Le fou qui se prenait pour le Père Noël.

3.9K 309 119
                                    


Je grimace en promenant mon regard sur les guirlandes lumineuses suspendues en travers de la rue principale, mes oreilles semblent saigner à l'entente du son de Noël diffusé en boucle depuis plus de trois heures. J'en ai ma claque de tout ce truc autour de cette fête stupide ! Et dire que c'est seulement le premier jour d'un long mois...
Sans déconner, ça me gave ! Je sais que c'est important pour les enfants mais les adultes ne sont pas obligés d'en faire des caisses !

- Hey, Sally ! Ramènes toi, ils ont du caramel !

Ah la garce ! Nina sait pertinemment que je ne peux résister à une bonne dose de caramel surtout si c'est servi avec des churros...
En soupirant, je me dirige vers ma meilleure amie qui, à l'inverse de moi, adore cette période de l'année. Vêtue d'un bonnet rouge sang qui contraste avec sa chevelure blonde et d'une écharpe assortie enroulée autour de son cou, elle me sourit grandement, les joues rosies par le froid. Je jette un œil au reste de sa tenue, jupe noir sur un collant clair et des bottes avec des talons vertigineux. Je me demande comment elle fait pour ne pas se vautrer à la première plaque de verglas !

- Arrêtes de faire la tronche, souris un peu, t'es pas un monstre bordel ! me lance-t-elle avec un clin d'œil.

Je soupire à nouveau et me laisse entraîner vers le stand. Une fois nos churros dégoulinant de Caramel en main, nous poursuivons notre route. Nina s'arrête devant chaque boutique de jouet pour me supplier d'y entrer.

- Écoutes Nina, tu sais très bien que je ne supporte pas les gosses. Entrer là-dedans reviendrai à pénétrer dans une cour de maternelle. Très peu pour moi. Mais vas-y, ajoutai-je devant son regard déçu, moi je vais retourner bosser de toute façon.

- Ok, mais un jour il va vraiment falloir que tu m'expliques ton aversion pour les mômes, les chants de Noël et surtout pour le gros barbu, lance-t-elle avant de me faire un signe de la main et d'entrer dans le magasin de jouet.

Je grimace et chiffonne mon emballage entre mes doigts avant de le jeter dans la première poubelle que je croise et de héler un taxi.

Après une dizaines de minutes, le véhicule jaune s'arrête devant l'immeuble en briques rouges où je bosse. Je paie ma course et sors prestement du taxi sous une pluie battante. Je râle en courant jusqu'à la porte d'entrée puis essuies mes chaussures sur le grand tapis noir.

- Monsieur Stinson vous attend dans son bureau, Mademoiselle Willow, m'interpelle la standardiste alors que je passe devant elle à toute allure.

Je rebrousse chemin et lui demande si elle sait pourquoi. Elle secoue la tête négativement puis me dit de me dépêcher alors que son téléphone se met à sonner, elle me souffle que c'est encore le patron qui appelle sans doute pour savoir si je suis arrivée.

Je me glisse dans l'ascenseur et monte jusqu'au dernier étage, l'ascension est rapide, beaucoup trop à mon goût. Être priée de rejoindre le grand patron à la première heure le matin dans son bureau, nous savons tous ici ce que cela signifie : je vais être virée. Mise à la porte. Remerciée.

Je grimace toujours en traversant le long et large couloir à la moquette grise. Je m'arrête devant la porte en bois sombre et tout en retenant mon souffle, toque trois fois.

- Asseyez-vous Mademoiselle Willow, me dit John McKelly, le chef du magazine, une fois que je suis entrée.

Je m'exécute en esquissant un sourire crispé et attendant plus ou moins patiemment qu'il daigne évoquer la raison de ma présence. Au bout de cinq minutes de silence où ce malpoli ne m'accordait aucun regard, je craque et explose :

- Bon, vous allez finir par cracher le morceau et me dire ce que je fiches ici ?!

J'écarquille les yeux, surprise de ma propre stupidité. Cette fois, c'était sûr et certain qu'il allait me virer sans plus de cérémonie.

- Ah, veuillez m'excuser, déclare McKelly. Je vous ai fait venir ici pour vous donner votre prochain article.

- Pardon ? Je ne suis pas virée ?

Raaah mais ferme là Sally !

- Euh non. Bien que la façon dont vous parlez pourrait être un motif de licenciement mais je ne suis pas le monstre que tout le monde semble croire...

- Et donc ? Mon article... ? Je ne couvre plus le marché de Noël ?

Mon cœur s'emballe de joie, je ne supporte pas ces conneries d'illuminations, de joies, et dégoulinades d'amour à la noix.

