3

794 48 1
                                    

Kai termina sa bière d'une gorgée et fit signe à la serveuse de lui en apporter une autre avant qu'il ne reporte finalement son attention sur Valentina. Elle était à quelques mètres de lui, sur la piste de danse. Elle se balançait au rythme endiablé de la musique, ses cheveux virevoltaient autour de son visage à chacun de ses pas, certaines mèches s'étaient collées à sa peau couverte d'une fine pellicule de sueur mais elle semblait s'en moquer. Elle ne semblait pas non plus remarquer les nombreux hommes qui avaient commencés à se rapprocher d'elle, l'alcool leurs ayant donné le courage nécessaire pour finalement s'approcher. Non, Valentina restait fixée sur celui qui la faisait danser inlassablement depuis près de deux heures maintenant.

Ils avaient entrepris leur folle aventure quelques semaines auparavant, et depuis une semaine, ils faisaient escale à Cuba, pour le plus grand plaisir de la rouquine qui le traînait tous les soirs dans ce même club où elle dansait infatigablement avec le même cubain qui avait déclaré pas plus tard que la veille qu'elle était sa nouvelle muse. Son partenaire lui murmura quelque chose à l'oreille avant de finalement l'abandonner sur la piste. Un autre homme n'attendit pas bien longtemps avant de tenter sa chance, Kai le vit poser une main imprudente sur la cuisse de Valentina et depuis son siège, il vit le malheureux grimacer de douleur lorsqu'elle empoigna fermement ses doigts. Il crut un bref instant qu'elle allait lui briser la main, mais au lieu de ça, l'homme hocha vaguement la tête avant de s'éclipser. Cet incident sembla marquer la fin de son amusement puisqu'elle se fraya un passage entre les corps endiablés des autres danseurs pour le rejoindre. Sans lui demander son opinion, elle s'empara de sa bouteille et but une gorgée de sa bière avant de grimacer et la lui rendre. Elle chassa une mèche qui lui retombait devant les yeux avant de se tourner vers lui, un brin accusatrice.

- Tu es resté là toute la soirée ?

- Qu'est-ce que tu aurais voulu que je fasse ?

- Que tu t'amuses, Kai.

- Tu t'es bien assez amusée pour deux.

Elle se releva d'un geste fluide et lui attrapa la main pour le tirer hors du club. Ils récupérèrent leurs affaires au vestiaire et s'extirpèrent du bâtiment. Le vent frais les accueillit et il la vit resserrer, par réflexe, sa veste noire autour d'elle, ils savaient tous les deux que le froid ne la dérangeait pas. Les pans de sa longue robe imprimée de motifs floraux s'écartèrent sous une nouvelle bourrasque de vent, dévoilant sa jambe jusqu'au haut de sa cuisse mais elle ne tenta pas de la remettre en place. Son attention était déjà accaparée par autre chose, sur les quelques mètres qu'ils avaient parcouru, ils avaient croisés quelques touristes complètement ivres, appuyés contre le mur dans l'espoir de ne pas s'affaler sur le sol. Kai remarqua sa façon de les scruter, s'attardant sur chacun d'eux, le regard noir.

- Ce serait tellement simple. Soupira-t-elle.

- Quoi ?

- De prendre un encas. Rétorqua la rouquine en haussant les épaules. Ils sont tellement ivres que je n'aurais même pas besoin de les hypnotiser.

- Alors pourquoi tu ne le fais pas ?

Elle tourna la tête vers lui, sourcils froncés et lèvres pincées, lui renvoyant une moue contrariée qu'il commençait à connaître.

- Je ne fais plus ça. Et on en a déjà parlé. Siffla-t-elle.

- Et je n'ai toujours pas compris pourquoi.

- Le minibar est suffisant fourni.

- Tu ne peux pas lutter contre ton instinct.

- Je croirais entendre Kol.

Il pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où elle avait prononcé son prénom. Kol était devenu un sujet tabou, c'était un prénom qu'elle ne prononçait plus depuis des semaines, et le fait de l'entendre sortir de sa propre bouche sembla éveiller en elle une profonde colère qu'elle était parvenue à refouler jusqu'à présent.

- Il y a au moins un point sur lequel nous étions d'accord, alors. Rétorqua Kai en ignorant son regard noir de colère.

