La luge

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Je me réveillai tôt le lendemain, encore bouleversée par les révélations de la veille. D'abord faites à Nina, puis à Chris. Nous sommes restés longtemps sans dire un mot ni même bougés après avoir discuté. Nous n'avions pas besoin de parler pour comprendre l'autre, ressentir sa douleur puisque nous savions parfaitement ce qu'elle pouvait représenter. D'une certaine façon, nous avons vécu le même genre de deuil mais lui, il avait des souvenirs avec Alexia, un fils avec elle. Moi, je n'ai eu le temps de n'avoir aucun souvenirs avec mon bébé, pas même un bref instant où j'aurai pu entrevoir son sourire.

En me levant, je réalise que ça m'a soulagée d'en parler, cela faisait beaucoup trop d'années que je gardais ce secret pour moi. Comme si en parler allait faire s'envoler les précieux maigres moments où j'ai cru devenir maman. Mais, maintenant je comprends que depuis tout ce temps je n'ai fait que vivre dans le passé, un passé où j'aurai pu être cette femme à qui la vie souriait à pleine dent avec son fiancé, son bébé et sa jolie maison. Mais que tout ces moments durs que j'ai vécu ont aidés à forger celle que je suis aujourd'hui. Une femme forte et indépendante, avec certes un job que je n'aime pas trop, mais un travail qui me permet de subvenir seule à mes besoins de la vie quotidienne. Avant, je me serai cantonnée dans le rôle de la parfaite mère au foyer et je réalise maintenant que je ne l'aurais pas supporté. Bien sûr, j'aurais aimé de tout mon être mon bébé mais le manque d'activité se serait fait sûrement ressentir dans mon couple un jour ou l'autre.

Pour Chris cependant, la perte de sa femme n'a pas apporté son lot de bonheur au fil du temps. Il l'aimait vraiment. Elle était la mère de son enfant et probablement la femme de sa vie... Je comprends tout ça et à la fois je suis dépassée par sa situation. Je ne peux pas le réconforter, j'aurais trop l'impression de m'immiscer dans sa vie et dans sa tête même si j'ai réellement envie de l'aider, ne serait-ce que le faire sourire un court instant. Faire apparaître un de ces sourires qui atteignent le haut des joues et fait briller les yeux d'une lueur de bonheur.

Je soupire, je ne sais pas quoi faire... Soudain, une idée me vient. Je me précipite dans la salle de bain et me prépare en dix minutes chrono ! Douche, brossage de dents et habillage. Je ressors aussi vite de la salle d'eau et manque de percuter Chris qui circulait dans le couloir.

- Wow, déjà levée et habillée ! S'étonne-t-il

- Oui, d'ailleurs tu devrais aller en faire de même. Et Léo aussi.

Il fronce les sourcils mais je l'arrête d'un geste de la main avant qu'il ne prononce un seul mot.

- Allez, je prépare le petit déjeuner pour tout le monde et dans une demie heure on est partit !

Je tourne les talons sans lui laisser le temps de répliquer et l'entends ricaner que je suis cinglée alors qu'il referme la porte de sa chambre. Pour ma part, je retrouve Léo assit dans le canapé, un paquet de céréales dans les bras Où il plonge la main de temps en temps pour piocher une poignée de céréales qu'il enfourne dans sa bouche.

- Tu veux pas des pancakes plutôt ? Lui demandai-je en me plaçant derrière le canapé et lui ôtant le paquet des bras.

- Avec du sirop ? Demande-t-il en penchant la tête en arrière pour me scruter avec son air de chat potté.

Je fais mine de réfléchir en faisant la moue et déclare :

- Seulement si tu es prêt pour aller dans la neige le temps que je les prépares.

Il hocha vigoureusement la tête plusieurs fois et partit comme une fusée en direction du couloir. J'éclatai de rire et secouai la tête avant de retrousser mes manches et de m'atteler à la préparation de quelques pancakes. Ce petit ajout au planning nous mettras en retard pour ce que je prévoyais mais vu le sourire des deux hommes quand ils rentrèrent dans la cuisine ca me rassura et me fit penser que j'avais eu une bonne idée.

- Léo a dit qu'on allait dans la neige ? Demanda Chris incertain en se hissant sur un tabouret.

