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◤ chapitre deux ◥ THE SNEAK OUT ◣◢
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▂▂▂▂▂▂▂ 7 MAI 2004
THEODORA PERRIN S'ARRACHAIT le vernis de ses ongles, adossée à la grille fraîchement poncée du lycée Lumière. Le lampadaire qui la surveillait du coin de l'œil grésillait faiblement, tandis que les ténèbres, tapies non loin de la blonde, attendaient patiemment que la lumière succombe à l'emprise de la nuit.
L'averse avait cessé. Sur la place de la Nation, on n'entendait plus que le clapotis fébrile de l'eau, qui progressivement désengorgeait les caniveaux. Parfois, deux ou trois rares véhicules raclaient les eaux troubles qui immergeaient les routes. Theodora était encore trempée, et ce n'était rien devant l'état piteux de Leonie, dont les cheveux ne semblaient plus qu'être des mauvaises répliques des Chutes du Niagara.
Theodora aurait pu sérieusement en rire, si cela ne faisait pas plus d'une demi-heure qu'elle attendait Timothy. Elle l'avait appelé un nombre incalculable de fois, bombardé de messages et même menacé de sonner chez lui pour le tirer de son lit par les oreilles. En réalité, Theodora n'avait pas le courage de s'infiltrer chez son proviseur, mais l'envie ne lui manquait pas.
—Tu vois bien que ton "meilleur ami" ne va pas venir, souffla Leonie en mimant les guillemets avec ses doigts, et je t'avoue que la dernière de mes envies est bien de rester plantée devant ce lycée. Allons-y.
Theodora grimaça, et jeta un dernier coup d'œil à son Nokia. Rien. Pas le moindre message. Pourquoi s'était-elle engagée dans tout ça déjà? Oui, le meurtre. Cette pensée fut suffisante pour énergiser la blonde d'un coup. Elle cambra son dos pour se redresser, et jaugea d'une œillade experte la grille de son lycée.
—Ça a intérêt à valoir le coup, siffla la blonde, avant d'entreprendre son ascension.
Les barreaux lui griffaient les paumes. Pour sûr, l'escalade n'était pas le fort de Theodora — malgré le fait qu'elle ne parvenait pas à se l'avouer. Tandis que Léonie sembla enjamber le portail avec une facilité monstre, la blonde, elle, glissa piteusement et s'écorcha les genoux à la réception. Rouge de honte, Theodora jura plusieurs fois, et se releva, ignorant les gouttelettes de sang qui perlaient désormais le sol de son lycée.
—O-ok, expira Leonie, là, c'est le moment où les choses peuvent vraiment devenir effrayantes.
La brune tira du sac à dos qu'elle portait deux couteaux rétractables — dont l'un qu'elle tendit à Theodora. La blonde l'analysa pendant quelques secondes avant de l'attraper, sans avouer qu'elle avait également ramené de quoi se défendre dans son sac à bandoulière. Son arme en main, Theodora étira un léger sourire sur ses lèvres — à peine perceptible. C'était cette dose de danger que la blonde adorait. Elle aimait les mystères insolvables, creuser dans les secrets les plus enfouis de ses camarades de classe. Oui, c'était mal. Mais elle ne s'en excusait pas. Après tout, comment occuperait-elle ses interminables journées de cours sinon?