- Vous êtes pareils, tous les deux. La seule chose qui vous a empêché de vous entendre, c'est votre égo. Deux sociopathes dans la même maison, c'était mission impossible.

- Outch. Plaisanta-t-il en posant une main sur son cœur. Là je suis blessé.

- Blessé ? Répéta-t-elle en ricannant.

Elle n'eut cependant pas le temps de lui lancer une autre remarque acerbe, Kai attrapa brusquement son poignet, la forçant à s'arrêter et à lui faire face. Il planta ses yeux dans les siens et avança vers elle jusqu'à la dominer de toute sa hauteur. Et elle comprit que sa remarque l'avait probablement un peu blessée.

- On sait tous les deux que je ne suis pas comme lui. Gronda-t-il.

- Tu n'es pas blessé, Kai. Tu es vexé. Nuança-t-elle. Je croyais que tu étais un grand fan de Kol Mikaelson ? Je pensais que ça flatterait ton égo d'être comparé au maître incontesté.

- J'ai appris à connaître le personnage à Rio. Et maintenant que je le connais, je me demande si tu n'es pas restée avec lui toutes ses années parce qu'il te rappelait le mari qui t'a battu à mort quand tu étais encore humaine, sauf que cette fois, tu pouvais encaisser. On dirait que les habitudes ont la dent dure, Valentina.

Ces paroles lui firent l'effet d'un coup de poing. Elle se recula brusquement, ses lèvres s'entrouvrirent sous le choc de ce qu'il venait de lui dire, et sa colère s'évanouit aussi rapidement qu'elle était apparue, pour faire place à une toute autre émotion.

- Ça, ça fait mal. Souffla-t-elle.

Le regret qu'elle lut dans ses yeux ne suffit pas à effacer les mots qu'il avait prononcés. D'un geste brusque, elle le força à lâcher son poignet et elle tourna les talons pour reprendre sa route vers l'hôtel dans lequel ils séjournaient. Elle n'avait fait que quelques mètres quand elle entendit les pas précipités dans son dos.

- Attends ! L'arrêta Kai en attrapant fermement son bras. Attends-moi.

- Pourquoi ? Pour que tu puisses continuer à te défouler sur moi ?

- Arrête...

- Parce qu'après tout, étant donné que tous les hommes de ma vie n'ont fait que me malmener, je devrais continuer sur cette lancée, en acceptant que tu t'y mettes ?

- Je n'ai jamais levé la main sur toi. Rétorqua vivement Kai.

- Tu ne pourrais pas me blesser même si tu le faisais. Souffla-t-elle. Je suis une dure, Kai, j'ai appris à encaisser.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire et tu le sais.

- Tu voulais me blesser et tu l'as fait, bien joué. Tu as réussi.

- Tu m'as traité de sociopathe.

- Mais tu es un sociopathe ! S'écria-t-elle. Regardes-toi ! Tu n'aimes personnes, tu ne sais même pas ce que c'est d'aimer quelqu'un ! Je suis sûre que tu devrais aller vérifier la définition du mot amour sur Google. Bon sang Kai, regardes-toi.

- C'est faux.

- Oh je t'en prie. S'agaça-t-elle en lui tournant à nouveau le dos.

- Tu as tort. Rétorqua-t-il dans son dos. Et tu le sais.

- Et comment je pourrais le savoir ?

- Si c'était le cas je t'aurais laissée rester misérable à Rio à attendre que tu te dessèches pendant que Kol vit sa vie sans se préoccuper de toi.

- Tu ne vas pas recommencer à...

- Je... Je tiens à toi. Avoua-t-il presque péniblement.

- Tu tiens à moi ? Répéta-t-elle.

- Et c'est difficile. C'est difficile pour moi tu comprends ?

Et Valentina comprenait. Elle comprenait combien ça pouvait lui coûter de se retrouver face à cette nouvelle situation, avec tous ces nouveaux sentiments qu'il devait ressentir à cause de son frère. Ils devaient l'assaillir de toute part et elle devait avouer qu'il s'en sortait bien. Il faisait des efforts pour être différent, pour devenir quelqu'un de meilleur, et Valentina ne pouvait qu'admirer sa persévérance.

- Je comprends, Kai. Assura-t-elle en hochant la tête. Je comprends.

Loving him is redWhere stories live. Discover now