00| COLD SHIVERS

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◤       chapitre pilot      ◥COLD SHIVERS◣                                    ◢

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chapitre pilot
COLD SHIVERS
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5 MAI 2004

LE TINTEMENT SEC des talons rigides contre les barreaux métalliques s'émiettait dans le tissu pâle du silence parisien aussi indistinctement qu'une pincée de poussière lâchée dans un désert sans fin. Un rire cristallin s'éleva dans la nuit abyssale, —caressée par la lueur opaline de la Lune argentée—, à l'endroit où deux silhouettes vaporeuses escaladaient hasardeusement le grillage rougeoyant d'un lycée endormi.

L'une d'elle enjamba les pics édentés et fléchit ses genoux pour se donner suffisamment d'impulsion, puis sauta. Le sol granuleux griffa ses bras à la réception, mais la jeune fille sembla ignorer sagement la douleur, et adressa une œillade impatiente à sa consœur, les lèvres carminées étirées.
La deuxième adolescente, visiblement moins aventureuse que la première, hésita longuement avant de se jeter à son tour dans le vide, et cogna violemment le sol avec ses genoux.

Ça devrait être interdit d'être aussi maladroite... siffla sa partenaire, d'une voix basse, et les pupilles ambres couvertes de mépris.

L'intéressée mordit ses lèvres pour étouffer un râle, tout en observant d'un air pâle, les gouttelettes de sang qui s'égrainaient de ses plaies. Puis, machinalement, elle attrapa l'une des mèches dorée qui pendaient au-dessus de ses yeux pers, et la tortilla nerveusement autour de son doigt, tout en se forçant à se relever. Son amie, dont le teint hâlé épousait parfaitement les inflexions céruléennes de la nuit, les yeux mordorés et la chevelure brune, sembla la fixer avec exaspération, les mains posées sur les hanches.

Tu te magnes? grinça-t-elle d'un ton acariâtre, je n'ai pas toute ma soirée.

—Oui, oui, j'arrive... souffla la blonde, intimidée, c'est juste que...

—Que quoi? cracha la jeune femme, le regard venimeux.

Tout compte fait, je ne sais pas si c'est une bonne idée, Léonie, avoua d'une traite son amie.

La concernée leva les yeux au ciel, plissant son front comme si le ciel tout entier lui tombait sur la tête. Elle jeta un regard attentif à son lycée, —ce grand bâtiment pâle et décrépit aux airs d'hôpitaux désaffectés. Pour sûr, pour rien au monde Léonie n'aurait mit les pieds dans cet endroit sombre et éculé au beau milieu d'une nuit tiède de Mai, si elle n'avait pas une bonne raison. Et maintenant qu'elle venait de franchir l'étape la plus délicate de l'opération avec brio, il lui paraissait absolument inimaginable de rebrousser chemin.

SELENITE² ━ 𝙩𝙝𝙚 𝙜𝙧𝙚𝙖𝙩 𝙛𝙞𝙡𝙩𝙚𝙧 Where stories live. Discover now