𝖘𝖔𝖎𝖝𝖆𝖓𝖙𝖊

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"À quoi bon se battre? Cela ne ramènera jamais nos morts. Mon frère est parti pour de bon." La voix faible et désemparée du jeune chasseur du clan résonne dans la grotte, sa phrase est comme une bombe qui vient d'être lâchée sur leurs têtes. Elle laisse un goût amer de vérité à travers leurs gorges, et personne n'ose briser le silence qui s'en suit, mis à part ses sanglots étouffés par Jaemin qui fait de son mieux pour consoler l'inconsolable.

Plus rien n'est sous contrôle. Seul la haine et la tristesse dicte leurs faits et gestes, et ne les divisent plus qu'autre chose. Les plus téméraires veulent se venger, les plus désemparés veulent mourir, et les plus réalistes sont résignés. "On a tout perdu."

"Je vous interdit formellement de dire ça."

La soudaine prise de parole du chef de meute fait taire tout commentaire, et les yeux du village se braquent maintenant sur l'homme à la chevelure rouge écarlate qui, après un très long silence, reprend la parole, faisant face à sa meute.

"Ces scélérat nous ont enlevé notre futur, notre progéniture, notre raison de vivre. Cela va de soi que beaucoup d'entre nous mettent un point d'honneur à ce que vengeance soit faite, et que d'autres aient perdu tout espoir."

"Cependant, l'heure n'est pas aux lamentations. C'est triste à dire, et impossible à faire, mais je vous le demande: prenez sur vous. Contenez cette rage qui vous envahit tout autant que moi, et faites-en une force qui vous servira en temps voulu. Pour l'heure, il est de notre devoir de faire honneur à nos défunts en les enterrant comme il se doit, et de prier la lune pour que leurs âmes reposent en paix."

Le regard du chef de meute s'assombrit. "Suite à ça, Jisung, tu accomplira une tâche que je te communiquerait tout à l'heure." L'interpellé hoche la tête, soudainement curieux suite à la mention de cette dite "tâche". "Bien. Une fois cela fait, le village s'engagera à prendre notre revanche sur cet affront que l'on vient de subir."

"Nous ouvrirons la guerre au clan ennemi."

Malgré le coucher de soleil radieux à l'extérieur, cette annonce vient de lancer un froid glacial dans la grotte, les têtes prenant conscience de la gravité de la situation. "Et je ne parle pas seulement de leur faire subir ce qu'ils nous ont fait subir, non."

"Je parle de tous les décimer une bonne fois pour toutes, s'ils ne coopèrent pas."

•••

Jisung pénètre la chambre de Chenle, sans avoir préalablement toqué, bien évidemment. Le blond est assis au bord de son lit, la tête entre ses mains encore tremblantes de la veille. Il ne relève même pas les yeux vers le nouvel arrivant, sachant pertinemment qu'il s'agit de son ami.

"Tu vas un peu mieux?" Le loup demande d'une voix douce, ne voulant pas trop brusquer le jeune chinois qui était au bord de la catatonie il y a quelques heures à peine. Pour seule réponse, il obtient un "non" de la tête, celle-ci toujours appuyée contre ses mains qui ont essuyé bon nombre de larmes à ce jour. Le brun souffle, inquiet pour sa santé mentale, avant de s'asseoir délicatement à ses côtés afin de ne pas l'effrayer avec de trop grands gestes.

"T'as réussi à dormir?" Honnêtement, il connaissait déjà la réponse à cette question. La veille déjà, impossible pour lui de fermer l'œil. Jisung était resté à son chevet toute la nuit pour le surveiller au cas où quelque chose n'irait pas, et pas une seule seconde il a réussi à s'endormir. Alors il est resté, et c'était la nuit blanche la plus longue qu'ils ont jamais vécu.

Chenle relève finalement la tête, dévoilant ses yeux gonflés par les larmes, ses cernes tirant sur le violet et son teint blanc comme un linge. "C'est impossible. Dès que je ferme les yeux, je les voit tous par terre, sans vie..."

"Je vois leurs membres décapités, leurs trous béant dans leurs petits estomac d'enfants... c'était des enfants, Jisung." Le blond marmonne de sa voix pâteuse, n'ayant rien bu ni mangé depuis la veille. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé. À chaque bouchée, il revoyait cette horrible scène où il a écrasé par accident le crâne de l'un d'entre eux. Il pouvait entendre ses os craquer, ses yeux exploser, sa peau se déchirer... Et il vomissait encore.

"Je sais, Chenle. Je sais." Le brun passe une main sur sa taille avant de se blottir dans le cou du blond qui pleure silencieusement, une nouvelle fois. "Mais tu dois rester fort. Ca me fait si mal de te voir dans cet état, si tu savais." Le loup retient ses larmes comme il le peut, s'interdisant de pleurer face à lui.


DERNIÈRE PARTIE DANS QUELQUES INSTANTS

ᴡᴇʀᴇᴡᴏʟᴠᴇs | ᴄʜᴇɴsᴜɴɢOù les histoires vivent. Découvrez maintenant