La guerre des clans - Tome III

Chapitre 17 : Seuls contre le reste du monde

Je suis assise devant la nouvelle venue. Elle a fini par se détendre. Son visage est toujours inquiet par ailleurs. Rosita arrive, accompagnée de Jesus.

_ C'est elle ? Demande Rosita.

Nous confirmons d'un signe de tête. Rosita s'assoit à côté de moi.

_ Elle ne parle que espagnol ?

_ Oui. Pas un mot d'anglais.

_ Je peux vous traduire alors. Enfin l'essentiel.

_ Tu nous sauve Rosita.

_ Je sais.

Elle regarde la jeune espagnole qui la fixe aussi.

_ ¿ Como te llamas ? Questionne Rosita.

_ Me llamo Melinda, répond la fille sans hésiter.

Rosita se tourne vers moi. Elle me dit que l'espagnole s'appelle Melinda. J'acquiesce. Notre traductrice regarde de nouveau Melinda puis interroge :

_ ¿Cuántos guardabosques mataste?

_ Rangers? Oh sí, ¿quieres decir errantes? Varios cientos, creo.

Jesus et moi les regardons avec étonnement.

_ Elle a dit qu'elle avait tué plusieurs centaines de rôdeurs, traduit Rosita.

J'hoche la tête.

_ ¿Y cuantos humanos?

_ Trece o catorce, dit Melinda.

_ ¿Por qué ?

_ ¿Está mal querer proteger a tu
grupo?

_ Claro que no.

Rosita soupire. Elle nous résume sa conversation. Melinda a tué treize ou quatorze humains pour protéger son groupe. J'hoche la tête. Je me lève et vais dehors. Jesus me rejoint.

_ On en fait quoi d'elle ? Me demande-t-il.

_ Tu me demandes ça comme si j'étais le chef. C'est pas à moi d'en décider.

Je m'éloigne. Aidan vient à ma rencontre. Il est souriant. Pourquoi ça d'ailleurs ? Je le fixe, les mains dans les poches. L'étonnement doit se lire sur mon visage car il s'explique :

- Ça te dit une balade en forêt ?

J'hausse un sourcil. Il a fumé ou quoi ? Dans la forêt ? Avec les rôdeurs ? Charmant... C'est sûr que ça donne envie. Mais Aidan a l'air si enthousiaste que j'ai pas envie de le blesser.

- Bien sûr. C'est ce qui te fait sourire ?

- Évidemment ! Tu crois quoi ?

- Faut peut-être que j'en parle...

- Daryl est au courant. Rick aussi.

Je suis surprise. Aidan a vraiment tout planifié dans les moindres détails. Il me tend une main. Je glisse ma main dans la sienne. Mes mains sont couvertes de petites cicatrices. Tant mieux. Si un jour, tout ça fini,ce sera une preuve que j'ai survécu. Nous nous dirigeons vers le portail. On nous laisse sortir après avoir vérifié qu'on était armés. Puis, à partir de là, nous avons carte blanche. Personne pour me coller aux basques. Aidan m'emmène je ne sais où. Mais je lui fais confiance.

Nous marchons assez longtemps. Je me demande même si Aidan voulait pas s'enfuir avec moi. Mais il s'arrête à côté d'une rivière. Nous nous asseyons au bord.

- Comment tu connais cet endroit ? Demande-je en le regardant.

- On l'a découvert en expédition.

- "On" ?

- Tara, moi et Daryl.

J'hoche la tête et regarde l'eau dériver lentement. Ne dit-on pas que la vie est un long fleuve tranquille ? Dans notre cas, ce sont des rapides. Et la cascade est pas loin devant nous. Mais on s'évertue à ramer de l'autre sens pour s'en éloigner.

- Tu sais Angelica, je tenais vraiment à être seul avec toi, dit Aidan en pressant légèrement mes doigts.

- Une raison particulière ?

- Ça fait longtemps qu'on s'est pas retrouvé tous les deux. Et que j'avais pas fait ça.

Il s'approche de moi et pose ses lèvres sur les miennes. Je ferme les yeux, appréciant cette sensation. À ce moment, je ne peux m'empêcher de penser à Will. Mais j'ai pas le droit. Plus maintenant. Aidan se détache légèrement de moi. Je colle mon front au sien.

- Je peux pas faire ça en public et tu le sais, rigole Aidan.

- À cause de Daryl ?

- Ouais. J'ai pas envie de me faire tuer.

- Je vois pas pourquoi il te tuerait pour si peu.

Aidan rit doucement. Il effleure ma joue.

- Parce qu'il a quand même eu l'extrême amabilité de me laisser en partie sa chère fille chérie.

Je soupire en levant les yeux au ciel. Une mèche de cheveux me tombe dans les yeux. J'allais attacher mes cheveux mais Aidan me retient. Je fronce les sourcils.

- Quoi ? Interroge-je.

- J'aime bien quand t'as les cheveux détachés.

- Ouais mais c'est pas toi qui les portes.

Aidan m'embrasse sur la joue. Je souris et noue mes cheveux en tresse. Aidan s'allonge, en mettant ses mains sous sa tête puis il ferme les yeux. J'observe son visage paisible. Il ouvre un œil.

- Ça va toi en ce moment ? Me demande-t-il.

Il prend délicatement ma main. Je baisse les yeux.

- Il n'y a rien qui va Aidan.

- Tu devrais aller voir Alden.

- Pourquoi ça ?

- Je suis sûr qu'il peut remonter le moral de n'importe qui. C'est un type bien.

Je ramène mes jambes contre moi.

- Certes mais je ne vois pas ce qu'Alden vient faire dans la conversation. Même si je l'aime bien.

- Eh bien...

Il est interrompu par un bruit de feuille. Je sors mon couteau. C'est sûrement un simple rôdeur. Je me lève rapidement. Les fourrés sont drôlement agités. Aidan se lève aussi en sortant son revolver. Nous échangeons un regard.

- Qui est là ? Lance-je.

Si c'est un rôdeur, il ne me reprendra pas techniquement. Une petite voix s'élève :

- Ne tirez pas s'il vous plaît...

Une jeune femme sort des buissons. Elle a des cheveux blonds platine et coupés au carré. Son visage est assez poussiéreux. Elle lève les mains en l'air. Je vois deux flingues à sa ceinture. Je m'avance et les prends rapidement puis la fouille de haut en bas. Aidan la tient toujours en joue.

- T'es seule ? Questionne-je en regardant autour de moi.

- Oui. Il n'y a que moi, répond-elle.

- C'est quoi ton nom ?

Aidan intervient :

- Doucement Angie...

C'est vrai que je suis plutôt sèche. Mais peu importe. Je me retourne vers lui.

- Non, on ne peut pas se le permettre.

Je regarde de nouveau l'inconnue.

- On t'embarque. Et Maggie décidera de ton sort.

- C'est vraiment une bonne idée ? Lance Aidan.

- T'en fais pas.

Je fais avancer la jeune femme. Elle ne dit rien. Elle est trop docile. Soudain elle se retourne et prend le canon de mon revolver. Je tombe à terre. Aidan la vise mais le canon d'un pistolet se pose sur sa nuque. Il frémit légèrement.

- Maintenant c'est moi qui vais décider de votre sort à tous les deux, dit la jeune femme. À genoux pour commencer.