- Ça sent trop bon, Sally ! S'exclama Léo, une fois perché sur le tabouret à côté de son père.

- Mangez avant que ce soit froid. Dis-je simplement.

Une assiette en équilibre sur les genoux, les fesses posées sur le comptoir de la cuisine, je regardais les deux hommes s'empiffrer de pancakes jusqu'au dernier. Je souris à leurs enthousiasme pour le petit déjeuner puis, remarquant l'heure, les pressés de se dépêcher.

•••

- Attends, on va vraiment faire ça ? Questionna Chris dubitatif.

Je levai les yeux au ciel, évidement que nous allions le faire !
En rentrant de chez Nina et Roy la veille, j'avais remarqué une grande luge dans le garage, mais n'y avait pas fait plus attention que ça. Mais, au réveil j'avais eu l'idée de m'en servir pour la journée, Chris ne bossait pas aujourd'hui et je pensais que cela leurs ferait du bien de s'éclater ensemble. Après le petit déjeuner j'avais planquée la luge à l'arrière du pickup et demandé à Chris de nous mener à la plus haute bute de la ville.

L'endroit était parfait. Haut, bordé de sapin aux branches parsemées de neige d'un blanc cotonneux, cela ressemblait à un décor de film. J'avais je n'avais vu de spectacle pareil. C'était superbe et je commençai presque à apprécier la neige dans un endroit pareil.

- Alors bonhomme, dis-je à Léo. Tu te sens capable de descendre avec nous ?

- Ben oui ! Je ne suis pas un bébé voyons.

- Et toi Chris ? Dis-je d'un ton railleurs.

- Allons-y. Dit-il en levant les yeux au ciel.

La luge étant assez grande pour trois, nous nous y installons, Chris derrière qui tenait les rennes pour nous guider, Léo devant et moi au milieu. Assise comme cela au bord de la bute, prête à glisser sur une centaine de mètres, je n'étais plus vraiment fière de mon idée...
Merle, et si on tombait ? Ou si Léo se blessait ? Futain ! J'espère vraiment que c'était une bonne idée... en silence, je priai pour que tout se déroule bien et répondit d'un hochement de tête à Chris quand il demanda si nous étions prêts.

- C'est partit mon kikiiiiii ! Hurla Léo.

Aussitôt, Chris nous propulsa en avant.

Nos hurlements de terreurs se calmèrent vite et furent remplacés par des « plus vite ! » et des rires. La sensation était incroyable ! Les sapins défilaient à une vitesse de dingue et le vent nous fouettait le visage.

Soudain, Chris lança un espèce de « oh-oh » qui m'alerta un peu et je vis une bosse devant nous. D'instinct, Chris et moi nous penchâmes sur le côté pour faire dévier la luge mais comme des imbéciles, il se pencha à droite alors que je penchais à gauche et inévitablement la luge se renversa, nous envoyant manger la neige.

- Raaaah ! Futain de merle ! C'est froid !!! Hurlé-je après avoir relevé le visage.

Des éclats de rire me répondirent et avant même que je me retourne, une boule de neige s'écrasa sur mon dos.

La bataille fit rage, évidement les deux hommes s'allièrent contre moi et je mangeait plus de neige que n'en lançait jusqu'à ce que je poussai un hurlement telle une guerrière et me ruai sur eux en lançant le plus de neige possible dans leurs direction. Léo riait à s'en décrocher la mâchoire, je visais Chris pour ne pas blesser le petit et surtout parce que c'était le plus redoutable.

Arrivée à leurs hauteur, on reprit la bataille et je ne sais comment, je me retrouvai tout prêt de Chris, presque dans ses bras. Il souriait, d'un vrai sourire qui faisait briller ses yeux. Mon cœur eut un raté. Il se rapprocha de moi, j'avais l'impression que le temps s'était arrêté, qu'il n'y avait que lui et moi. Son pouce caressa ma joue rougit par le froid, la respiration me manqua. Pendant un instant, j'eu envie de lui éclater une boule de neige sur le visage mais son regard brûlant m'en dissuada. Il s'humecta les lèvres en se penchant vers moi et....

- Bon, vous venez jouer ou pas ?! Hurla Léo en lançant une boule de neige qui s'écrasa à demie sur nous deux.

Merry F*cking Christmas - Terminée [en correction]Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora