Chapitre 9 : Une gueule enfarinée, et le pouvoir du camouflage

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Je suis complètement à la ramasse. Mais c'est quoi cette horreur ? Ah oui, c'est moi ... Devant mon miroir ce matin après une nuit d'insomnie totale. Je me regarde et je prends conscience de mon imbécilité. Franchement ai-je cru qu'un homme comme Aydan aurait envie d'une zombie pareille ? Non, mais c'est quoi cette tête ? Le teint gris, des cernes qui me mangent le visage ... ah non, excusez moi du peu, pas zombie, non un panda; un vieux panda tout décrépi. Je ne peux définitivement pas sortir comme ça, j'ai un minimum de respect pour la société quand même.

Après un bon petit gommage, masque et tout le toutim. Je me tartine le visage pour cacher la misère. Je crois que deux jours de sommeil complet pourraient éventuellement être plus efficaces ! Bref, après ce constat déplorable, je me retourne vers ma cuisine pour mon petit déjeuner et surtout, surtout mon café bien corsé, pour me déniaiser un peu. Car là, je ferais peur à un épouvantail. Je m'assoie sur mon canapé, avec mon café chaud dans les mains, et je le savoure. Je suis totalement absorbée ... par rien du tout en faite, je suis totalement partie au pays du néant, et je regarde dans le vide. Combien de temps ? Je ne sais pas mais je suis partie, je me suis déconnectée du monde et c'est très bien comme ça. Qu'on m'y laisse.

Au bout d'un moment, le reste de mon café est devenu complètement froid. Je me lève pour m'en servir un autre.

—    Bordel Amber, on dirait une collégienne doublée d'une vieille dame de quatre-vingt dix ans, m'exclamé-je à voix haute.

Non, mais c'est vrai quoi ? Je n'ai plus quinze ans pour tomber en pâmoisson devant un bad boy aux beaux yeux, et puis j'étais excitée et en petite tenue, la belle affaire ! Et franchement, si à vingt-huit ans, je ne peux déjà plus faire face à une nuit blanche faut que je consulte. Non, je crois que j'ai juste un petit court circuit, ça arrive non ? Toujours, dans mes réflexions existentielles très intéressantes ... Quelqu'un frappe à la porte.

—    Oh non, je vous en supplie pas aujourd'hui ... murmuré-je à moi même tout en allant ouvrir la porte.

Je m'attends au pire.

—    Bonjour, me dit Steven.

Ah bah, je m'attendais au pire mais pas à ça. Il me dévisage de haut en bas. Oh non, je suis habillée ? Je passe mon corps en vérification, ouf je suis habillée. Je rougis comme une tomate en pensant à hier soir. Bordel, une collégienne, je vous dis.

—    Euh oui, bonjour.

Je ne bouge pas, je ne suis vraiment pas en forme. Steven a l'air gêné, voir même embarrassé. Ah bah débrouille toi, mon chou, moi je suis cassée.

—    Je peux entrer un instant ? J'aimerais vous parler. Si je ne vous dérange pas bien entendu.

Je confirme, je suis rentrée dans une cinquième dimension depuis hier soir, non depuis ce matin à deux heures plus exactement. Ou c'était peut être la septième, non ? Bon, je me reprends et je l'invite à rentrer.

—    Je vous sers un café ?

—    Je ne bois pas de café.

—    Ah pardonnez-moi, un thé ?

—    Euh ... un verre d'eau ?

Comme tu veux, mon grand. Je le lui sers et je vais m'assoir à table.

—    Prenez une chaise, pas de panique, je ne mords pas ce matin.

Il me regarde d'un drôle d'air. Je ne suis pas très comique apparement. Il s'assoit, il bougeotte sur sa chaise mais reste muet.

—    Vous vouliez me parler ?

Il se passe la main dans ses cheveux et finit par prendre la parole.

THE FORGOTTEN - Tome 1 : La forêt des oubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant