Juste un battement de cœur : Le Voyageur

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Les Univers sur lesquels nous écrivons se sont éloignés des Univers d'origines : Pas de Spoil, sauf indications contraires.



Tout était calme. Pas un bruit ne perturbait le silence de la nuit. Pas de vent pour faire bouger les feuilles d'arbres. Pas d'animaux pour courir, gémir, souffler, ou dieu seul savait quoi. Pas d'humain pour profiter de cette situation unique. Rien. Pas un souffle, pas un mouvement. Juste le Silence. Le Silence, et l'éternité.


" Ne me laisse pas ! "


Le cri d'un cœur qui reste en arrière. Un soir, c'est une voix de jeune femme qui l'empêche de trouver le sommeil. Un autre, c'est celle d'un vieil homme. Celui d'avant, celle d'une femme mûre. Et avant ça, celle d'un petit garçon.


Ce cri du cœur, il l'entend toutes les nuits. Mais jamais, jamais la voix n'est la même. Et chaque nuit, il regrette. Il regrette de ne pas les avoir gardés avec lui. De les avoir laissés. Il regrette, puis il se souvient. Il l'avait gardé, et il avait tout perdu.


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" Courrez ! " Il s'exclama en attrapant la main de la jeune femme, et en l'entraînant derrière lui.


" Rappelez-moi pourquoi nous courrons tout le temps ? " Répondit la jeune femme en le suivant sans hésitation.


" Parce que nous sommes en retard, très chère ! Alors nous courons pour rattraper le temps perdu ! " La réponse vint sans la moindre hésitation, faisant rire sa compagne.


" En retard ? Le comble pour un Voyageur Temporel. Pourquoi courons-nous ? " Elle demanda alors plus sérieusement, après son éclat de rire.


Aucune réponse ne vint cette fois-ci. Seul son partenaire qui ralentit sa course avant de finalement s'arrêter pour lui faire face. Elle put ainsi observer une nouvelle fois l'homme avec qui elle voyageait depuis des mois... Des années peut-être même. Un physique commun, mais des yeux tellement, tellement vieux... Des yeux qui l'observait comme si elle était tout son monde. Et peut-être était-ce le cas.


"Nous courons." Il reprit d'une voix douce, tendre et nostalgique. "Nous courons car le temps va trop vite. Nous courons car le temps n'attend pas. Il s'écoule, et il t'éloigne de moi. Et si nous ne courons pas, alors tu partiras."


~ Alors tu partiras. ~ Elle avait entendu ses mots tant de fois déjà. "Je vous ai promis de ne pas vous laisser. Je tiendrais ma promesse."


Encore une fois, il lui accorda un sourire moqueur, comme si c'était une promesse d'enfants. Et, encore une fois, il ne lui laissa pas le temps de s'en plaindre, parce qu'une fois encore, ils courraient après le temps.


Ils ont couru longtemps. Des mois. Peut-être des années. Mais surtout, une vie. Ils ont couru une vie entière après le temps, sans jamais le rattraper. Mais eux furent rattrapés par la réalité. Elle avait une vie dehors. Elle avait une vie ou lui n'avait pas sa place. Ou courir n'avait pas sa place. Une vie qu'elle avait fini par rejoindre l'abandonnant finalement.


Il n'avait pas compris immédiatement qu'il avait tout perdu. Non, il lui avait fallu du temps. Quelques années pour elle, des centaines pour lui. Il lui avait fallu attendre cet appel.


Il était tranquillement installé dans un hamac, dans une forêt tellement mystique qu'elle semblait sortie tout droit d'un film, un livre contre les jambes, et une tasse dans la main. Le soleil passait paresseusement les feuillages, offrant une lumière limité mais qui suffisait pour l'homme à lire.


Rien ne semblait pouvoir interrompre la tranquillité du lieu. Et pourtant, une sonnerie improbable retentit au loin, tirant un soupire d'agacement à l'homme qui se laissa glisser de son perchoir, y abandonnant son livre et sa tasse, alors qu'il marchait vers le centre du bois.


Il surgit finalement dans une zone particulièrement improbable, ou des panels de commandes incruster dans les arbres attendaient sagement d'être utilisé. Et, sur l'un d'entre eux, un objet, semblant être un téléphone futuriste, sonnait paisiblement, loin de savoir les problèmes qu'il allait apporter.


L'homme attrapa distraitement l'appareil, et le porta à son oreille.


"Oui ?"


"Je m'adresse bien au Voyageur... ?" demanda la voix d'une jeune femme qu'il ne reconnut pas.


"Effectivement, c'est moi. A qui ai-je l'honneur ?"il demanda curieusement.


"Je suis Maria, la fille de Chayla... Ma mère est décédée, et vous faites partis des gens à prévenir..."


La réponse laissa le pauvre homme sans voix. Il ne s'attendait à cette nouvelle. Il remercia la jeune fille d'une voix sans timbre, et raccrocha. Chayla était morte....


Elle était morte. Il s'était tellement attaché à elle, et finalement, elle était partie, elle ne serait plus jamais là...


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Mais si encore elle avait été la seule.... Mais non. Il avait vu passer à ses côtés des centaines de personnes. Toutes différentes. Qui était resté plus ou moins longtemps à ses côtés. Quelques minutes comme des années. Mais il les avait tous profondément aimer. Parce que, comme beaucoup d'immortel, il s'attachait vite. Trop vite.


"Voyageur ?" La voix d'un homme, son compagnon de voyage, le tira de ses sombres pensés, et il lui adressa un faible sourire, pas vraiment là.


Il reçut un gentil sourire en réponse, ainsi qu'une question.


"Alors, où allons-nous aujourd'hui ?"


"Ou tu veux, Luci', ou tu veux."


Parce qu'il s'était encore attaché. Il n'avait pas fallu grand-chose. Des yeux qui se croisent, une simple salutation. Et comme toujours, il n'avait suffi que d'un battement de cœur.


~ Le Voyageur


Leelanders

Living For EternityWhere stories live. Discover now