9 - FACES OF THE PAST

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février 1943, france

Dehors, la pluie tombait. Je l'observais faire, inlassablement, par la fenêtre de la Jeep qui m'emmenait, moi et mon régiment. Stan, à côté de moi, me lançait des petits regards qu'elle pensait discrets. Ils ne l'étaient pas.

Je savais que je lui faisais peur. Elle avait l'impression que je pouvais craquer à tout instant. Quelque part, c'était vrai. J'étais sur le point de craquer, de partir en vrille. Mais pas de la façon dont elle l'entendait.

On nous formait à ne pas attendre le retour de nos êtres chers, lorsqu'ils étaient portés disparu. Qu'on pouvait aussi bien les considérer comme morts.

Avant, j'avais trouvé ça logique. La meilleure chose à faire pour avancer. Maintenant que j'y avais été directement confrontée, je me serais bien giflée.

J'allais craquer—j'avais sans doute déjà craqué. A l'instant même où j'avais retrouvé mes esprits.

Parce que je m'étais mise à espérer le retour de James.

— On est arrivés.

Je me tournais vers Stan, le regard vague, et hochait la tête. Elle me fit un sourire qu'elle voulait réconfortant, mais j'étais totalement apathique.

J'avançais sans vraiment faire attention où j'allais, fouillait le visage d'inconnus dans l'espoir de croiser un regard que je connaissais, mais rien. La douleur augmentait, mais l'espoir n'en démordait pas.

J'écoutais à peine le briefing du colonel, le regard hagard et l'esprit concentré sur le même point depuis un mois. Même la pluie qui trempait mes vêtements et collait mes cheveux à ma peau ne me faisait ni chaud ni froid.

Les mots ne pouvaient pas exprimer à quel point—

— ...le Sergent James Barnes du 107ème régiment d'infanterie.

Mes talons tournèrent d'eux-mêmes dans la boue, et mon regard se fixa sur un homme, grand, blond, musclé, se tenant devant le colonel Philips. Ma vision floutée par la pluie, je m'avançais d'un pas qui n'avait pas été aussi déterminé depuis des semaines vers l'homme, son visage me rappelant vaguement quelque chose.

Alors qu'il allait dire quelque chose à son supérieur, son regard croisa le mien, et je me figeais. Mes yeux se plissèrent, et je chassai les gouttes qui s'y trouvait maintenant que j'étais à l'abri, histoire d'être sûre que je voyais bien.

Les regards de la femme et du colonel convergèrent vers moi, mais j'étais trop sous le choc pour bouger, ma bouche entrouverte, et mes sourcils atteignant la racine de mes cheveux.

Steven ?

Il avait l'air étonné, mais certainement moins que moi. La dernière fois que je l'avais vu, il faisait vingt kilos tout mouillé. Maintenant...

Eh bien, maintenant, il faisait deux fois ma taille. En longueur, et en largeur.

— Steve, corrigea-t-il.

J'écarquillais d'autant plus les yeux. Même sa voix avait changé.

— Hum, je...

Je secouais la tête.

— Peu importe. Pourquoi tu parlais de James ?

— Oh, y en a deux maintenant.

J'ignorais la remarque du Colonel et me plaçait aux cotés de Steve—je me poserais des questions à son sujet plus tard.

— Que lui est-il arrivé ? demandai-je d'une voix pressante à la figure d'autorité.

Mon cœur faisait des embardées puissantes dans ma poitrine.

timeless ── bucky barnes¹Where stories live. Discover now