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- Ce serait dommage de mourir avant d'avoir pu t'embrasser.
- Ce serait dommage que tu meurs tout court.
- Je te manquerai ?
Il me donne une pichenette sur le front.
- Oui imbécile.
On sourit comme des idiots quelques secondes, avant que je ne me rendes compte du contexte particulier.
- Pourquoi on est là sinon ?
Il semble sortir d'une sorte de transe, secoue la tête.
- J'abandonne.
Un blanc. Mon cerveau ne fonctionne plus.  J'ouvre la bouche, la referme.
Il rit.
Il se fout de moi ce con.
Mais putain je l'aime.
Je ne savais pas que j'étais aussi vulgaire. Et niais.
Si. Si je savais en fait.
Bref.
Il abandonne.
Donc j'ai gagné. Je ne pensais pas que c'était possible, je n'avais même pas envisagé l'idée depuis au moins cinq chapitres.
Et il me regarde, son sourire timide faisant ressortir une douce faussette.
Et je me rends compte que je n'ai toujours pas répondu. Et qu'il attend.
Alors je pose l'une de mes mains sur sa joue, l'autre à la base de sa nuque. Doucement, mes lèvres frôlent les siennes. Une décharge électrique traverse mon corps, le sien aussi si je lis bien son regard. Il fait froid je crois, j'ai oublié ma veste. Mais je ne send pas la morsure de l'hiver, seulement sa chaleur. Il passe ses bras autour de ma taille, je cale ma tête au creux de son cou. Il est plus petit que moi. On reste comme ça un long moment. J'aimerais qu'il neige.
Et puis, un chuchotement de ma part nous réveille :
- Je t'aime. Je ne sais pas si j'ai vraiment gagné. On s'en fiche non ? Je t'aime.
Sa prise sur moi se ressert. Il me répond, lui aussi d'un chuchotement; sa voix est basse et rauque à mon oreille, je frissonne.
- Oui, on s'en fiche. Je t'aime aussi.
Et, en fermant les yeux, je peux presque sentir les flocons de neige s'étaler et fondre sur ma peau, leur fraîcheur contrastant avec la chaleur des bras qui m'enserrent.
Et je suis heureux.
J'aurais presque pu m'endormir, si je ne m'étais pas soudainement souvenu que je ne connais pas son nom.
J'allais lui demander quand il m'a dit :
- Tu veux sortir avec moi ?
Et j'ai bugué, j'ai honte, ce chapitre ne me met pas du tout à mon avantage, mais ça fait beaucoup trop d'émotions pour moi là.
J'ai réussi je ne sais comment à hocher la tête, et il a sourit.

(Il m'a raccompagné chez moi, et j'étais trop loin au pays des bisounours pour me rappeler que je ne connais pas le p*tain de prénom de mon petit-ami. Héhé, mon petit-ami.)

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