Chapitre 51

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Chapitre 51

Helena Serdaigle pencha son délicat visage sur le côté, attentive au monologue de la jeune Serpentard. Elle récitait tout ce qu'ils savaient, ou presque. Dumbledore attendait les réponses du fantôme en dissimulant difficilement son agacement. Il venait de se faire berner comme un sorcier nouveau-né ! Il se pensait fourbe et retord, mais une adolescente le menait par le bout de la baguette !

– Un démon, dites-vous ? répéta la Dame Grise.

– Oui, affirma Norbert.

– Qui aurait été enfermé par ma mère et les trois autres fondateurs...

– C'est ce que nous pensons, acquiesça Leta.

Le fantôme de la maison Serdaigle se plongea dans ses pensées pendant des minutes qui furent interminables aux yeux des deux élèves. Ils leur accordèrent le temps de la réflexion, après tout, cette histoire datée d'il y a plus de mille ans.

– Je ne retrouve pas dans ma mémoire une quelconque altercation avec un démon, finit-elle par dire.

– Et avec un mage noir ? questionna Albus.

– Je ne saurai vous dire les noms, ma mère a dû en tuer des centaines, après tout, c'était la plus brillante sorcière de son époque, répliqua-t-elle avec un relent de jalousie.

– Savez-vous pourquoi Poudlard fut créé ici ? demanda Norbert d'une voix hésitante.

– Cela, je m'en souviens fort bien. Ma mère a rêvé d'un cochon verruqueux qui l'a conduit jusqu'aux falaises des Highlands ! C'est à cause de ce porc que le château s'appelle Poudlard, que c'est ridicule...

Les deux amis se regardèrent, l'imagination en feu.

– Ce peut-il que le démon soit en fait ce cochon ? proposa Leta.

– Peu probable, il ne serait pas tant en colère contre Poudlard vu que c'est lui qui a conduit Rowena Serdaigle à ce lieu, répondit Norbert.

– Arrêtez avec vos bêtises, les coupa Albus. Helena, sais-tu si ces terres étaient déjà habitées ?

Elle fit papillonner ses paupières avant d'évoquer ses souvenirs.

– Non, pas âme qui vive, juste un cercle de menhirs auquel les Moldus vouaient un culte ridicule.

– Un cercle de menhirs ? répéta Dumbledore, alerté.

– Oui, de grosses pierres qui représentaient « les âmes pétrifiées d'une époque révolue ». D'après les Modlus, un fantôme hantait les lieux, mais ma mère ne l'a jamais rencontré.

– Les menhirs de Calanais représentent des géants transformés en pierre, récita Leta en se souvenant de sa visite sur l'île de Lewis Vieilles.

– Ce n'était pas le cas ici, je peux vous l'affirmer. Je n'ai rien d'autre à vous dire concernant cette histoire, je vais donc me retirer dans mes appartements.

La Dame Grise s'inclina et les trois sorciers en firent de même. Quand elle disparut à travers les murs de pierre, Dumbledore se retourna vers les adolescents, les poings sur les hanches.

– Alors comme ça « On profite simplement de nos soirées pour passer du temps ensemble. Je joue du clavicorde et Norbert dessine », répéta mot pour mot Albus.

– C'est bien ce que nous faisions, rétorqua Leta, pas le moins du monde impressionnée par son professeur.

– Dites plus tôt que vous vouliez rencontrer le fantôme de Serdaigle pour lui poser des questions !

– C'est une conséquence de nos actes qui ne nous avaient pas échappé, reconnu la jeune fille.

– Je n'arrive pas à croire que vous vous mettez en danger !

– Nous voulons protéger notre école, je ne vois pas quel mal il y a à ça ! rétorqua-t-elle.

Dumbledore comprit qu'il n'arriverait pas à faire entendre raison à ces deux têtes d'hippogriffes. Il cessa donc de les réprimander. Après tout, il savait le mal que pouvaient faire des adultes réprimant l'intelligence et les capacités de jeunes sorciers... S'il ne pouvait pas les surveiller, autant collaborer avec eux.

– Je vais enquêter sur ces pierres et je reviendrai vers vous dès que j'aurai des nouvelles informations. Je compte sur vous pour en faire de même sans vous mettre en danger.

– Vous acceptez qu'on cherche de notre côté ? s'étonna la Serpentard.

– Je n'ai pas d'autre choix, il me semble.

Le professeur quitta ses élèves, l'esprit encombré par les menhirs et leur signification.

– On s'en sort bien mieux que prévu, Newt, s'esclaffa Leta, un sourire jusqu'aux oreilles.

– Ton aplomb est tellement impressionnant.

– Merci, merci. Bon, Dumbledore va chercher ce que peuvent signifier les menhirs, nous, nous allons nous concentrer sur la créature fantastique. C'est ton domaine après tout.

Le jeune rouquin écarquilla des yeux sans comprendre où voulait en venir son amie.

– La créature fantastique ?

– Le cochon ! Cette histoire de porc verruqueux n'est pas banale. Je suis sûre que c'est une piste qui tient la route.

Norbert plissa son nez parsemé de tache de rousseur et se concentra pour trouver toutes les informations sur ce sujet.

– Les cochons sont des animaux non magiques qui servent de nourriture aux sorciers, aux Moldus et à d'autres créatures. C'est une des proies préférées des Boutefeux chinois. Ce sont des dragons d'Extrême-Orient.

– Hum, je doute que cela a un rapport avec notre affaire. Qu'est-ce que tu as d'autre en stock ?

Le Poufsouffle repartit dans sa mémoire pour trouver d'autres idées. Une autre lui vint en tête qui pouvait potentiellement être en rapport avec Poudlard.

– On trouve en Europe, Russie et en Amérique des Licheurs. Ça ressemble à des petits cochons chétifs avec de longues pattes et une queue courte et épaisse. C'est considéré comme un démon, il me semble. Ils sont dangereux pour les fermes, et sont difficiles à capturer.

– Notre démon serait un porcelet ?! Cela me parait peu crédible.

Norbert haussa les épaules. Il est vrai que leur ennemie semblait plus charismatique qu'un pourceau.

– Ou alors, reprit Leta. Une personne a ensorcelé le cochon verruqueux pour conduire Rowena Serdaigle dans ce lieu précis.

– Dans ce cas cette personne est très puissante, car il est particulièrement difficile d'envouter un porc, se rappela le garçon.

– Hum...

– Peut-être que Méridia pourra nous en dire plus, supputa Norbert. Le peuple de l'eau doit garder en mémoire certaines informations.

– Très bonne idée !

Et si son peuple ne se souvenait de rien, peut-être que ces révélations l'aideront à avoir de nouvelle vision, mais le Poufsouffle se garda bien de révéler ce secret. 


Mot de l'autrice : Merci à tous de continuer cette histoire. Vous êtes plus ou moins une centaine chaque semaine à attendre le nouveau chapitre et ça me motive à fond ! Merci également pour vos étoiles, et vos petits commentaires tout le long de l'histoire (pour les moments drôles, tristes, tendres, etc.) mine de rien, ça m'apporte beaucoup et c'est grâce à eux que je vais terminer ce tome 2 et sûrement attaquer le 3 quand le film 3 sortira. Donc, voilà. Merci.

Norbert Dragonneau et le feu follet | Newt Scamander tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant