Septième ciel ↬ ˢʰᵒʷᴴᵒ

8ᵉ vol

✈️

_ Notre vol est annulé, râlé-je, assis dans le local des employés de l'aéroport de Singapour. Ils vont essayer de nous trouver un hôtel pour y passer la nuit, en attendant de nous mettre sur un autre vol susceptible de décoller. Normalement, il devrait y en avoir un demain, vendredi, pour nous, expliqué-je au Hyunwoo découragé et affalé sur sa chaise, un café à la main. Ils vont sûrement remplacer les pilotes prévus, par nous.

_ On vole depuis lundi, et c'est maintenant qu'il y a un problème ? geint-il, l'air boudeur.

_ C'est à cause de la météo, les autres jours ça allait, mais cette après-midi, le temps est beaucoup trop dangereux, renseigné-je, aussi démoralisé que mon collègue.

_ C'est vraiment énervant ça, grommelle l'hôtesse de l'air, tout en se remaquillant, j'avais quelque chose de prévu avec des amis. Peu importe, soupire-t-elle ensuite, on n'a pas le choix de toute manière. Hoseok oppa, si on n'a pas d'autre option que de partager nos chambres, sache que ça ne me dérange pas, pouffe-t-elle ridiculement.

Avant même qu'un soupir las ne s'échappe de mes lèvres, pour former ensuite un semblant de sourire sincère, Hyunwoo répond du tac au tac.

_ Lui non plus, étant donné qu'il est gay.

Yu-jin et moi nous retournons vers lui en même temps, choqués par ce que venait de dire le pilote, alors que lui joue nonchalamment avec sa cravate, comme si cette information était sans importance.

Mais à quoi joue-t-il ?

Ça ne me dérange pas vraiment qu'elle sache cette partie de ma vie privée, je le crie rarement sur tous les toits, mais je n'en ai pas honte pour autant.

Il n'empêche que c'est une annonce assez brusque et déstabilisante.

_ Pardon ? crache-t-elle, après avoir avalé la pilule. C'est une blague ? s'offusque-t-elle en me fixant de ses gros yeux accusateurs.

J'ai bien fait de ne jamais toucher quelqu'un comme elle.

Je m'en serais voulu toute ma vie.

Dégoûtant.

_ Non, réponds-je, d'un flegme légendaire, désolé.

Sa mine écoeurée s'accentue, et finalement, elle se tourne vers mon colocataire.

_ Et du coup, ça ne te dérange pas toi, de dormir avec un, hésite-t-elle, gênée de sa propre inhumanité.

_ Pour le bien de tout le monde, tu ferais mieux de ne pas terminer ta phrase, la coupe-t-il, d'un sérieux frigorifiant, avant de siroter à nouveau sa boisson chaude.

Les battements de mon coeur augmentant à vue d'oeil, j'observe, d'un regard fier et amusé, Hyunnie.

_ Tu n'es pas mieux que lui, dit-elle, cinglante, avant de quitter la pièce, d'une manière ridiculement théâtrale.