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◤ chapitre quatre ◥ LA THÉORIE DU CHAOS ◣◢
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▂▂▂▂▂▂▂ 7 MAI 2004
TIMOTHY AVAIT à peine dormi. La fatigue se prélassait sur ses épaules, et caressait de sa main engourdie le visage cerné du garçon. Il eut beau bailler, s'étirer, rien ne semblait en mesure d'écarter les doigts veloutés de Morphée de sa silhouette.
L'adolescent poussa un soupir et s'extirpa de sa couette doucereuse. La lumière se jetait en cascade dans la chambre aseptisée de Timothy depuis ses longues fenêtres, et s'irisait sur le parquet lustré. L'esprit encore vaporeux, le garçon referma les rideaux, se glissant dans une pénombre tamisée. Si ça ne tenait qu'à lui, Timothy se serait certainement replongé dans son lit. Il se serait calfeutré dans le creux de son matelas, et aurait probablement espéré que celui-ci ne l'aspire à jamais.
Ce que Timothy voulait éviter à tous prix aujourd'hui, était bien évidemment sa confrontation avec Théodora. Il avait délibérément manqué tous ses appels la veille, sans même lui renvoyer de messages. En y repensant, il ne pouvait que blâmer son comportement. Personne n'était sans savoir qu'une haine électrique liait Théodora Perrin et Léonie Vermont. Si cette dernière avait tant insisté pour que la blonde la rejoigne aussi tard dans la nuit, c'était bien pour une mauvaise raison.
Mais, pour le meilleur comme pour le pire, Timothy se trouvait être le fils adoptif de Richard La-Croix-De-Châteauclos, ou l'intraitable directeur du lycée Lumières. La dernière des idées qu'il pouvait avoir était sans contestes de sécher les cours. Le conflit qui l'attendait avec Théodora lui semblait de ce fait inévitable, et il l'était.
Timothy claqua avec force la porte derrière lui, sans vraiment le vouloir. Son esprit était englué dans un tourbillon éclectique de pensées, qui catalysait ses émotions.
— Salut Astrid, souffla le garçon, en se grattant la nuque.
Astrid Huang, c'était la grande sœur d'Oscar. Elle passait toujours ses journées à écouter du Britney Spears, à ruminer des chewing-gums, et plisser des yeux dès que quelqu'un lui adressait la parole. Ses longs cheveux noirs balayèrent son visage rond lorsqu'elle se tourna vers Timothy. Comme à son habitude, elle ne se contenta que de froncer les sourcils puis poursuivre sa descente pressée des escaliers.
Evidemment, elle aussi avait totalement oublié l'existence de son petit frère, et a fortiori Timothy. Il n'était, à ses yeux, plus que le voisin étrange d'en face, qu'elle évitait désormais comme la peste. C'était stupide, mais pendant un temps, Timothy avait cru qu'il pourrait faire son deuil par le biais d'Astrid. Il pensait pouvoir passer à autre chose en renouant avec la famille Huang. Mais ce n'était qu'une excuse parmi tant d'autres, un condensé de mensonges qu'il s'infligeait à lui-même.
