Supplique d'Armorique

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Ô Sainte Anne, patronne de mon beau pays,
Vous qui veillez vos petits-enfants indociles,
Ayez pitié de notre époque où sont bannis
      La Bible et les saints Évangiles.
Voyez leurs nuques roides et leur cœurs desséchés,
      Voyez aussi leurs yeux bandés
      Par leurs injures envers les prêtres.
Intercédez, je vous en prie, auprès de Dieu,
Pour que les hommes d'aujourd'hui voient le grand feu
      Qui toujours armaient leurs ancêtres.

Alors d'un puissant souffle, les cors résonneront,
Frappant les limbes jusqu'aux confins de la Terre.
Tous se lèveront, s'indignant de l'affront !
      Dans le bruit d'un coup de tonnerre.
Ami lecteur, écoutez les voix du passé,
      Laissez percer l'éclair doré
      Parmi les consciences assombries.
Faites taire le bruit du monde autour de vous,
Et sentez l'air éternel des anciens binious
      Soigner vos âmes si meurtries.

Des tombeaux lointains perdus dans le sable blanc,
Des sépulcres séculaires en terre étrangère,
Levez-vous ombres meurtries du glorieux Levant,
      Cavaliers partis en guerre !
Sur vos tuniques, votre vœu cousu noir,
      Rappelle l'incroyable espoir
      De la chevalerie bretonne.
Vaillants preux, vous sauvâtes la fille de Sion,
Guérirez-vous donc notre civilisation
      Que ses descendants abandonnent ?

Des abysses sans fond, fief de Poséidon,
Levez-vous marins des mers septentrionales !
Parlez-nous des flots et de la navigation,
     De vos voyages et des étales.
Parlez-nous de votre amour où se mêle ainsi
     La fascination d'infini,
     Et l'éclat de notre faiblesse.
Car vous compreniez déjà que l'humanité,
Ne devrait jamais oublier l'humilité
      Face à la nature maitresse.

Des landes disparues, des forêts au bois mat,
Sous le couvert des calvaires de nos villages,
Réveillez-vous pieux paysans de l'Argoat,
      Et venez enseignez aux sages.
Réveillez-vous mânes des soldats du Seigneur,
      Terreur de l'intrus, du jureur,
      De l'assassin en uniforme.
Apportez le cœur que vous portiez fièrement,
Faites le triompher de Clisson jusqu'à Ouessant
      Contre ce monde de réforme.

Enfin, surgissant des temps moins contemporains,
Parmi les profondes bruyères ou la montagne,
Venez sous la bruine bénie, vous les sept saints,
      Les fondateurs de la Bretagne.
Venez Saint Pol-Aurélien, Malo et Brieuc
      Renouveler votre beau vœu,
      Et jugez de vos héritages.
Venez Saint Corentin, Saint Samson, Saint Tugdual
Saint Patern et intercédez contre le mal
      Jusqu'à l'achèvement des âges.

Et j'entendis le murmure des MusesWhere stories live. Discover now