Chapitre 3 - Madeleine

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Marie

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Marie

Voilà bientôt trois jours que j'attend le retour de Clochette. Je lui ai donné ce surnom parce qu'elle me fait penser à une petite fée ou à une elfe un peu perdue dans un royaume inconnu. Son petit gabarit, son nez retroussé et ses taches de son, lui donnent un air quasi-irréel, bien au delà de son état fantômatique. J'espère qu'elle va bientôt réapparaître ; à moins qu'elle n'ait brulé toute son énergie. Après tout, qu'est-ce que je sais sur la manière dont les fantômes fonctionnent. Peut-être qu'ils consument toute leur aura dans les instants, les jours ou les semaines qui suivent leur décès ? Cette pensée me rend triste. Je n'imagine pas un seul instant ne plus jamais revoir Clochette. Je me suis attachée à elle.

La bouilloire me ramène à la réalité. Je soupire et me prépare une tasse de thé. Je m'installe sur mon fauteuil fétiche, caresse mon coussin parme aux longs poils en imitation poils d'ours qui serait tombé dans un pot de peinture et compulse mes notes sur mon ordinateur.

Je n'ai pas chômé en trois jours. En parallèle de mes recherches professionnelle, j'ai consulté une médium réputée. Elle n'a encore jamais rencontré quelqu'un comme moi. C'est une femme qui est parfois appelé à la rescousse par les enquêteurs de la police, en douce, rien d'officiel, tout d'officieux. Bref ! C'est la personne qui me semblait la plus indiquée pour m'aider dans mes recherches sur les fantômes. Elle s'appelle Madeleine.

- Vous la voyez ? M'a-t-elle demandé quand je me suis isolée avec elle dans une salle d'interrogatoire.

- Quand elle me rend visite. Oui, je la vois et je l'entend. On a des conversation comme celle que j'ai avec vous, là, maintenant.

- Et vous en avez parlé avec vos collègues ? Je n'ai rien vu dans le dossier qui...

- Si je leur en parle, il me prendront pour une folle. Déjà qu'ils ont du mal à me prendre au sérieux parce que je suis stagiaire...

- Et blonde, ironisa-t-elle. Et jolie... et sublime.

- Voilà ! C'est exactement ça le problème.

Je soupire de frustration.

- Ils ne s'intéressent pas vraiment à vos diplômes, je présume, poursuit-elle sans attendre une réponse de ma part.

Elle tapote ma main pour me consoler.

- J'ai eu pas mal de difficultés avec eux à mes débuts, poursuit-elle d'une voix rassurante. Mais maintenant, alors que j'arrive à mes soixante ans, j'avoue que je m'en moque comme d'une guigne. Et qui plus est, certains commencent à me croire. Il faut dire que je les ai aidés à sortir de l'ornière dans laquelle ils s'étaient fourrés bon nombre de fois. Alors, ils oublient qu'ils sont censés être cartésiens.

Elle s'installe aussi confortablement qu'elle le peut dans un tel lieu et enfile une paire de chaussons qu'elle sort d'un sac énorme qui ne la quitte probablement jamais. Elle allume des bougies qu'elle installe sur la table en bois un peu branlante qui nous sépare. Pour elle, quoi de plus naturel que d'y avoir installé une nappe aux couleurs chatoyantes de l'arc en ciel. Quelle étrange personne !

Fantômatique  - Le goût du sangWhere stories live. Discover now