Chapitre 18 : S'accrocher à ce que l'on a

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Nous nous mettons à genoux. La jeune femme pointe le canon de mon propre flingue sur ma tempe. Je regarde droit devant moi. Aidan est tenu en joue par une femme brune. Elle est très jolie, malgré la boue et la poussière sur son visage. La blonde s'accroupit devant moi.

- C'est quoi ton nom ? Demande-t-elle.

Je me crispe. Mes muscles sont tendus au maximum.

- Angelica, répond-je.

- Et ton petit copain ? Intervient la brune.

- Aidan. Vous allez nous faire quoi ? Comment vous vous appelez ?

La brune échange un regard avec sa compagne. Elles ont l'air indécises. Elles vont nous tuer ? Aidan essaye de prendre ma main mais nous sommes trop loin l'un de l'autre. Il me murmure un "ça va aller". J'ai envie de le croire mais ces femmes semblent déterminées. Elles ont terminées leur échange silencieux puis reportent leur attention sur nous.

- Vous allez venir avec nous, déclare la blonde.

Elle me relève.

- Au fait, ajoute-t-elle, moi c'est Eliza. Et elle, c'est Tess.

Elle désigne la brune. J'hoche la tête. Tess soupire en levant les yeux au ciel en maintenant Aidan par sa chemise. Ce dernier est plutôt coopératif. Il ne veut sûrement pas aggraver la situation. Je tente de l'imiter. Son sang-froid est impressionnant. Il est vraiment tout le contraire de moi. « Mais semblable à Will » me rappelle mon subconscient. Je pince les lèvres et me force, ou plutôt Eliza, à avancer.

Nous marchons jusqu'au coucher du soleil. Nous n'avons pas parlé une seule fois. Ma langue est sèche et râpeuse. J'ai terriblement soif. Ma gorge me brûle. Mes pieds n'en peuvent plus aussi.

- On est bientôt arrivés ? Questionne-je.

Je suis surprise d'entendre ma voix rauque.

- Encore deux heures, répond platement Eliza.

Tess n'a pas lâchée une seule parole. Puis elle s'arrête. Eliza aussi.

- On devrait s'arrêter, lance la brune. On sera vulnérable de nuit et j'ai pas envie de me faire choper par les détraqués.

- T'as raison, approuve Eliza. On essaye de trouver un abri et on repart demain matin.

Elle me fait de nouveau avancer. Je traîne des pieds. Puis je commence à faiblir. Mes genoux cognent le sol. Eliza m'ordonne de me relever. Mais mes forces m'ont quittés. Totalement. Aidan me fixe.

- Arrêtez de la forcer, dit-il. Elle n'en peut plus.

- Toi la ferme, ordonne sèchement Tess. Elle sera obligée de se relever.

Elle se trompe. J'ai plus rien. Mes yeux veulent se fermer. Je veux juste dormir. C'est tout. Qu'on me laisse en paix aussi.

- Tess... soupire Eliza, le gamin a raison. Elle ne supportera pas un mètre de plus.

Je la remercie intérieurement. La seule fois où elle m'a été vraiment utile. Comme nous sommes au milieu de la forêt, Eliza décide de faire le campement ici. Je reste assise par terre. Tess autorise Aidan à venir près de moi. Il fait presque noir. Aidan passe un bras autour de mes épaules.

- Tu te sens mieux ? Me demande-t-il avec inquiétude.

J'enfouis mon visage dans son cou. Il caresse mes cheveux délicatement. Je respire son odeur discrète de cannelle et de sauge. Il passe son bras autour de ma taille.

- On va s'en sortir, me murmure-t-il doucement.

J'hoche la tête.

Il fait complètement nuit. Eliza et Tess ne nous ont pas adressées la parole. Mais on a un peu mangés. Eliza nous surveille de loin. Je suis allongée sur le torse d'Aidan. Sa main gauche est fourragée dans mes cheveux. Je ferme les yeux. Je frissonne un peu. L'air est frais.

- T'as froid ? Me demande-t-il en commençant à retirer sa veste.

- Non non ça va, dis-je précipitamment.

Il me tend sa veste. Je lui rends. Ce manège semble durer indéfiniment. D'un coup, il met la veste sur mes épaules et me serre contre lui.

- Comme ça tu peux pas l'enlever, lance-t-il.

Il tient mon menton entre ses doigts. Il allait m'embrasser sur les lèvres mais change de direction et passe sur mon cou. Je frissonne légèrement. Soudain nous entendons un sifflement. Aidan me plaque au sol. Une lance en bois se plante près de nous. Eliza et Tess se réveillent en sursaut.

- Merde ! Jure Eliza en se levant. Bougez vous deux !

Elle s'adresse à nous. Je me lève et Aidan me prend par la main. Tess prend son épée en regardant autour d'elle. Une lance se plante dans sa jambe. Je tente de me précipiter vers elle mais Aidan me retient.

- Laisse la ! S'écrie-t-il. On doit sauver notre peau !

Il me tire et je suis forcée de le suivre. Nous courons dans la forêt. Le soleil se lève lentement. Je saute par-dessus les racines dans le sol. Des bruits de course m'alertent. Je me retourne et vois un homme nous courser. J'ai pas vraiment le temps de le détailler car Aidan me tire dans une autre direction. Mon pied glisse un peu. Je me rattrape de justesse.

- On va où ?! Lance-je à Aidan.

- Aucune idée !

- C'est rassurant de savoir que tu sais ce que tu fais.

Aidan ne répond pas. Nous nous arrêtons, essoufflés. L'homme n'est plus là. C'est mauvais signe ça. Il peut être n'importe où et même avoir des potes. J'avance mon pied et le sol se dérobe. Aidan attrape mon bras en se mettant à genoux. Des piques orientent leur bout pointus vers moi. Je m'accroche au bras d'Aidan.

- Me lâche pas Aidan ! Panique-je.

- Je te promets que non ! Si tu tombes je tombe avec toi !

Je plante mon regard dans le sien.

- Je t'aime Aidan, dis-je.

Il me tient toujours mais arrête de me tirer. Ses yeux bleus restent rivés dans les miens. C'est vrai que je lui ai jamais dis comme ça. Avec autant de sincérité. Il me tire d'un coup et je remonte. Ses bras encerclent ma taille. Nous sommes assis par terre, moi dans ses bras. Il me regarde comme s'il me redécouvrait. Sa main gauche effleure ma joue.

- Moi aussi je t'aime Angelica. On avait dit quoi ?

Il prend ma main en entremêlant nos doigts.

- À la vie à la mort, murmure-je.

La guerre des clans - Tome IIIWhere stories live. Discover now