Introduction

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Qui travaille avec des adolescents de nos jours ne peut plus faire l'économie de s'intéresser à leurs usages numériques. Le numérique fait partie de leur vie encore plus que de celle des adultes. Cependant, il ne faut pas se leurrer, ce n'est pas parce qu'ils sont nés avec un smartphone entre les mains que ce sont des utilisateurs chevronnés. Ce constat en appelle un autre : ce n'est pas parce que l'on est soi même un utilisateur de nouvelles technologies que l'on est en mesure de comprendre les usages des adolescents. En fait, s'intéresser à la question du numérique implique de faire sans cesse des allers-retours entre plusieurs disciplines : les sciences de l'information et la communication d'abord, afin de comprendre les écosystèmes dans lesquels les internautes évoluent ; La sociologie et l'anthropologie ensuite, afin de comprendre comment des individus connectés en réseaux font société ; et pour finir la psychologie afin de cerner l'influence de ces nouveaux usages sur la cognition et la personnalité. Au final, la question centrale que l'on retrouve à l'intersection de ces trois disciplines n'est autre que celle de l'identité. Autrement dit, il faut comprendre comment ces dispositifs sociotechniques participent à la manière dont nous pensons, nous nous présentons aux autres, et nous nous racontons en ligne. Mais aussi comment l'individu se nourrit de ce que les autres livrent d'eux-mêmes ou lui renvoient de lui. Ces aspects de l'identité sont particulièrement importants lorsque l'on travaille avec des individus en construction, car pour eux, le numérique est avant tout un terrain d'expérimentation, de découverte de soi, des autres et du monde. Cette compréhension est indispensable, car mon expérience de médiateur numérique m'a montré que de trop nombreux professionnels se représentent le numérique comme un danger. Loin de moi, cependant, l'idée de verser dans l'angélisme. Le numérique présente des risques, mais pour les plus fragiles seulement. Aussi si la sensibilisation et la prévention sont parfois nécessaires, c'est avant tout d'éducation aux médias et à l'information dont il est question. Il ne sera jamais dangereux de découvrir, d'apprendre, de faire et de s'amuser. C'est d'ailleurs chaudement recommandé si l'on veut que le numérique cesse d'être considéré comme un croquemitaine et qu'il devienne ce qu'il est : une évolution culturelle.

Numérique & adolescenceWhere stories live. Discover now