un salon, une grande cuisine, une salle de bain avec une baignoire, un dressing, un bureau pour Eden, deux chambres. J'insistais sur DEUX chambreS et non une chambre et une chambre d'ami. Je tenais à avoir mon propre sanctuaire, malgré une vie maritale. Chacune aurait sa chambre à son image. Cela ne voulait pas dire que nous ferons chambre à part. On sera libre de choisir dans laquelle dormir chaque soir. J'anticipais juste les moments où je serais tendue, j'aurais besoin d'être dans ma bulle et surtout d'avoir un sommeil réparateur. Eden trouvait cette idée totalement saugrenue. Elle ne comprenait pas la pertinence de ma vision inédite, mais se confortait dans l'idée que nous pourrons toujours dormir ensemble et que ce n'était qu'une chambre de plus.

Nous sommes partis sur une maison avec un très grand jardin et une place de stationnement, à moins d'une demi-heure de la capitale. Elle serait neuve dans l'idéal, mais nous ne sommes pas contre de faire quelques petits travaux.

Nous avons visité une vingtaine de biens, avant d'avoir eu un réel coup de cœur. La propriété remplissait quasiment tous nos critères, mais elle était au-dessus du prix du marché de mille euros le mètre carré. Le lieu rapprochait Eden de son travail et était à quelques kilomètres d'un hôpital. De plus, elle était située dans une ruelle assez calme, non loin du centre-ville. C'était une maison totalement rénovée, très aérée et lumineuse. Il suffisait de meubler et de poser les valises. Le propriétaire avait même aménagé un carport pour garer sa voiture et la protéger de la météo. Le seul petit hic, c'est qu'il n'y avait pas de baignoire. Moi qui rêvais de bains en amoureuses, c'était fichu. Heureusement, Eden m'a convaincu que ce n'était pas plus mal une douche à l'italienne.

Après plusieurs contre-visites, nous avons fini par craquer. Nous avons fait une offre au propriétaire qui a été acceptée. Puis, ce fut un peu compliqué pour avoir un prêt. Je gagnais assez bien ma vie avec mes remplacements, mais en étant remplaçante, je n'avais ni un CDI ni un CDD. Les banques étaient un peu réticentes à nous prêter autant d'argent. De bouche à oreille, mes collègues m'ont convaincu de prendre un courtier. En un clin d'œil, l'affaire fut bouclée et il nous a négocié un super taux.

Ensuite, meubler la maison fut l'une des parties du processus les plus amusantes pour moi. Après avoir feuilleté de nombreuses revues de décoration, j'ai pris un malin plaisir à modéliser l'intérieur de la maison sur l'ordinateur. Je me jetais sur l'ordinateur à mes heures perdues. Après avoir dompté le logiciel, je présentais à Eden un modèle différent chaque semaine. Je pensais que ma manie à faire les choses à deux cents pousse agacerait Eden, mais c'était totalement le contraire qui se produisit. Quand j'étais devant mon écran, Eden restait dans la même pièce. Tantôt elle travaillait, tantôt elle lisait, tantôt elle jouait à la guitare. Quand l'envie lui prenait, elle passait me faire des papouilles. Elle a toujours été présente pour me soutenir et m'encourager.

Nous avons gardé que quelques rares meubles de nos anciens appartements, si bien que nous avons passé beaucoup de temps dans les magasins de mobiliers. J'ai largement préféré choisir les meubles et la décoration que me débattre dans un magasin de vêtements.

Après quasiment un an après le début de nos recherches, nous emménageons enfin dans notre nouveau bien.

With(out) Feeling [ Tome 1 & 2 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant