44 - K.

26 4 0
                                    

Depuis la réunion, le temps passe lentement pour moi. J'attends avec impatience les séances d'enregistrement. Tout ce qui pourrait me sortir Anabeth de la tête, pour être honnête, serait le bienvenu. Mais rien ne se passe au loft. Mike passe plus de temps à l'appartement d'Adam qu'ici, et Spencer et Calypso sont chez eux. Et moi, je tourne en rond comme un lion en cage, essayant d'oublier celle que j'essaye désespérément d'oublier.

Je décide de ranger le bordel que j'ai mis durant ces deux dernières semaines. Et je retrouve la lettre que j'ai écrite à Anabeth, le lendemain de notre rupture, je crois. Je la relis et je me rends compte que mes sentiments ont changé. J'essaye toujours de l'oublier, mais je comprends. Elle a dû faire un choix, c'était elle ou moi, et il est tout naturel qu'elle se soit choisie.

Alors je décide d'en écrire une deuxième. Dans laquelle je dis que je la laisse partir. Que je comprends. Que je ne lui en veux pas. Qu'elle aura toujours une place dans mon cœur, parce que mon « toujours » quand nous le disions a été sincère à chaque fois.

Pris d'inspiration, j'écris, j'écris, j'écris encore. Et en relisant cette seconde lettre, je me rends compte que finalement, elle mériterait de la lire. Mais elle ne marche pas sans la première. Et puis je ne veux pas la forcer à penser à moi si elle m'a déjà oublié. Malgré tout, je cherche un endroit où je pourrais la lui laisser.

Une idée m'apparait soudain et, après avoir écrit un petit mot pour lui expliquer si jamais elle les trouve, j'attrape mon manteau, mon écharpe, et file vers le métro. Je cours vers la bibliothèque, comme si ça allait changer quelque chose. Puis arrivé devant l'imposant bâtiment de béton, je ralentis. Si je la croise ? Que vais-je lui dire ? Comment réagir ?

Je suis tellement plongé dans mes pensées que je manque de percuter quelqu'un. Mais tout me rappelle Anabeth, et je fais à peine attention à la personne que j'ai bousculée. Enfin, j'arrive au rayon de la littérature romantique du XIXe siècle.

Je prends une profonde inspiration en tirant Orgueil et Préjugés de son rayonnage. Notre livre. Celui avec lequel tout a commencé. Finalement, je n'en ai jamais terminé la relecture. Je pensais avoir trouvé ma propre Elizabeth Bennet dans la vraie vie. Je pensais.

Je soulève la couverture et sourit en retrouvant le mot que j'ai laissé il y a quelque mois, celui qui a tout commencé. J'ai toujours ses lettres, je les garde dans une boite dans ma chambre. Il faudrait peut-être que je m'en débarrasse, maintenant qu'elle a mis un terme à « nous ».

Je souris, un peu triste, et tire de ma poche le feuillet manuscrit pour lequel je suis ici. S'il y a bien une personne qui peut le trouver, c'est Anabeth.

Je referme la couverture et replace l'ouvrage dans son emplacement. J'ai l'impression de tourner une page, un peu. Dans une bibliothèque, comme quoi la vie est vraiment ironique parfois.

Le cœur un peu plus léger, je me dirige vers la sortie. A l'extérieur, je souris en sentant le soleil de janvier chauffer ma peau. J'aurai toujours des sentiments pour elle, je crois. Cependant, maintenant que j'ai compris et accepté ses raisons, il me semble plus facile de la laisser s'en aller, ce que je n'ai malgré tout pas encore totalement fait.

Only if you areWhere stories live. Discover now