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C H A P I T R E 8

"Enfin !", s'exclama Kayla pendant que nous marchions dans les couloirs.

Nous venions tout juste de terminer notre cours de philosophie. Politique et éthique animale ne semblait pas être le sujet favoris de Kayla.

En fait, je réalisai que je ne savais pas ce qu'elle aimait vraiment. Faire la fête, certainement, mais je ne savais même pas si elle aimait le programme dans lequel elle s'était inscrite.

"Ça a été le cours le plus long que j'ai eu cette semaine", se plaignit Mia en bougeant, de façon théatrale, ses bras devant elle.

"C'est le seul cours auquel tu as assisté", lui rappelais-je.

"T'es d'une humeur massacrante", me dit Kayla tout en roulant des yeux. Elle prit une mèche blonde qui lui avait tombée devant le visage et la coinça derrière son oreille.

"Non!", me défendis-je en me retournant vers elle.

"Si", renchérit Mia.

"Je crois que tu n'as rien à dire. Tu étais celle qui se plaignait il n'y a même pas trente secondes." Je la regardai suffisament longtemps pour voir son air indigné et ses lèvres s'entrouvrir, mais aucun mot n'eut le temps de les franchir.

"Touché", ria Kayla en replaçant son haut pour remonter le peu de poitrine qu'elle avait. Pas que j'en ai plus, mais, contrairement à elle, je n'essayais pas de le mettre en valeur.

Moins on voyait mes seins, mieux je me sentais.

"Hey!", s'indigna Mia en poussant tous ses cheveux sur une épaule.

Parfois, j'avais l'impression de faire tache dans le décor, plus particulièrement lorsque je marchais en leur compagnie.

Nous avions toujours été amies. Il n'y avait absolument rien que nous ne faision l'une sans l'autre. Mais ça c'était avant.

Depuis un certain temps, en fait, depuis le début de l'été j'avais l'impression qu'elles se distançaient. Et ça semblait encore pire depuis le début du collège.

Toutes les deux semblaient encore aussi proche qu'avant, si ce n'était pas plus. Je soupçonnais que le fait qu'elles soient dans la même chambre y soit pour quelque chose. Après tout, lorsqu'on est en "colocation" avec quelqu'un, des liens se créent. N'est-ce pas?

Moi, j'étais seule dans ma chambre et j'avais le sentiment d'être un peu mise à l'écart.

Mais elles étaient occupées et je comprenais. Elles avaient des devoirs à faire, tout comme moi, mais en plus, elles avaient une vie sociale. Quelque chose que je n'avais pas encore développée.

Mais elles me disaient aussi qu'elles s'ennuyaient du temps qu'on passait ensemble avant. Et je les croyais. Pourquoi me mentiraient-elles?

"Alors ce midi c'est le midi nachos à la cafétéria, est-ce que ça vous intéresse?", proposais-je après que nous ayions déposé nos livres dans nos chambres.

Les couloirs du dortoir étaient incroyablement silencieux, laissant l'écho de nos pas s'effacer dans l'air derrière nous.

"Sérieusement Em?"

Je me tournai vera Kayla et haussai les épaules. J'étais tout ce qu'il y avait de plus sérieuse.

"C'est trop gras pour moi des nachos. Je vais m'acheter une salade", répondit Mia. "Ça tombe directement dans les hanches sinon", dit-elle en plaquant ses mains de chaque côté de son petit corps.

"Toi et ta phobie du gras", souffla Kayla.

"Je te ferais dire que seulement en regardant du gras, je prend du poids. Tout le monde n'est pas fait naturellement mince comme toi".

"Merci à ma génétique", dit Kayla en offrant un clin d'oeil à Mia.

À force de s'obstiner, elles me donnaient le tournis.

"C'est le midi hot-dog avec le concert de musique en plein air sur le campus", me dit Kayla.

Oh.

"C'est annoncé presque partout. Personne ne te l'avais dit?", demanda Mia.

Mon ami imaginaire doit avoir oublié, fus-je sur le point de lui dire,mais je me retins.

J'avais passé la majorité de la semaine dans ma chambre, ne portant pas attention aux feuilles collées dans les portes et je ne parlais à personne dans mes cours. Comment aurais-je su?

"N-non, j'avais pas remarqué les feuilles", expliquais-je en pointant une feuille rose presque fluo affichée sur le mur de l'ascenseur.

Les filles haussèrent les épaules et sortirent en parfaite synchronie lorsque les portes s'ouvrirent.

Kayla frotta déliberément son épaule contre celle du garçon qui attendait pour prendre l'ascenseur et continua son chemin en se déhanchant plus qu'ordinaire.

Pourtant, il ne broncha pas. Il me regardait et je ne comprenais pas pourquoi.

"Emelyne! Tu viens?", me cria Mia et ce ne fut qu'à ce moment que je réalisai que je me tenais encore dans la cabine d'ascenseur.

Je baissai la tête et marchai rapidement pour rejoindre mes deux amies, passant aux côtés du garçon sans un autre regard.

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DOUBLE MISE À JOUR WOOT WOOT ! ♡

écrivain anonymeDonde viven las historias. Descúbrelo ahora