Chapitre 5 : Le mur des fusillés.

6 0 0
                                    


Le mur des fusillés


Un bruit sourd me réveille en sursaut. Je me redresse d'un bond dans mon lit et tends discrètement l'oreille. Deux voix chuchotent dans le salon. Je reconnais rapidement la voix de Elias et cela me rassure. Mais je ne connais pas la voix du deuxième homme présent. Ils semblent se disputer mais je n'arrive pas à comprendre le sujet de leur conversation. Lentement, je quitte le lit et jette un regard à mon reflet dans le miroir. Je suis toujours vêtue de mon pantalon en toile noire et de mon top bordeaux en dentelle que j'avais choisi la veille. Mes cheveux sont en bataille et j'ai l'air fatiguée. D'ailleurs, je le suis. Tout mon corps est courbaturé à cause de ma première journée intensive à l'hôpital de la ville.

Les voix résonnent toujours dans la pièce d'à côté et le ton monte. Je me recoiffe rapidement puis ouvre discrètement la porte de la chambre. Elias me repère immédiatement et son regard se pose sur moi. D'un geste, il fait taire l'homme qui lui fait face. Surpris, ce dernier se retourne et je découvre un homme d'une cinquantaine d'années avec des cheveux poivre et sel, une légère barbe blanche et des yeux bleus perçants. Je reste figée sur le pas de la porte et examine cet homme sans aucune discrétion. Lui aussi m'observe avec curiosité et dans un silence pesant. Finalement, Elias me rejoint et me bloque la vue de son corps sur cet étranger qui se trouve dans mon salon.

- Retourne dans la chambre, Ange. » M'ordonne-t-il d'une voix neutre mais autoritaire.

- Pardon ? » Je le questionne, surprise.

- Tu ne me présentes pas ta fiancé, Elias ? » Fait remarquer l'homme dans son dos d'un air amusé.

- Non. » Se contente de répondre Elias tout en me poussant dans la chambre.

- Elias, ne recommence pas ... » Je le supplie malgré moi alors qu'il s'apprête à refermer la porte sur moi.

- On en a déjà parlé, Ange. » Me rappelle-t-il seulement avant de me claquer la porte au nez.

- On peut dire qu'elle est obéissante ! » Se moque l'étranger tout en ricanant.

- Ne parle pas d'elle. » Le coupe rapidement Elias d'une voix froide.

- Tu ne vas pas t'attacher à cette fille, Elias ?! C'est une mauvaise idée, tu ne peux pas te le permettre et tu le sais ! » Lui rappelle plus sérieusement son ami.

- Comme tu dis, je le sais, alors ce n'est pas la peine d'en parler. On finira notre conversation ce soir. Tu connais la sortie. » Lâche Elias d'une voix mauvaise.

Un long silence s'installe dans le salon et je colle davantage mon oreille contre la porte, de peur de louper un bout de la conversation. L'étranger soupire mais je ne l'entends pas se déplacer jusqu'à la sortie.

- Elias, elle est mignonne, je te l'accorde. Mais tu ne dois pas la laisser te détourner de notre but. » Reprend finalement son ami à voix basse.

- Je ne parlerai pas de ça avec toi, George. Ne viens plus quand elle est là. » Termine Elias tout en se déplaçant. Je l'entends ouvrir la porte d'entrée et de nouveaux bruits de pas.

- Notre gouvernement l'a sacrifiée. Tu ne peux pas la protéger. Laisse tomber Elias. Ne te préoccupe pas d'elle » Insiste tout de même l'étranger.

J'attends quelques secondes mais Elias ne répond rien. Finalement, j'entends l'étranger quitter notre appartement et Elias refermer la porte derrière lui. J'hésite quelques instants puis me décide enfin à quitter la chambre. Elias est toujours dans l'entrée. Il reste silencieux et évite mon regard. J'ai terriblement envie de m'énerver contre lui, de lui demander des explications. Mais je sais qu'il ne me répondra pas, comme d'habitude. Alors je décide de l'ignorer et quitte la salle de vie pour m'enfermer dans la salle de bain. Je me lave rapidement, change de vêtements, attache mes cheveux puis jette un coup d'œil à l'heure. Il est sept heures. Je suis légèrement en avance mais je n'ai aucune envie de rester ici. Je décide donc de partir un peu plus tôt et de prendre mon temps pour réaliser le trajet à pieds qui me sépare de l'hôpital.

La révolution de l'AngeWhere stories live. Discover now