Prologue

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Bruises - Lewis Capaldi
***

Kristen

Impossible d'ouvrir les yeux, je suis paralysée, apeurée. Les coups pleuvent, mes articulations me font mal et des larmes dévalent mes joues. Recroquevillée sur moi-même, je sanglote et patiente jusqu'à ce que ce soit fini, comme d'habitude. Mon petit corps fragile peut céder à tout moment. Les poings heurtent ma peau d'ores et déjà tachetée d'ecchymoses, les injures s'insinuent dans mes tympans et continueront de me hanter nuits après nuits.

— C'est tout ce que tu mérites, salope ! crache mon père tout en m'assénant un coup à la mâchoire.

Ces mots résonnent dans mon crâne comme une alarme.

Je n'ai que douze ans, une jeune fille pleine de rêves et d'espoir qui se retrouve bousillée par son paternel. L'odeur de cannabis provenant de la chambre de mon frère ainé, âgé de dix-sept ans, m'apaise et anesthésie mon corps brutalisé. La douleur n'est qu'une illusion, un vilain mensonge.

Le démon s'éloigne, me laisse seule, baignant dans mon propre sang. Tremblante, j'attends une bonne dizaine de minutes avant de me relever et de constater les dégâts : mes lèvres sont fendues, mon œil gauche me fait souffrir, mes côtes sont probablement fêlées et je ne ressemble certainement à rien.

Un jour normal dans ma vie.

Depuis ma naissance, j'ai dû faire face à bien des catastrophes comme la mort de ma mère. Celle-ci est décédée des suites à un accident de voiture lorsque j'avais cinq ans. Dès lors, mon père a commencé à me battre sous prétexte que je ressemblais à sa défunte épouse.

Aujourd'hui, je me regarde dans le miroir et retiens un sanglot : mes cheveux sont emmêlés et mon corps n'est plus qu'une épave. Les bleus apparaissent les uns après les autres et laissent des traces indélébiles sur ma peau déjà abîmée par les multiples cicatrices qui la strient. Demain, il va falloir que j'aille à l'école, couverte de blessures. Ayant l'habitude de mentir, je dirais à mes professeurs ainsi qu'à quelques amis que je suis tombée quelque part.

Ça marche à chaque fois.

**

Le soir approche, le soleil décline et je suis cloitrée dans ma chambre, sous ma couette. Je sais pertinemment que les coups ne sont pas terminés et que je vais y avoir le droit avant de dormir. Ravalant de la bile, je presse les yeux et pleure encore et encore. Mon frère, Dean, s'en moque pas mal de ma pomme. Il préfère me regarder me faire battre et en rire plutôt que de m'aider. Ses yeux injectées de sang et ses pupilles dilatées me font froid dans le dos dès lors que je les croise. Je n'ai pas mangé, mon estomac est vide et ne recevra pas de nourriture ce soir.

Je veux que ce cauchemar cesse, que tout disparaisse : peine, douleur, terreur. Mes côtes me font mal, j'ai du mal à respirer convenablement et je n'arrête pas de trembler. C'est comme si mon corps se protégeait et se renfermait sur lui-même.

Lorsque vient le moment d'aller dormir, j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir et des bruits de pas résonner. Mon cœur rate plusieurs battements alors que ma couette m'est arrachée et que des doigts fermes saisissent mes poignets. Une haleine chargée en alcool frappe mon visage, je réprime un haut-le-cœur et me laisse faire, épuisée, affaiblie.

— Pourriture, tu ne devrais plus être de ce monde ! hurle mon paternel en me tirant les cheveux.

Ses yeux enragés et écarquillés me scrutent sans ciller.

Je coule, je me noie, je me meurs. Je veux crier, hurler afin que mes voisins m'entendent et viennent à ma rescousse mais je n'en ai plus la force.

Que quelqu'un me vienne en aide. Je suis muette, mes mots sont silencieux et mes peines se retrouvent étouffées.

***

BONSOIR !

Vos impressions sur ce prologue ? 🤧♥️

Bonne soirée mes petites lunes et tenez bon pour le confinement ! On y est ensemble <3

Nolwenn

Instagram 📸 : Rubism00n

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