Chapitre 73

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Chapitre 73

Samedi 28 mai 1910

Un silence religieux régnait dans l'infirmerie quand le jeune Dragonneau ouvra les yeux. Ses paupières papillonnèrent. La lumière éclatante qui baignait la pièce l'incommoda. Une grimace étira ses lèvres, ce qui lui provoqua une douleur aiguë. Il voulut porter la main à son visage, mais il fut incapable de bouger le moindre petit doigt. Il comprit sans mal que l'explosion l'avait grièvement blessé et il s'inquiéta aussitôt pour Leta, Teodors, Albus et les autres professeurs. Spooky, en tant que fantôme, devait avoir survécu sans mal, enfin, façon de parler.

Norbert aurait aimé tourner la tête autour de lui, malheureusement, il n'en avait pas la possibilité. Elle semblait emprisonnée dans un carcan plutôt confortable. Il y avait toutefois une bonne nouvelle. Poudlard se trouvait toujours debout. Et à en croire les hurlements lointains qui venaient s'infiltrer pas les fenêtres ouvertes, le dernier match de Quidditch de l'année avait bien lieu.

– J'ai comme l'impression qu'un miraculé est en train de se réveiller, s'exclama avec enthousiaste Parmine Pomfresh.

L'infirmière s'empressa d'aller à son chevet pour effectuer une batterie de test, à l'aide de sa baguette magique.

– Jeune homme, n'essaye même pas de parler. Il va te falloir encore une bonne journée de repos. J'attendais ton réveil pour pouvoir te lancer de nouveaux sortilèges de soin.

Norbert essaya tout de même de parler. Il devait savoir pour les autres.

– Miss Lestrange dort toujours, et Albus s'est réveillé il y a deux jours. Cet irresponsable tenait à assiter au match de sa maison, alors que tout le monde sait que Serdaigle va gagner. Pauvre Narcisse, ça va être un coup dur pour lui d'avoir perdu chaque match de l'année. Mais il faut dire que chaque équipe était méritante, et quel quatuor de capitaines !

Le Poufsouffle se moquait éperdument des résultats de Quidditch, ce qu'il voulait, c'était en savoir plus sur la fin du duel.

– Ne t'agites pas ainsi, je te dis que tout le monde va bien. C'est un miracle d'ailleurs. Leta a reçu le plus de séquelles, mais tu n'es pas en reste avec Albus. Déchirures, lésions hémorragiques, embolies, œdèmes, brûlures, fractures... Enfin, est-ce qu'on peut vraiment parler de fracture ? Vos os étaient en miettes et certains bouts effilochés se sont plantés dans vos organes. Sans la magie, vous seriez mort en moins d'une heure ! Ce que je ne comprends pas, c'est que votre cœur et votre cerveau n'ont pas été touché. Ils auraient dû pourtant. Comme s'ils ont eu un bouclier de protection. Enfin, c'est une aubaine, sans cela, je n'aurai même pas eu la possibilité de lancer le moindre sort.

Norbert grimaça de nouveau. La voix de Pomfresh lui faisait terriblement mal au cerveau.

– Hum, j'ai l'impression que ton appareil laryngotrachéal n'est pas tout à fait guéri. L'onde de choc a dû être terrible.

L'infirmière pointa sa baguette à deux reprises vers les oreilles du garçon et récita une formule incompréhensible. Norbert cligna des yeux en signe de remerciement. Il avait effectivement moins mal.

– La salle a été complétement ravagée, mais elle a été plus facile à réparer que vos corps. Un véritable puzzle. J'ai revu tous mes cours de médecine magique en une semaine grâce à votre nouvelle frasque.

Parmine semblait rieuse et joyeuse, mais Norbert remarquait sans mal sa crispation. Ses gestes étaient saccadés et de légers tremblements l'envahissaient tandis qu'elle inspectait chaque centimètre de son corps.

Avait-elle eut si peur que ça ? Son état était-il toujours critique ? Où était-ce la fatigue accumulée cette semaine qui commençait à sérieusement se faire ressentir ? Norbert avait envie de lui prendre la main et de lui dire que tout allait bien. Qu'elle ne devait pas s'inquiéter.

– Les cours ont repris dès mercredi, enfin, certains cours. Madame Rondepierre et Monsieur Graind'orge ont eu besoin d'un peu plus de temps pour se rétablir. Ils recommencent lundi, si je ne m'abuse. Quant aux élèves qui se sont débarrassés des Serpencendres, il n'y a eu presque aucun blessé grave. Ça aurait pu avec ses idiots de capitaines qui « comptaient les points ». Cet événement a peut-être même révélé des vocations, Scorpius Bole et Charity Bagshot ont été d'une grande aide. A eux deux, ils ont presque soigné tous les élèves pendant que je m'occupais de vous.

Parmine Pomfresh continua à parler inlassablement. Norbert se demandait si elle faisait ça pour elle, ou pour lui-même. Peut-être qu'elle souhaitait l'empêcher de se rendormir. Quoi qu'il en soit, chaque sort qu'elle lançait apporté de nouvelles sensations au jeune garçon. Il pouvait à présent bouger ses doigts, et même ses oreilles. Il sentait chaque partie de son corps, comme après une journée de sport intensif.

– Je dois dire que Scorpius m'a étonné, lui qui est si peu délicat. Mais il s'en est sorti à merveille ! Quand à Charity, elle a ça dans le sang. Cette petite est d'une douceur sans nom. Je la vois bien travailler à l'hôpital Saint-Magouste plus tard. Scorpius est trop bourru pour travailler dans un établissement de ce type, je l'imagine plutôt s'établir dans la campagne profonde et aider les villageois contre le fruit de leur récolte.

Ca y est, Norbert pouvait enfin bouger sa main entière. Avec un effort sursorcier, il attrapa celle de Parmine quand elle la déposa à proximité.

Il essaya de parler de nouveau, mais il n'en fut pas capable. A la place, il dessina des lettres dans la paume de l'infirmière.

– Teodors ? Qui est Teodors ? s'étonna-t-elle avant de regarder les nouvelles lettres qu'il traçait. Le démon ? Ne t'inquiète pas, il a été détruit dans l'explosion, il ne reste plus rien de lui.

Le blessé hoqueta et se mit à pleurer. Des larmes, chaudes, épaisses, roulèrent le long de sa tête.

– Ce n'est pas de la joie qui brille dans tes yeux, pourquoi ? interrogea Parmine, stupéfaite. Tu devrais être rassuré, il ne fera plus jamais de mal.

Norbert dessina dix lettres de plus et laissa tomber son bras tandis que ses yeux se fermèrent sous le coup de la tristesse.

– Pas sa faute ? Oh... Mon cœur.

Elle déposa sa main sur ses joues et lui adressa une caresse affectueuse.

– Tu vas dormir encore un peu. Obdormiscere, lança-t-elle en pointa sa baguette sur son front. Mon pauvre Norbert, tu es bien trop tendre pour ce monde...

Norbert Dragonneau et le feu follet | Newt Scamander tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant