Chapitre 15

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H A R R Y


Les jours qui suivent sont certainement les pires que je connais depuis ces derniers mois. Je pensais que ça me ferait du bien de tout raconter à Louis, et je crois que ça a été le cas, d'une certaine manière, même si mes cauchemars sont de plus en plus virulents. Mais depuis ce soir-là, j'ai l'impression que quelque chose a changé, qu'une lueur différente que je n'aime pas ternit les yeux de Louis. Il ne ressent plus le même bonheur qu'avant quand on coche des choses de sa liste; je le vois mais je ne dis rien. Il ne met plus la même tendresse dans ses gestes quand on fait l'amour; ça me donne envie de pleurer à chaque fois. C'est comme si j'étais sale à nouveau, qu'il avait honte de moi. Je n'aurais jamais dû lui dire, je pense. Si je me retrouve seul comme je l'étais avant, je ne pourrai m'en vouloir qu'à moi-même. Pas à Louis. Mais bon, je n'en parle pas. Je laisse seulement mourir mon coeur un peu plus.

Comme si la situation n'était déjà pas assez horrible, Louis est malade, encore. Il me dit que ça va, mais qu'il est juste vraiment fatigué, alors quand on arrive à Nice, on passe plusieurs jours dans la chambre. Je suis allé me balader le long de la plage tout seul, mais ça n'a pas la même saveur, sans lui. L'odeur de la mer semble moins forte et les vagues plus lasses. À nouveau, je veux appeler un médecin, mais Louis insiste sur le fait que ce n'est pas la peine. Moi, je pense que si, mais je ne l'oblige pas parce que je connais le sentiment insupportable d'être forcé à quelque chose. Je lui fais confiance.

On est dans un petit hôtel à l'entrée de Nice, au bord d'une route vraiment moche et déserte. Il a l'air d'aller un peu mieux. Il s'est assis pour dessiner, alors c'est un début.

— On sort ce soir ? je demande après plusieurs minutes passées à regarder son crayon bouger. Je commence à m'ennuyer.

Il hausse les épaules sans cesser son activité.

— Je t'ai dit que tu pouvais te promener sans moi, Harry.

— Ça répond pas à ma question.

— Si tu veux.

Je soupire.

— C'est pas si je veux, il faut que t'en aies envie aussi.

Il relève enfin la tête. Il la secoue un peu et repose son carnet et son crayon à côté de lui sur le lit.

— Désolé, je suis juste crevé, mais j'ai envie.

— T'es sûr ?

— Bah oui. Pourquoi ?

Je baisse les yeux sans répondre, me met à fixer une peluche de la couverture du lit.

— Harry.

Louis s'est penché vers moi et il m'attrape le menton. Il redemande doucement:

— Pourquoi ?

Son toucher est délicat, son regard doux. J'essaie de m'en imprégner, parce que ça m'avait vraiment manqué.

— Tu m'écoutes ?

Il retire ses doigts. Je suis déçu.

— Oui, désolé. Je sais pas... J'ai l'impression que t'as plus envie d'être là, depuis deux semaines.

J'ai l'impression que t'as plus envie d'être avec moi, depuis que je t'ai raconté.

Son front se plisse, ses sourcils se froncent.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Je me sens juste pas bien, tu sais que ça m'amuse pas non plus.

— Mais même les jours juste avant que tu retombes malade c'était comme ça, Louis. Je sais pas, j'ai l'impression que quelque chose a changé.

Our Eternity - Larry StylinsonWhere stories live. Discover now