Merry F*cking Christmas - Terminée [en correction]

Pourquoi tu deteste Noël ?

Nina me demande d'aller chercher un calepin ainsi qu'un stylo. Je m'exécute et lui tends le tout avant de me réinstaller en face d'elle.

- Bon, je suppose que tu as déjà réfléchit un peu à la situation. Alors récapitulons.

Elle commence a noter tout en énumérant les faits :

- Il y a tout l'attirail pour un film de Noël si je comprends bien. C'est ça ?

- Oui.

- Un mec sexy célibataire, un enfant adorable, un chien, une parfait village de Noël et une nana qui déteste Noël. J'ai tout bon ?

- Oui. Mais toi ? Pourquoi tu es là ? Demandai-je. Dans un film de Noël avec une faille temporelle où je ne sais quoi, la meilleure amie du rôle principal n'apparaît pas.

- Ca va les chevilles ? Me nargue-t-elle.

Je lui tire la langue pour toute réponse avant de lui sourire. Je l'observe alors qu'elle mâchonne son stylo et me surprends à penser qu'il ne lui manque plus qu'une loupe et une paire de jumelle pour qu'elle soit une représentation parfaite de Sherlock Holmes.

- Bon, au vue de tout les films que j'ai pu regarder, généralement la nana est en manque d'amour, à des soucis avec ses parents et le type sexy lui redonne foi en l'amour et lui permet de retrouver sa vie normale.

- Ok donc c'est quoi le plan, Sherlock ? Je tombe amoureuse de Chris ?

Elle fronce les sourcils avant de faire une moue dubitative.

- Pourquoi pas ?

- Comme si c'était aussi simple ! Je râle.

- Pourquoi tu déteste Noel ? Demande-t-elle soudainement.

Je baisse les yeux, évites son regard. Je ne déteste pas vraiment Noel. Enfin, avant j'adorais cette fête. J'aimais les décorations, les chants, l'odeur de cannelle qui s'échappait de la cuisine le matin Noël... j'aimais l'échange des cadeaux et les rires à table. J'aimais tout ça. Mais c'est finit.

- Que t'es-t-il arriver pour que tu en viennes à haïr cette superbe fête ?

Elle pose son style et me regarde intensément. Dans son regard, je peux y voir un soupçon de curiosité mais surtout une grosse poignée de compassion et une autre de prévenance comme la Nina de la vie réelle en avait lorsqu'elle me conseillait.
Je me surprends à penser que cette fille n'est pas si éloignée de ma meilleure amie de New York. Leurs traits sont les mêmes, il y a juste le fait qu'elle soit mariée à un type sexy et future mère qui change. J'observe le salon, il est joliment décoré mais on ressent surtout un bien-être dans cette maison. On sent qu'une famille est sur le point de voir le jour dans ce foyer accueillant.
Jamais la Nina de la vie réelle ne m'avait parlé d'avoir un mari, un joli pavillon ou des enfants... est-ce que c'est de ma faute ? Est-ce que mon aversion pour tout cela lui a fait tellement fait peur qu'elle s'est refusée à me confier quoique ce soit de ses réelles envies ?

- Eh oH Sally. Me rappelle à l'ordre la Nina de Noël.

Je porte ma tasse de café à ma bouche et en bois une longue gorgée. J'essaie de gagner du temps, et Nina le sait pertinemment mais ne dit rien, attendant patiemment que je cesse de faire l'enfant et que je me livre à elle comme je l'aurait fait dans la vie réelle.

- Ok, dis-je en reposant ma tasse doucement avant de me lancer. J'ai perdu un enfant.

Sa bouche s'ouvre dans un O parfait et ses yeux s'agrandissent avant de s'emplir de larmes.

- Oh mon dieu... S, je suis désolée !

S... un sourire étire brièvement mes lèvres. C'était le surnom qu'elle me donnait parfois. Surtout, quand elle m'engueulait ou quand elle était sincère. Les habitudes ont la vie dure je suppose...

- Pleure pas, Ma Nina. En plus tu ne connais pas toute l'histoire.

- Désolée, les hormones... marmonne-t-elle avant de s'éponger les yeux avec une serviette en papier. Racontes moi, tu veux.

Je croise les mains sur la table et serre mes doigts fort, c'est la première fois que je raconte cette histoire depuis des années.

- J'étais en première année de fac. Dis-je après un soupir pour me donner du courage. J'étais amoureuse d'un gars qui m'aimait lui aussi, on était jeune et fou l'un de l'autre... Même si je prenais la pilule assidûment, elle n'est pas efficace a cent pour cent... ce que j'ignorais à l'époque.

Je retiens mon souffle un instant avant de reprendre la voix tremblante :

- Quand je l'ai su, il était trop tard pour faire quoique ce soit, même si je n'aurais jamais pu enlever la vie à ce petit être qui même, s'il était arrivé trop tôt, était le fruit d'un amour absolu. Il m'a comprise et nous avons prit la route pour aller chez mes parents pour Noël...

- Je ne suis pas sure de vouloir savoir la suite... murmura Nina tout en m'incitant à poursuivre d'un geste de la main.

- Mes parents ont hurlé. Ça a été horrible... ils m'ont dit de faire adopter le bébé, ce que j'ai refusé de faire. Énervée, je suis partie à pied, prendre l'air... Une voiture m'a percutée alors que je n'avais même pas fait cent mètres sur la route à côté de la maison.

Plus un bruit dans le salon suite à ma déclaration, juste le crépitement du feu dans la cheminée.

- Tu as perdu le bébé à ce moment là, devina Nina.

- Oui. Mes parents s'en sont voulu à mort... Celui que je croyais être l'amour de ma vie m'à quittée un an après, la veille du réveillon de Noël. Dis-je doucement. Nous nous étions éloignés depuis l'accident. A partir de ce moment là, je me suis coupée de ma famille et me suis jurée de ne plus jamais fêter Noël. Cette fête est désormais maudite.

- Tu te rends compte quand même que même si tout cela était arrivé en juin, ça se serait déroulé de la même manière ?

- Oui. Je le sais. Mais je ne veux pas me souvenir de cette période... tout le monde est heureux ici et crois-moi ça me donne un bourdon monstre... pourquoi tu crois que j'habite l'une des villes où les gens ronchonnent du matin au soir ?

Elle esquisse un sourire puis son regard s'éclaire.

- Mais oui ! Mais oui c'est ça !

- De quoi ?

- Ohlalala ! Dis que je suis la meilleure détective du monde ! Ordonne-t-elle.

- Euh... ok ? Tu es la meilleure détective du monde, Sherlock.

Elle lève les yeux au ciel devant mon ton rieur et reprends :

- Tu n'es pas ici pour tomber amoureuse de Chris !

- Ah bon ? Et je suis là pour quoi alors ?

- Tu es là pour recoller les deux parties de toi-même. Celle qui aime Noël et celle qui déteste Noel... Chris et Léo sont là quant à eux pour te redonner foi en l'amour et en la maternité. Et moi... parce que tu ne peux pas vivre sans moi. Termine Nina en levant les mains en l'air pour danser doucement.

- Et...

La porte d'entrée s'ouvre, faisant ainsi rentrer le vent froid du dehors et me coupant dans mon élan alors que des grognements d'ours mal léchés - les hommes - se font entendre.

- Mince ! Plaque ça ! Me chuchote Nina en me tendant le calepin.

Je m'en empare et le planque rapidement dans un tiroir du meuble massif derrière elle et retourne m'assoir alors que les hommes rentrent dans le salon en portant fièrement un sapin qui, lorsqu'il est debout doit probablement toucher le plafond.

- Eh Sally, tu as vu notre phacochère ?! Me hurle presque Léo.

- Conifère non ? Riai-je