Chapitre 34

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Duncan souleva le rideau noir et jeta un coup d'œil à le rue juxtaposant l'endroit où ils se trouvaient : froide, comme toujours, balayée par les vents d'automne qui paraissaient d'hiver, soulevant çà et là des déchets et des brides de lumières distillées par l'imposant mur de brume. Il y avait, ce jour là, un mendiant, croupissant dans le froid, pataugeant dans la boue comme l'un de ces pauvres hères qu'on abandonne les soirs de tempête à leur triste sort : le nez rougi autant par la morsure de la nuit que par l'alcool qu'il avait dû boire, il semblait s'éteindre peu à peu, les rares couleurs composant son visage disparaissant au fil des minutes, alors que se fermaient ses yeux.

Le jeune homme renifla en refermant le rideau, replongeant la salle dans la semi-obscurité idéale pour cet... « entretien », qui devait se dérouler loin des regards indiscret. Se faisant, il haussa les yeux au ciel en se tournant vers la masse sombre qui, de l'autre côté de la table habillant la pièce, tapait du pied :

— Dis moi, Bailaim, tu n'aurais pas posté des hommes autour de cet endroit, par hasard ?

Le Baron de Velka grogna en passant la main sur la terrifiante balafre qui le défigurait et, d'un ton arrogant, rétorqua :

— Je me ridiculise déjà en venant ici, pas besoin que mes hommes le voient ! Bon, qu'est-ce qu'ils font ? Nous étions censés nous retrouver ici à neuf heure ! Fulminait-il, accélérant sans même sans rendre compte le bruit de ses pas sur le sol.

— Patience, ils ne devraient plus tarder. Et puis, honnêtement, est-ce que tu as mieux à faire de ta journée ?

— Tu plaisantes ? Tout serait mieux ! Quelle déchéance, moi, le Baron, obligé d'attendre une religieuse, une relique et un gamin ! Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai envie de serrer mes mains autour de ta gorge !

Duncan afficha un air lassé et détourna le regard, laissant le maître de la Croisée à sa colère qu'il continuait de déverser bien que personne ne l'écoute, jetant un coup d'œil aux plans qu'il avait concocté des nuits durant, nuits qui allaient enfin payer. Il suffisait d'attendre que les autres Barons de la pègre daignent arriver et, en son fort intérieur, il craignait que l'un d'entre eux ne réponde pas à l'appelle. Quand lui et Alexius avaient été trouvés, le jour précédent, Caequé Atidor, ils avaient eu du mal à la reconnaître : les cheveux en bataille et le regard fou, ils eurent dit qu'elle allait leur sauter à la gorge comme une bête qu'on ne peut résonner, bloqué devant les ruines de l'église qui était la sienne.

L'Ordéannie de Velka avait été profondément marquée par les événements récents : l'acte incendiaire du Corbeau résonnait encore dans les têtes des fidèles, parfois plus marquées que leur lieu de culte. Ils avaient donc longuement discuté avec l'ordéanne qui avait fini par reprendre ses esprits ainsi que cette dignité la caractérisant. Il espérait avoir été assez persuasif, quand il lui a proposé une nouvelle fois de les aider. Elle leur avait dit qu'elle y réfléchirait et que si elle acceptait, elle les rejoindrait ici, dans cet endroit si éloigné à l'opposé du quartier des plaisirs, à l'extrémité de la ville.

Il fut tiré de ses pensées par la porte de l'endroit qu'on ouvrit doucement. Le jeune homme se leva aussitôt, s'approchant de cette dernière pour aider Kolinguer, qui peinait à la maintenir ouverte. Le bandit remercia son compagnon d'un signe de tête, tourna les talons et vint retrouver sa place à l'arrière du fauteuil de Papi Mousse qui sourit à Duncan, le saluant en baissant son tricorne :

— Bien le bonjour, jeune homme ! Tu dois être Duncan ? demanda-t-il en lui tendant la main.

— Lui même, répondit-il en lui rendant sa poignée de main. Je suis ravi de vous rencontrer, Seigneur des Bandits, j'ai beaucoup entendu parler de vous, par Kolinguer et par les légendes qui vous décrivent comme un démon cornu !

L'Enfant aux yeux blancs - Libération [Inachevé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant