Fou

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Pris dans leurs problèmes relationnels depuis qu'ils avaient échangé un baiser, Harry et Drago avaient complètement oublié la raison pour laquelle ils avaient été forcé de cohabiter.

Alors qu'ils étaient toujours mal à l'aise l'un avec l'autre, ne sachant pas comment se comporter, ils oubliaient le monde extérieur.

Ils étaient comme dans une bulle hors du temps, à tenter de s'ajuster à leur nouvelle relation. Il était étrange d'être passé de rivaux pendant leur scolarité à autre chose, quelque chose de pas vraiment défini. Après la visite de Severus, ils s'étaient évités le plus possible.

Harry le vivait mal, et s'en voulait d'avoir pris la fuite. Il avait paniqué, et il avait été incapable de faire face, craignant la réaction du Serpentard. Pour autant il était incapable de faire un pas vers Drago, préférant l'incertitude au rejet.

Après avoir été vexé dans un premier temps, puis en colère, Drago avait fini par se calmer. Il avait observé Potter attentivement et avait noté sa culpabilité. Il avait attendu de voir le courage des Gryffondor entrer en action, mais Harry en semblait soudain privé. Tout du moins pour faire le premier pas.

Aussi, il prit les devants en se plantant devant son colocataire.

- Nous devons parler.

Il constata avec satisfaction que Harry Potter semblait d'un coup bien moins sur de lui, et il s'empêcha d'avoir la moindre réaction qui pourrait apaiser ses craintes.

Harry craqua aussitôt, comme s'il avait attendu un signe du Serpentard pour lâcher ce qu'il avait sur le cœur.

- Je suis désolé, Malefoy. Vraiment désolé. Je... J'ignore ce qui m'a pris.

Drago resta silencieux, observant le Gryffondor, qui évitait son regard, les joues rouges. Il aurait pu l'asticoter comme il le faisait autrefois avec plaisir. Il aurait pu lui faire croire qu'il refusait de le pardonner pour un crime inexistant.

Finalement il soupira doucement et s'approcha un peu plus de son colocataire. Avant que Harry n'ait le temps de réagir, Drago l'embrassait à son tour.

Il était écrit qu'ils ne pourraient jamais pouvoir s'expliquer sereinement, puisqu'ils furent séparés par l'irruption soudaine de Severus dans la maison.

Ils se séparèrent brusquement, évitant mutuellement leur regard. Severus lui, était figé, les regardant alternativement.

L'impassible professeur de potions était bouche bée, sous le choc. Drago soupira brusquement.

- Tu ne frappes jamais avant d'entrer quelque part ?

Harry marmonna quelques mots avant de sortir de la pièce - probablement pour rejoindre son bureau mais Severus se reprit et le rappela.

- Monsieur Potter. Je suis venu pour vous parler à tous les deux.

Harry se raidit et revint près de Drago, sans pour autant regarder le Serpentard directement. Severus eut un soupir fatigué.

- Il s'est produit un rebondissement... imprévu.

Aussitôt, les deux garçons échangèrent un rapide coup d'œil, subitement inquiets.

- Que voulez-vous dire, Professeur ?

- La Ministre Bones a demandé aux Aurors des résultats. Cependant, elle n'était pas vraiment satisfaite de leur... motivation.

Harry fronça les sourcils.

- D'accord.

- Potter est trop poli pour te demander pour quelle raison les états d'âmes de la nouvelle Ministre provisoire te mettent dans cet état, cher parrain.

Le maître des potions grogna et jeta un regard d'avertissement à son filleul.

- Amélia Bones est une sorcière qui aurait pu être à Serpentard. Elle a imaginé un plan particulièrement... imaginatif. Elle a annoncé au chef des Aurors qu'elle devait rencontrer Drago dans un lieu précis.

Drago écarquilla les yeux.

- Quoi ?

- Elle avait un doute sur la fiabilité de ses troupes. Elle n'était pas certaine qu'il ne s'agisse que de... paresse. Ou d'incompétence.

- Un Auror ? La personne qui tue les Mangemorts est un Auror ?

Severus eut un geste impatient.

- Pas tout à fait. En ce qui concerne les Aurors, il s'agissait réellement d'incompétence. Cependant, quelqu'un a été arrêté suite au piège tendu par la Ministre.

Drago grogna brusquement.

- Severus ! Ne te sens pas obligé de te montrer si dramatique. Viens en au fait !

Le maître des potions ricana.

- Comme je le disais donc, quelqu'un a été arrêté. En plus d'être incompétent, au moins un des Aurors s'est montré stupide. Il a révélé l'information que Drago allait soit-disant rencontrer Madame Bones. Coup de chance inespéré, le tueur traqué a eu la primeur de l'information ce qui a permis de l'arrêter.

Drago sourit soudain.
- Oh. Donc c'est terminé ? Qui était-ce ? Pourquoi tant de mystère ?

Severus se frotta les yeux d'un air absent.

- Terminé... je suppose que c'est en bonne voie. Je pense que d'ici une semaine ou deux tu pourras retourner au Manoir ou aller vivre là où tu le souhaites. Le temps de vérifier que tu es totalement en sécurité.

Harry était resté étrangement silencieux, observant son professeur attentivement. Il intervint alors.

- Nous le connaissons n'est-ce-pas ? C'est pour ça que vous évitez de nous donner l'identité de ce tueur mystérieux ?

Le maître des potions hocha sèchement la tête, un peu gêné.

- Oui. C'était une histoire de vengeance, parce qu'il a perdu... quelqu'un de très cher pendant la guerre. Personne n'aurait pu le soupçonner.

Drago souffla, et Severus sembla comprendre qu'il ne pouvait plus différer les révélations.

- George Weasley. La perte de son jumeau l'a rendu fou. Fou de chagrin, de colère. Avide de vengeance. Il a profité de l'emploi de Arthur et de son frère Auror pour avoir accès aux informations sur les Mangemorts en liberté, lorsqu'ils venaient se mettre en règle. Et il a pu entrer à Azkaban de la même façon.

Harry chancela, sonné. Il avait toujours été attaché aux jumeaux Weasley, toujours prêts à rire, toujours une farce à préparer. Optimistes et plein de vie. La guerre en avait emporté un dans la tombe et l'autre avait cessé de sourire. Il ne pouvait pas imaginer un seul instant George capable de tuer comme ça de sang froid, même pour venger son frère.

Il sentit une main attraper son poignet et il se laissa entraîner dans sa chambre. Quelqu'un le poussa doucement sur son lit, et le força à s'allonger. Puis il sentit des bras entourer son corps. Il lui fallut peu de temps pour reconnaître l'odeur de Drago et il se laissa consoler, essayant d'accepter qu'un jeune homme qu'il avait considéré un jour comme un grand frère puisse avoir commis de tels actes...

Le poids du passéWhere stories live. Discover now