Chapitre 5

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L O U I S 


Aujourd'hui, c'est mon anniversaire.

J'aurais préféré que ce ne le soit pas, que ce soit un jour comme tous les autres. Parce que cette année, mon anniversaire n'est pas un jour de fête.

Dès que j'ouvre les yeux tôt ce matin, ma gorge me fait mal, j'ai envie de pleurer. J'ai l'impression qu'on me lacère le coeur aussi. Mais pas comme quand Harry est près de moi. D'une manière bien plus douloureuse, bien plus horrible, bien moins agréable.

Je reste allongé en boule sur mon lit, j'ai mal, tellement mal. Pourtant, il n'y a aucune larme qui s'échappe de mes yeux. Pas une seule.

Au bout d'une heure, ou alors deux ou trois, je me rendors. Puis me réveille de nouveau, vers onze heures. Je me lève rapidement, peut-être trop parce que des tâches noires m'empêchent de voir correctement pendant quelques secondes. J'enfile les premiers vêtements qui me viennent sous la main. Quand je sors de ma chambre, ma mère, assise dans le canapé, fronce les sourcils en me voyant. Je dois avoir les yeux bouffis.

— Tu t'en vas déjà ? On aurait pu faire quelque chose pour ton-

— J'ai pas envie. On en a déjà parlé.

Elle acquiesce, à contre-coeur. C'est dingue comme son visage laisse toujours transparaitre ce qu'elle ressent. J'aimerais qu'il ne le fasse pas, parce que je n'en peux plus de me prendre ses émotions en pleine face.

— À ce soir !

Je ferme la porte d'entrée derrière moi avant de pouvoir entendre sa réponse.

Je prends le métro. Il fait un peu froid aujourd'hui et je ne me suis pas vraiment couvert. Tant pis. Le ciel est menaçant, j'ai l'impression que les nuages gris vont s'abattre sur nous. Je préfère quand il fait beau. J'ai la profonde conviction que tout va mieux quand il y a du soleil, même Charles Aznavour l'a dit.

Je ne sais pas trop où aller. Harry travaille. Je me rends compte que j'ai du mal à passer à rester seul ces derniers jours, je veux qu'il soit là tout le temps. C'est malsain, mais c'est comme ça.

J'arrive dans la rue du supermarché sans même le vouloir. Mes pieds connaissent le chemin par coeur, comme portés par le vent frais qui souffle son haleine dans mon dos. J'entre et je me dirige vers Harry. Il ne finit pas avant plusieurs heures, mais il ne dira rien si je le dérange quelques secondes.

Il fait une drôle de tête en me voyant. J'aurais vraiment dû passer mon visage sous l'eau froide. Il ouvre la bouche pour me demander si ça va, je le coupe en lui disant que oui. Il se mord les lèvres. Je crois qu'on déteste tous les deux cette question.

Il me demande ce que je fais là, je réponds que je passais dans le coin. Bien sûr, je ne lui dis pas qu'il me manquait déjà.

Il me dit qu'il ne finit pas trop tard aujourd'hui, je souris, soulagé. Bien sûr, je ne lui dis pas que c'est mon anniversaire.

Pour faire passer la journée, je marche plusieurs heures dans Paris, j'use encore un peu plus mes converses, je m'arrête à certains endroits pour dessiner. Je crois que j'en ai vraiment marre des paysages de Paris. C'est une ville magnifique, que je ne me lasse pas de contempler et de découvrir encore, mais j'ai besoin de voir autre chose. De vivre autre chose, une dernière.

Enfin, il est l'heure qu'Harry termine sa journée. Je ne sais pas trop pourquoi, mais il me parait encore plus beau aujourd'hui. On se balade un peu dans les rues, pour se réchauffer je crois, parce qu'on a tous les deux froid. On finit par entrer dans des magasins même si on a l'argent pour rien acheter. Harry me dit que de toute façon il n'a besoin de rien d'autre que d'un carnet et d'un stylo. Je lui dis que c'est pareil pour moi avec une feuille et un pinceau. Je ne dis pas que peut-être j'ai besoin de lui aussi, un peu.

Our Eternity - Larry StylinsonWhere stories live. Discover now