- Non. Vous êtes une journaliste hors pair mais votre aversion pour cette période ne rend vraiment pas bien à la télévision... vous finiriez par faire peur aux gamins.

Je ricane. Il n'a pas complètement tort.

- C'est pourquoi, pour le vingt-cinq décembre je veux un article sur le sujet suivant : Pourquoi Noël apporte tant de bonheur ?

- Vous vous foutez de ma gueule ?! j'explose.

Ce fut à son tour de ricaner. Il me sourit, d'un vrai sourire qui dévoile ses dents blanches et me fit signe de quitter son bureau.

Je me lève et le toise de mon plus beau regard noir avant de quitter la pièce en claquant la porte violemment. L'enfoiré. Il sait pertinemment que je déteste cette foutue période de l'année et qu'elle ne m'apporte aucun bonheur.

- Joyeux Noël, Sally, lance Julia en me croisant.

- On est le premier décembre bordel ! j'hurle, la faisant sursauter.

Elle fronce les sourcils et me jette un regard comme si j'étais folle. Il est vrai qu'elle part en vacances ce soir et que cela est logique qu'elle me souhaite un joyeux noël mais... joyeux noël mon cul ouais !


La journée traîne en longueur et quand enfin arriva l'heure de partir, je saute presque sur mes pieds pour quitter le magazine. Je n'en pouvais plus de cet endroit, certes, j'adorais mon boulot mais, en cette période de fêtes où toutes les familles se réunissaient, c'en était trop pour moi. Après deux ans dans une relation que je croyais parfaite, je venais de me faire larguer en beauté par Johnny Boulley, faut dire aussi que son nom de famille aurait dû me mettre la puce à l'oreille, ce type s'est révélé être un boulet en plus d'un con. Et l'article pourri que je devais écrire n'allait m'aider en rien à apprécier cette foutue période de l'année !


Je quitte le bureau le plus tôt possible et me rends à la supérette la plus proche. Armée d'une bouteille de vin blanc et d'un plat préparé, je dévale les escaliers du métro et soupire de soulagement lorsque la rame s'arrête sur le quai alors que j'arrivai. Je m'engouffrais dans le premier wagon et me place debout, contre les portes du fond, le nez plongé dans mon téléphone portable.

- Pardonnez-moi de vous importuner mais je fais ce job afin de nourrir mes enfants.

Je soupire à l'unisson des voyageurs alors que le type se place au milieu du wagon et entame une chanson. Lorsque je reconnu l'air qu'il entonnait, je cru que j'allais vomir.

Douce nuit.

Raaah ils sont obligés de tous nous soûler avec Noël ? Le boulot ? Les décorations ? Les magasins ? Et maintenant un pauvre monsieur en chantant ?!

Je râle toujours dans ma tête en traversant les couloirs bondés du métro et encore plus en remontant les marches qui me menaient à la surface. Il pleuvait. La pluie ou comment achever une journée pourrie.

Je baisse la tête dans mon manteau, essayant de me protéger de la pluie battante du mieux que je pouvais et marche plus vite, sans vraiment faire attention où je posais les pieds.

- Madame, attention !

Je relève la tête et percute de plein fouet un vieux bonhomme déguisé en Père Noël, j'eus la grimace en examinant sa tenue blanche et rouge ainsi que son ventre rebondi.

Décidément bien fait son costume, on y croirait presque... pensai-je en levant les yeux au ciel.

Puis, réalisant que je me comportai comme une malpolie, je m'excuse auprès du vieux monsieur qui me sourit en retour.

- Ce n'est pas grave, Sally, chuchote-t-il

Je recule instinctivement, comment ce vieux connaissait mon prénom ?

- Je... vous...

- Je suis le Père Noël, Sally. Je connais tout le monde... susurre-t-il avec un petit rire.

Ok. J'étais dingue.

- Tu as l'air bien triste... poursuit-il

- Je ne le suis pas. Je suis abasourdie et parfaitement consciente que je vais finir chez les fous avec vos âneries !

Il arque un sourcil et plonge sa main dans une poche de son manteau épais. Il l'a ressortie et me tend une grande enveloppe. Mon nom était inscrit dessus, en lettres calligraphiées.

C'est quoi ce putain de bordel ?

- Joyeux Noël ma petite, me sourit le vieux fou qui se prenait pour le Père Noël.

Je fis demi-tour, sans prendre la lettre qu'il me tendait toujours et couru le plus vite possible loin de lui.


Hello mes petits lutins, oui pour cette story on change de surnoms !

J'espère que ce début vous plaît, j'attends vos avis 😉❤️

Merry F*cking Christmas - Terminée [en correction]Where stories live. Discover now