L'amour à quelques larmes de toi

2- La lionne

Un léger frisson parcourt ma colonne vertébrale, provoqué par la tempête déboulant dans toute la pièce, faisant j'en suis sûre, complètement refroidir mon café brûlant... Comment est-ce possible que cette femme aussi coupante qu'une lame de rasoir soit ici ? Je pensais pourtant ne pas la revoir de si tôt mais ce fichu destin en a décidé autrement. A première vue, la brune en face de moi à l'air tout aussi étonnée que ma personne pendant quelques instants avant de remettre son masque implacable.

-Je peux savoir ce que vous faites ici ? La questionnée-je en avançant à peine quelques centimètres d'elle.

-Je pourrais vous posez la même question. Sa réponse se fait aussi froide et tranchante que sa prestance.

Nous nous regardons, fixant l'autre dans le blanc des yeux avec un regard rempli de défi. Aucune de nous deux ne veut flancher la première. Puis après un long moment, elle vient se rapprocher de moi, tapant le parquet de ses sombres talons, remplissant de façon régulière la salle de sons courts et rapides.

-Je pensais pourtant vous avoir bien dit que si nous nous retrouvons, vous aurez affaire à moi. Vous n'avez donc pas compris, mademoiselle... ? Ses yeux viennent me regarder de haut en bas, me dévisageant en long et en large.

-Mademoiselle Cavilli. Il faut dire que j'aime prendre des risques, mademoiselle... ?

-Madame Suárez, vient-elle me corriger avec un sourire carnassier planté aux coins des lèvres.

Un long silence se fait ressentir, plongeant la salle dans une ambiance électrique.

-Ne me cherchez pas, reprit-elle en me pointant du doigt. À force de trop jouer avec moi, vous allez finir par vous brûler mademoiselle Cavilli.

-C'est ce que nous verrons. Au revoir madame Suárez.

La sonnerie se fait entendre pile au bon moment. C'est en reprenant rapidement mon gobelet et en faisant un magnifique sourire à la brune que je pars en direction de ma classe. Les deux dernières heures passent beaucoup trop lentement à mon goût, causé par mon esprit qui est doucement torturé par les derniers mots prononcés par cette femme. Je me demande bien ce qu'elle pourrait bien me faire... Me tuer ? C'est une possibilité... L'heure pour moi de rejoindre Julia sonne enfin. Je range les quelques affaires traînant sur mon bureau et me dépêche de sortir du lycée pour prendre la route jusqu'au restaurant. Une dizaine de minutes s'écoulent lorsque j'arrive devant le bâtiment recouvert de pierres blanches ainsi que de végétations tombantes ici et là. J'aperçois une silhouette familière qui n'est autre que celle de mon amie. Je viens la rejoindre à sa table et lui fait rapidement la bise.

-Alors, ce début de journée ? Demande la jeune femme avec un grand sourire communicatif.

-Étrange... Et toi ?

Un serveur vient nous couper dans notre conversation, prenant nos commandes pour en suite repartir à ses occupations.

-Plutôt bien ! Comment ça étrange ? Dis-moi tout ! Ses sourcils viennent se froncer légèrement, attendant toute fois avec impatience une réponse de ma part.

-Et bien ce matin en arrivant devant le lycée j'ai à peine bousculé une femme et elle a déferlé toute sa colère contre moi. Enfin bref. Je passe à autre chose, je fais mon premier cours et tout se passe bien. C'est l'heure de la récré alors je décide de tout simplement prendre un café, tranquille tu vois ?

-Logique tu me diras.

Cette dernière vient en même temps hocher la tête de haut en bas avec un air approbateur.

-Donc mon café coule lorsque brutalement, la porte s'ouvre et devine qui c'est.

-La femme que tu as rencontré ce matin ! Dit-elle tout euphorique.