La Maison Aux Citrons

LA PLUIE

Illies ne répondit pas immédiatement, préférant savourer les gouttes de pluie qui tombaient doucement sur son visage.

« -On peut dire ça. Je pensais que t'avais un problème

-J'aurais pu être un psychopathe tu sais ? »

Le roux rigola.

« -Impossible, avant de venir s'installer mon père et moi avons regardé les passés criminels de cette ville.

-Pas con. »

Illies arracha une touffe d'herbe et le porta devant ses yeux.

« -J'pensais pas que vous parliez comme ça les campagnards. »

Bien qu'il ne le vit pas, Hélios releva un sourcil, intrigué.

« -Comment ça ?

-Bah, dans les films vous parlez comme si vous avez le nez bouché, du moins dans ceux que j'ai vu ? »

Le noiraud se releva sur son avant-bras.

« -Comment ? »

Le roux sourit et pinça son nez avant de parler.

« -Comme ça. »

Hélios pouffa.

« -Faut pas croire à tous les clichés. »

La pluie s'écoulait doucement sur eux, mais ne tarda pas à devenir plus rude. Les petites gouttes qui tombaient auparavant doucement des nuages avant d'atterrir doucement sur la peau des deux garçons ne tardèrent pas à s'épaissir et devenir tel des milliers de petites roches lancées sur eux.

Illies se leva en trombe suivit de près par Hélios et ils se précipitèrent tous deux vers le creux d'un rocher qui se situait à quelques mètres d'eux.

« -Si a ce stade là on ne fait pas une crise d'hypothermie... »

Le roux s'arrêta au milieu de sa phrase lorsqu'il remarqua les tremblements d'Hélios près de lui.

« -Ouais, je me disais aussi. »

Il soupira et se dévêtit de son manteau avant de le poser sur les épaules du noiraud.

« -Quelle idée aussi de sortir avec qu'un maillot sous ce temps.

-La ferme

-Est à la campagne. »

Le noiraud roula des yeux tandis qu'Illies lui riait de sa vanne.

« -Merde j'ai oublié le parapluie sous la pluie.

-Quelle rime. »

Le roux donna un coup joueur sur l'épaule de l'autre garçon.

« -Non sérieux, on est obligé d'attendre que la pluie s'arrête avant de repartir.

-Parle pour toi ! »

Le noiraud, dont les tremblements semblaient s'être taries sortit de leur petit abri et courut comme un dingue sous la pluie.

« -Hélios ! Putain me laisse pas ! »

Il entendit des pas précipités venir de derrière lui tandis qu'il courrait avant de sentir une énorme masse se ficher sur son dos. Les deux garçons déboulèrent comme un gros rocher le long de la colline, sur la boue et la pluie avant de se stopper brusquement au bas de la colline.

« -T'es un boulet mec »

Le roux était parti dans un grand éclat de rire tandis que le noiraud maugréait contre lui. Il finit par laisser un petit sourire se poser sur ses lèvres et se leva difficilement.

« -Oh putain, mon cul ! »

Il entendit un autre éclat de rire venir de derrière lui et se tourna vers Illies.

« -Te moque pas toi ! Tout ça c'est de ta faute.

-Je n'ai rien fait » Répondit le roux en essayant tant bien que mal de parler correctement, ses éclats de rires entrecoupant sa respiration.

Il finit finalement par se calmer et suivit Hélios qui s'était déjà bien avancé devant lui.

Il courut à ses côtés et ils finirent par arriver devant la maison du noiraud.

« -Tu veux rentrer ? »

Le roux eut un regard pour sa maison.

« -Non, mon père doit s'inquiéter. »

Le roux lui sourit à travers les gouttes de pluie qui tombait toujours sauvagement du ciel et après un dernier signe de main, se dirigea vers sa maison qui se situait à quelques mètres plus loin.

Le noiraud observa l'ombre de celui qu'il pensait pouvoir maintenant designer comme un ami, s'éloigner sous la pluie jusqu'à ne plus l'apercevoir, un étrange sentiment au cœur.

Hélios ouvrit la porte de sa maison et tomba nez a nez avec son père, les bras croisés sur son torse et la fureur dans les yeux.

Il sortit en trombe de sa maison et cria à travers la rue.

« -Je t'accompagne Illies ! Ne m'abandonne pas ! »

Mais trop tard, son père sortit de la maison et l'empoigna fermement le poignet avant de le tirer vers l'intérieur de la maison. Il allait passer un très mauvais quart d'heure.