Une histoire de cigarette et de lumière

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Le soleil de mi-octobre est encore chaud malgré le léger vent qui s'est levé ce matin. Je regarde mon téléphone pour voir 14 heures 30 dessus et tourne la tête vers ma droite pour regarder Maeh. Nous sommes tous les deux assis sur un banc près du magasin. 

En ce moment, le magasin est assez peu fréquenté donc nous pouvons disposer de plus de temps libre. Anna à la caisse, Maeh et moi prenons l'air de la ville polluée. Je l'observe en contre jour, sa cigarette au bec, recrachant sa fumée par le nez. A ce que je vois, il a recommencé, mais sa source d'addiction semble n'être qu'une simple cigarette alors c'est déjà bien. Je continue mon observation en regardant Maeh accoudé à mon épaule observant le ciel plutôt bleu aujourd'hui. Je retourne sur mon téléphone et fait le tour des réseaux sociaux, me remplissant de choses inintéressantes et de gens se plaignant d'un quelconque problème que, soi-disant, personne n'a. Je me tourne vers Maeh.

- T'as parlé avec Lyco ?

- Tiens ! Pour une fois, tu te souviens de son prénom. C'est rare venant de "MONSIEUR j'oublietonprénom" 

- Maeh... Je sais ce que tu fais et ça ne sert à rien. Tu repousses un sujet qu'on abordera tôt ou tard. Donc, je repose la question Maeh : As-tu parlé avec Lyco ?

- Non.

- Comment ça nan ? Genre vous vous êtes vu non !

- Oui on s'est vu mais on a pas eu le temps de réellement parler tu vois.

- Comment ça ?

Maeh me regarde l'air de dire "tu es sérieux là ?" et je crois avoir compris avec son sourire qui en dit long. Je lui mets une claque derrière la tête et le traite de débile profond. Il se met à rire et tire un taffe en levant sa tête pour ne pas m'envoyer sa fumée dans la gueule.

- Eden ?

Je le regarde et l'interroge du regard. Il me met un coup de coude et me montre une direction du menton.

- En parlant de débile profond, regarde qui est la.

Je suis la direction qu'il m'indique des yeux et vois arriver Milo au loin. Il semble tenir quelque chose dans son dos et il accélère le pas lorsqu'il me voit le regarder.

- Arrête d'être méchant comme ça.

- Tu le défends en plus ! Et bien Eden, sache que tu es bien mordu !

Il écrase sa cigarette au sol avec son pied mais la ramasse en voyant mon regard meurtrier. Je lui fais la morale tout le temps quand il ne la ramasse pas et je crois qu'il commence à comprendre que c'est sa tête que j'ecraserais avec mon pied si il ne la jette pas à la poubelle.

Il me met sa cigarette sous le nez en la tenant du bout des doigts pour bien me prouver qu'il la ramasse et se lève pour aller vers la poubelle la plus proche.

En attendant, Milo arrive à mon niveau et je me lève pour lui dire bonjour. Il me fait une étreinte qui me donne des frissons puis me relâche. Il se recule d'un pas et me tend des fleurs. Des roses rouges pour être exact. Il m'a l'air extrêmement nerveux et j'avoue que moi aussi je ne comprends pas ce qu'il m'arrive.

- Des fleurs ? Mais pourquoi ?

Maeh décide de rappliquer à ce moment et remarque le bouquet entre les mains de Milo.

- Eden n'a pas besoin de fleurs ! Il en vend déjà tu sais.

Je souffle de lassitude par rapport à la réplique de Maeh et j'ai envie de savoir si Milo va se démonter devant moi. Je lui lance :

- Maeh. Ta gueule s'il te plaît. Je vais t'étrangler.

- Oh tu as entendu ! Anna m'appelle ! J'y vais Eden. Milo.

Maeh lui lance un regard et m'embrasse la joue. Puis s'en va, content de lui.

Je me retrouve seul avec lui après la fuite de Maeh. Il a trouvé bon de faire semblant d'être appelé au magasin alors que je sais très bien que c'est faux. Je lève les yeux vers Milo.

- Tu sais que je vais avoir une crampe à force.

Je le vois me tendre de nouveau le bouquet de fleur et le lui prend des mains.

- Excuse moi ! Avec tout ça, Maeh, j'avais oublié.

- Ne t'inquiète pas. J'ai compris qu'avec lui c'est plutôt compliqué.

- Nan mais je peux t'expliquer pour le bisou sur la joue. Il cherche juste...

Je me fais couper la parole par son index devant ma bouche. Il me dit de me taire et je le fais.

- Ecoute moi Eden. C'est important et j'aimerais que tu ne me coupes pas s'il te plaît.

Je hoche la tête, toujours debout face à lui.

- Bon. Eden, tu sais, la première fois que je t'ai vu c'était dans la boutique et quand j'y suis entré, ça a été le coup de foudre instantané. Je ne sais pas comment l'expliquer mais tu m'as obsédé pendant des nuits et je ne pouvais pas t'enlever de ma tête. Mes pensées t'étaient destinées. Alors je suis revenu te voir et ça a été comme une évidence. Je t'avoue que, ça a été compliqué de t'approcher avec ton ami qui te sert de chien de garde mais, j'ai senti que je pouvais me rapprocher de toi alors je l'ai fais. J'ai découvert de merveilleuse choses sur toi, ton amour pour ton métier et j'aimais ton sourire quand tu en parlais. J'aime ton sourire quand tu me parles. Je t'aime tout court.

Je suis sous le choc. Sa déclaration me touche réellement et je me mets de nouveau à sourire. Sourire qui ne m'a pas quitté de tout son monologue. Il m'a devancé et j'en suis un peu jaloux. Mais je sais que je n'aurais pas eu le courage de lui dire, alors c'est une bonne chose que se soit lui qui se soit jeté à l'eau. Mais je ne peux m'empêcher de penser à une chose.

- Milo, tu ne trouves pas que l'on va un peu vite... Enfin je sais pas. Oui c'est un coup de foudre mais tu vois...

- Eden, l'amour ça prend son temps, ou ça frappe en plein cœur à la vitesse de la lumière. Et ma lumière, c'est toi.

Son regard brille et je me sens unique à ses yeux. Sa phrase me touche complètement et je n'hésite pas une seconde pour me jeter sur lui.

Mes lèvres se fondent sur les siennes et elles forment comme un tout avec lui. Je ressens une vague de chaleur en moi, un nouveau souffle et je mouve mes lèvres avec une douceur que je ne me connaissais pas. Il répond au baiser avec cette même douceur et passe ses mains dans mon dos pour me rapprocher.

Je coupe le baiser pour poser le bouquet sur le banc car il commence à être de trop puis reprend avec plus de force, ses lèvres. J'attrape son visage avec délicatesse entre mes mains et le caresse de la paume. Je fais quelques allers-retours entre sa nuque et son visage. Je le sens frissonner. Lui pendant ce temps, caresse mes hanches et le bas de mon dos. Nous n'approfondissons pas le baiser puisque nous sommes en pleine rue, même si j'en ai très envie.

Nous ouvrons les yeux et nous regardons avec, je dirai, de l'amour. Les siens dérivent sur le côté puis reviennent vers moi.

- Je crois bien que ton ami nous regarde à travers la vitre de la boutique.

Je rigole légèrement, toujours très proche de Milo. Il cherche à se reculer mais je le retiens avec une main agrippant le bas de sa chemise. Il la regarde puis regarde ma main et m'interroge du regard.

- Decale toi un peu sur ta gauche, montre ton profil à Maeh.

Il fait ce que je lui dis et je me place face à lui.

- Parfait.

Je lève mon majeur en direction de Maeh qui nous regarde toujours et embrasse Milo avec mon autre main derrière sa nuque.

Milo rigole légèrement et répond de nouveau à mon baiser.

LE PARFUM DES COEURSWhere stories live. Discover now