Chapitre 15

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Astrale me regarde, perplexe. Je fronce les sourcils. Le parchemin ne contient que queleques mots, tracés sans application.

- "La cabane, tout de suite ?" lit-elle. "Qu'est-ce que c'est sensé dire ?"

Je réfléchis en instant, avant de me rappeler l'existence d'une cabane en bois, qu'on avait construite dans le bois derrière la maison, quand on était enfant. Je l'avait délaissé bien avant mon entrée à Foxfire. Je ne pensais pas qu'il s'en souvenait.

- "Il y a une cabane, dans les bois derrière."

- "Qu'est-ce qu'on attend, alors ?!"

- "Astrale..." je l'interromps, avant qu'elle ne dévale l'escalier. "Il fait nuit".

Elle revient vers moi en haussant un sourcil.

- "J'avais oubliés !"

- "Attend trente secondes et ensuite on peux y aller !"

J'ouvre un tiroir de mon bureau, et pose la trousse qui s'y trouve sur mon lit, avant de fouiller dans ma penderie en quête de deux cape chaude. J'en trouve finalement une couleur nacre, fourrée à capuche.

- "Fouille dans la trousse pour trouver une fiole de clair de lune", je demande à ma meilleure amie.

J'entends le bruit des fioles qui se heurtent, la tête de nouveau dans ma penderie. Je sorts une autre cape, vert émeraude cette fois, que je tends à Astrale. Elle me donne une fiole de clair de lune, et, emmitouflées dans les capes, on sort discrètement par la fenêtre.

- "On gèle !", s'exclame Astrale.

- "Bienvenue chez moi !", je lui réponds.

Une fois sur la terre ferme, on contourne la maison pour se diriger vers le bois.

- "Ça a intérêt d'être important !!"

- "Tout à fait d'accord..."

Nous ne sommes pas vraiment discrète. Nos bottes crissent sur la neige, et dans le silence, le bruit de notre respiration semble aussi forte qu'un hurlement.

C'est drapé dans cette atmosphère étrange que nous pénétrons dans la forêt. Je resserre ma cape autour de mon cou. Si le silence donnait une impression de calme dans la pleine, il donne maintenant une impression lugubre. On ne vois presque rien, nous trébuchons sans cesse sur les racines des vieux conifères. Nos fioles ne nous éclairent qu'à peine.

- "Kora..." chuchote Astrale, "tu sais où ta cabane se trouve, rassure moi ?"

J'aimerais bien. Mais je n'y suis pas retourné depuis au moins deux ans, et la forêt semble tellement différente de nuit !"

- "Je sais que nous ne sommes pas très loin..."

Nous sommes seul, pourtant j'ai prononcé ma phrase dans un murmure. Parler nous parait impossible.

- "Pas très rassurant tout ça..."

- "Peut-être que je l'ai loupé, on peut faire demi-tour si tu veux..."

- "D'accord".

On revient sur nos pas... du moins si on vient bien de ce côté la...

Puis l'horrible vérité s'impose à nous.

Perdues

Nous sommes perdues.

• • •

- "Je crois qu'il y a un truc, là, à droite."

Je me tourne vers l'endroit que m'indique Astrale. Je peine à distinguer les contours de ce qui semble être des ruines. Ou du moins des rochers. On se rapproche lentement, aux aguets. Ce sont bien des ruines. De grosse pierre rectangulaires juchent le sol, dans un rayon de cinq mètres.

- "On dirait une maison gnome" remarque mon amie.

J'acquiesce.

- "En tout cas on est loin de chez moi."

- "Ne restons pas là, c'est lugubre..."

Je la suis à travers les bois, de plus en plus sombre. J'ai de plus en plus froid. J'ai l'impression que mes lèvres sont violettes, à l'instar des siennes. Soudain, Astrale se fige.

- "Un problème ?"

- "Lubrio au sud, Cynthelys à l'est, Vannerrius à l'ouest, Pamesia au nord."

Je lève les yeux vers les étoiles, en me rappelant la leçon d'Univers que mon amie vient de citée. Je repère rapidement la constellation du perdu, qui porte bien son nom, et essaie de voir qu'elle étoile est Lubrio. Astrale est plus rapide que moi.

- "Demi tour, on va dans la mauvaise direction."

Guidée par Astrale, elle-même guidée par le ciel, je reconnais peu à peu le chemin que nous empruntons. Je repère le ruisseau où je pataugeais quand j'étais enfant. Des souvenirs me reviennent tendrement. Depuis combien de temps n'étais-je pas revenue ? Bien sûr, je m'insole souvent dans la pleine, ou même à l'orée de la forêt, mais c'est derniers temps, je vais bien plus chez Astrale. Peut-être es-ce pour ne pas me remémorer trop de mauvais souvenirs. L'Éxile de Ruy avait laissé un grand vide.

- "C'est ici", dis-je, en montrant un sentier du doigt, "juste derrière".

Enfin, nous arrivons à la cabane. Des planches de bois sont rongés par différents animaux, le toit laisse entré les feuilles du chêne sur lequel la cabane est perchée.

- "Stylé !", s'exclame Astrale.

J'agrippe le premier barreau de l'échelle de corde qui pend tristement le long du tronc de l'arbre. Lentement, je m'élève jusqu'à pouvoir entrer. Je me glisse à l'intérieur, dans l'espace confiné et sombre. À l'aide de ma fiole, je repère instantanément le parchemin qui git lamentablement sur le sol. Sans perdre un instant, je le lance à Astrale, restée en bas. Elle l'ouvre tendit que je redescends.

- "Kora", lit-elle, "Dépose ici toutes les informations que tu as de Sophie, décrie-les sur une feuille, dans un cahier... Je pourrais répondre de la même manière. De plus, j'aimerais que tu te rapproche de Sophie, sois plus qu'une camarde. Ruy."

- "C'est tout ?"

- "Oui."

Agacée, je rentre rapidement chez moi, furieuse contre Ruy. Me rapprocher de Sophie ? Je n'aime pas les amitiés forcés, et même si je n'ai rien contre elle, je préférais rester à deux avec Astrale. Pourtant, dès demain, j'essaierais de lui parler.

Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour aider mon monde.

Kora - fanfiction gardiens des cités perdues (tome 1 & 2)Where stories live. Discover now