Scène Finale

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Scène Finale - Debout les fous

Royaume d'Oren, Palais Royal
01h29

Ecrasant son talon pointu sur le fessier levé au ciel d'un soldat qu'ils venaient de piller, Hyunjin leva le menton, dédaigneux.

- Ça, c'est pour avoir sous-estimé la magnificence de mon visage ! Tu ne fais pas bien de la poussière, maraud !

- Arrête de t'amuser Hyunjin, nous n'avons pas le temps pour tes pitreries.

- Oui Messire, s'exclama-t-il moqueur, insistant sur la masculinité du nom en désarmant le mousquetaire.

Ce dernier, désormais vêtu d'une simple tunique et une culotte courte comme sous-vêtements, écarquilla les yeux à l'appellation. Le si bel ange accompagnant le cousin Han venait-il d'utiliser le masculin pour l'autre jeune femme ?
Il avait du mal entendre, sa tête tournait. On l'avait assommé et désarçonné, il avait vu ses collègues se faire dépouiller de leurs armes et honneurs sans pouvoir réagir. On avait attaché ses mains avec les tissus et bandé sa bouche ; l'immobilisant dans un coin sombre sans qu'il ne puisse rien faire. Il observa simplement les trois étrangers venus de Kerlagan s'enfuir à toute vitesse, armes aux poings.

Depuis quand les femmes savaient-elles manier l'épée ?

Les talons claquant sur les riches moquettes, et les parquets cirés, ils déboulèrent dans la salle de bal, Minho en tête, écartant les lourdes portes sculptées d'une pression brutale des deux bras.
L'orchestre manqua son accord et l'assemblée se tourna vers les trois malvenus, des mines outrées et surprises sur leurs faciès bouffis et poudrés de blanc.

- Où est-le prince Han ?! entonna Chan d'une voix puissante, que la hauteur rendait plus grave.

Les danseurs se mirent à piailler entre eux, un bourdonnement murmuré s'élevant dans la salle de bal. La reine se leva de son trône, les deux mains sur les accoudoirs :

- Pour qui vous prenez-vous donc ? Gardes ! Arrêtez ces importuns !

Hélas, les seuls gardes à proximité se trouvaient en bien mauvaise position pour pouvoir intervenir. Les trois fous se satisfirent de la réaction frustrée de la reine lorsque personne ne vint les interpeler.

Agitant les mousquets dont les hautes poignes étaient gravées des armories, Hyunjin et Chan éloignent la foule jusque contre les murs. Minho quant à lui, traversa la salle de bal, la tête haute, le regard dur. Demoiselle à l'âme aussi noire que sa robe, il brillait et le serpent dansait, rampant autour de ses bras jusqu'à la pointe de son épée. L'immortalité était sa force, Minho, il faisait renaître la révolution.

Dans son élan, il attrapa un pan de sa robe à une main pour la soulever, et il se hissa debout sur la table royale. Des hoquets outrés retentirent mais Minho n'en prit pas ombrage, il avait bien trop de rage. Du bout de ses chaussures, il envoya valser les plats riches et vins pourpres, tachant le parquet. Devant la reine, il porta sa tête haute, le dos tendu, sa main droite jouant avec l'épée fine avant de l'armer face au visage royal.

A son tour, il répéta :

- Répondez ! Où est le prince Han ? Où avez-vous emmené mon amant ?!

Que sa voix paraisse trop grave, il n'en avait plus rien à faire. L'absence et la peur le tiraillant passaient prioritaires sur n'importe quel autre sentiment, il en avait marre de tout. Des faux semblants, de ce costume, des manières, de la pression. Il ne rêvait que d'une chose, rentrer à Kerlagan et enlacer ses deux amants. Peut-être même les embrasser, et pousser plus loin encore, si loin que la décence lui en ferait taire les mots. Il rêvait que tout se termine enfin.

Wolfgang Amadeus' Bastards || minbinsungWhere stories live. Discover now