Journal d'Anne dimanche 20 septembre

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Quelle journée mémorable!
L'exposition était tout simplement magique! Je n'avais jamais rien vu de tel. L'artiste se nomme James MacDonald. J'ai appris que sa mère est anglaise et son père canadien. Il n'est arrivé dans notre province que récemment. Il me semble un peu plus âgé que Cole, le front large et les cheveux châtains clairs peignés vers l'arrière. Il se pavanait auprès d'amis et surtout de jeunes demoiselles qui semblaient plus intéressées par son fasciés que pour son art. Pauvre Cole. Je le voyais dévorer du regard son ami qui paraissait l'ignorer.

Mais bien plus que l'homme, ce qui m'a fasciné ce sont ses œuvres!
Je dois être resté de longues minutes en contemplation seule devant un même tableau qui représentait l'océan. J'entendais certaines personnes qui passaient derrière moi en critiquant et s'exclamant que ce n'étaient que des lignes horizontales sur une toile bleue. Quels ignares! Moi, je voyais bien la mer, ses reflets changeants, ce ciel comme on peut parfois percevoir lorsque le vent a soufflé au loin tous les nuages. J'étais subjuguée par cette atmosphère, j'avais presque envie de m'y plonger.

Mon éblouissement n'est pas passé inaperçu et un homme est venu se poster à mes côtés, légèrement en retrait. Trop prise par ma contemplation, je n'ai pas pris la peine de le regarder et nous avons échangés nos impressions en toute sincérité. C'est seulement lorsque je l'ai entendu rire à mes exclamations que je me suis retournée et c'est ainsi que je me suis retrouvée face... à l'artiste lui-même qui me souriait!
Cole nous présenta et je me trouvais bien vite entourée de ses amis.
Diana, intimidée, avait préféré rester auprès de sa tante. Celle-ci avait ressenti le besoin de s'assoir un moment tout en continuant de parler à d'autres invités.

Plus tard, un jeune homme un peu timide vint m'aborder. Ce n'était pas pour parler art mais souhaitait être présenté à Diana. Il avait remarqué que nous étions arrivées ensemble.  Cole, toujours aussi avenant, s'en chargea. Il s'agissait du petit frère de l'artiste, John.

Ensuite, il fut temps pour nous de rentrer. Bien trop tôt à mon goût. Mais Tante Josephine fatiguait et de toutes manières madame Blackmore ne tolère aucun écart et dépassement du couvre-feu.

Avant d'aller nous coucher, j'ai taquiné Diana à propos du jeune John. Elle a rougi gentiment mais n'a rien dit de plus, ce qui me laisse présager qu'il ne lui est pas indifférent.
Je sens que je vais bien dormir et faire des rêves de mers lointaines.
Bonne nuit cher journal.

Anne avec un e - Lettres et confidencesWhere stories live. Discover now