THE FORGOTTEN - Tome 1 : La forêt des oubliés

Chapitre 22 : Plus de questions que de réponses ...

Après des paroles plus légères, Louis se métamorphose en cerf sous mon regard ébahi, une fois de plus. Il n'a pas voulu m'en dire plus sur les oubliés, me prétextant que c'était assez pour aujourd'hui. Et que d'autres voudraient probablement participer à mon savoir, partager avec moi un peu de leur monde. Je lui ai bien évidement fait remarquer qu'avec le Grand et Haut seigneur Mistigri dans le coin, peu d'entre-eux vont braver l'interdit. À mes paroles sarcastiques et geignardes, son regard a pris une lueur de conspiration, en même temps que des effluves d'espièglerie se sont mis à s'élancer dans les airs autour de son corps.

Je mettrais ma main au feu que ce filou prépare quelque chose. Avec tout ça, j'oublie complément mes déboires, me concentrant un peu plus sur ce monde mystérieux et caché au yeux de tous que m'a fait entre apercevoir, Louis. Ma curiosité piquée à vif est à son comble. J'ai tellement de pensées qui me trottent dans la tête, que j'éprouve presque de l'étourdissement. Mon esprit scientifique peine à appréhender de toute cette magie, remettant en questions tout mon savoir, et mes certitudes sur la vie.

Retournant au chalet, plus guillerette qu'à l'allée, je me prends à imaginer ma vie ici. Il faudra que je trouve du travail car mes derniers euros en liquide ont été laissé à cette pétasse de mouflette. En pensant tout à coup à elle, je me demande ce qu'elle est devenue, ainsi que les deux autres.

Les a-t-il tués ? J'aimerais les rencontrer, pour les confronter à ce qu'ils ont fait. Savoir pourquoi, au delà du fait que je sois humaine, ils ont essayé de me faire du mal ? D'où viennent-ils ? C'est peut-être glauque de ma part de souhaiter affronter des gens qui se sont évertués à me tuer, qui ont également échoués de très peu d'assassiner un enfant, et qui vont à leurs tours probablement mourir, oui, je sais. Mais je crois que j'ai besoin de ça pour que mon esprit s'apaise enfin et se rende compte de ce qu'il s'est réellement passé.Mon instinct ne cesse de me torturer avec ce mauvais pressentiment constant quand je repense à leurs attaques, il faut que je creuse un peu plus.

Comme si ma curiosité ne m'a pas déjà mené à ma perte dernièrement, il faut que j'en rajoute une couche ... mais tant pis, j'apprendrais de mes erreurs plus tard.

J'ai bien analysé le regard de Aydan ce soir là. Je ne crois pas qu'il les laissera en vie encore très longtemps, s'ils le sont toujours du moins.

Depuis quand l'idée de vie ou de mort ne me fait plus ni chaud ni froid ? Mon raisonnement me parait un brin trop naturelle. Cet endroit m'a quelque peu transformé en un temps record, que j'en suis abasourdie.

Revenant en pensée à l'attaque, je persévère à me poser d'innombrables questions. Reprenant un à un les faits, je me repasse en boucle les événements. Aydan les a appelé « les exclus » mais de tout évidence, la mégère n'en faisait pas parti.

Que faisait-elle avec eux ? Qu'elle est la différence entre les oubliés et les exclus ? Des genres de rebuts de leurs sociétés ? Cela m'en a tout l'air. Mais comment cerner tout ce mic-mac ? Je ne vais certainement pas me rabaisser et aller voir une fois de plus le Grand Manitou, Seigneur, Oh combien détestable, et arrogant de cet univers pour avoir de nouvelles explications. Je me suis cassé le nez une fois, on ne m'y reprendra plus.

À l'approche du chalet, j'aperçois Gwen repartir vers le village.

—    Hé Gwen ! l'interpelé-je en lui faisant un grand coucou de la main.

Elle se retourne, et parcours tour à tour le chalet puis moi d'un regard se faisant suspicieux puis étonné. Elle vient finalement à ma rencontre.

—    Je suis contente de te voir, tu vas bien ? lui demandé-je, soucieuse d'avoir de ses nouvelles depuis ma petite crise existentielle.

Elle prend un air ébahi, comme si elle ne comprenait pas mes mots. Où cela vient-il peut-être de ma réaction trop enjouée ? Avec Gwen on sait jamais à quoi s'attendre, je ne sais même pas si elle m'apprécie vraiment, en fait.