Service à l'adversaire - 1

1.6K 131 2
                                    


« Hum, » dis-je d'une voix sévère en agitant ma main devant son visage.

L'héritage des Borgia était fermement accroché à mon annulaire et il ne servait à rien de tirer pour le déloger.

« Pas la peine d'être si dure. Je veux dire, n'importe qui avec seulement la moitié d'un œil se rendrait compte à quel point cette bague est fabuleuse à ta main. Tu as des mains magnifiques. C'est la première chose que j'ai remarquée chez toi.

— Pas mes affreuses dents de Moldue ? C'est ça dont je me rappelle. »

J'eus une moue agacée et agitai à nouveau ma main.

« Oh non. Elle fait la moue, dit-il avec une voix faussement horrifiée. Les maléfices ne vont pas tarder à voler, murmura-t-il à mon oreille.

— Drago !

— La fumée te sort par les oreilles, si ça continue tu vas réduire tes fringues en cendres, jusqu'à ta petite culotte. Je parie que c'est un de ces trucs en coton blanc, parfaitement virginal qui sur n'importe qui d'autre serait un véritable tue-l'amour mais sur toi est à coup sûr mortellement sexy. Oh, les sourcils froncés. Maintenant je suis vraiment en difficulté. Juste pour le déjeuner. S'il te plaît. Promis. Je veux dire, tu es ma femme...

— Je ne suis pas ta... »

Il fit un geste de la main pour annuler mon objection.

« Bien sûr que si, tu l'es. »

Voyant l'expression sur mon visage, il fit aussitôt marche arrière.

« Ici. À midi. Seulement les vendredis. Pour une heure. Et franchement, je préférerais m'enfoncer une fourchette dans l'œil que de considérer l'idée que, perdu dans les affres de la passion, je t'aurais acheté des bagues aussi plébéiennes, le summum du terne. C'est insultant.

— Ron n'a absolument pas...

— S'il te plaît, ne me fait pas le détail de ses comptes. Oui, je suis certain que quand il t'a acheté ces ronds de métal qui me font mal aux yeux il ne pouvait pas aligner deux Gallions. Ce n'est certainement plus le cas maintenant et pourtant il n'a toujours pas arrangé l'allure de ces choses que tu appelles bague de fiançailles et alliance.

— Il se moque de ce genre de choses, dis-je d'un ton guindé. »

Notre vingtième anniversaire de mariage était venu et passé avec seulement une douzaine de roses pour marquer l'évènement. J'avais essayé, sans succès, d'ignorer la magnifique bague dont Harry avait fait la surprise à Ginny pour leur vingtième anniversaire (qui se trouvait être le même jour que le nôtre – ça avait été un double mariage – même notre mariage n'était pas personnel). Ginny et moi avions marqué le coup en économisant pour leur payer trois jours dans un hôtel ridiculement cher à San Diego pour qu'ils puissent se dorer sur la plage à la fin de leur conférence d'Aurors.

Ce n'était pas que je voulais une nouvelle bague parce que je n'en voulais pas. Enfin, je n'aurais pas refusé de la porter. Mais j'aurais apprécié un symbole tangible des deux décennies que nous avions passées ensemble, quelque chose qui n'aurait pas fini à la corbeille une semaine plus tard. Et puis je ne pouvais pas m'empêcher de penser que les roses n'étaient qu'un « rattrapage ». Que je n'aurais rien eu d'autre qu'un bisou sur la joue si Ginny et Harry ne lui avait pas rappelé de faire quelque chose. Quoi qu'il en ait été, je me retrouvais à prendre sa défense.

« Ron se fiche des apparences, et son idée de l'art c'est un Souaffle lancé à pleine vitesse. Ce n'est pas grave.

— Si, ça l'est, me coupa-t-il. Ça me fout en rogne. Ça va de pair avec le fait qu'il se moque que tu travailles pendant vos vacances et qu'il te laisse te transformer en une ménagère de moins de cinquante ans grognon sans même un soupir de protestation. Je t'en prie, je ne veux pas parler de lui. Il m'agace terriblement. »

Je détestais quand Drago s'en prenait à Ron parce que quatre-vingt-dix pourcents du temps, ce n'est pas qu'il avait raison, mais il n'avait pas complètement tort.

« Et voilà, je t'ai blessée. Très bien, je gardais ça pour plus tard, mais je vois bien que je vais devoir m'en servir maintenant ou bien tu vas faire la tête tout le repas. Je ne pourrais pas supporter cela après avoir déjeuné tout seul pendant des semaines. Il fait un boulot génial, à ma grande surprise.

— Drago !

— Et voilà que tu me grondes à nouveau. Parfait. Bien sûr, je savais qu'il serait bon, mais il a surpassé toutes mes attentes et fait taire tous les critiques qui auraient osé murmurer le mot 'népotisme'. »

Il me jeta un regard. Que j'ignorai.

« Pas pour dire que j'avais raison ou quoi que ce soit. Enfin, le fait est que Jenkins a laissé le bureau dans un bordel innommable. Ton mari est en train de passer un balai métaphorique là-dedans, et en plus de remettre les choses en ordre, il a découvert quelques, comment dire, irrégularités fiscales. »

Voilà qui expliquait le commentaire de Ron sur Jenkins comme quoi « si jamais je me retrouve à mettre la main sur cet enfoiré, je lui écrase son sale petit museau. »

« Mais il travaille pour la Gazette, maintenant. Tu n'as pas peur qu'il...

— Me vole ? Seulement s'il est complètement idiot. Heureusement, son job consiste principalement à serrer des mains et payer des pintes. Ce à quoi il est très bon. J'ai eu une petite conversation avec lui. S'il veut garder sa bite à sa place originale, plutôt que de l'avoir qui lui pousse dans l'oreille droite, il tiendra le compte de la moindre Mornille qui lui passe entre les mains. Cette petite révélation m'a poussé à embaucher un assistant pour lui, dont le boulot consiste à le surveiller et à tenir ses dossiers en ordre. Pansy se ferait une jarretière avec mes boyaux si la Gazette se retrouvait roulée dans la farine. »

La femme du politicien - DramioneWhere stories live. Discover now