Épilogue

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H A R R Y


Il y a une lumière blanche qui m'éblouit, m'aveugle complètement. Je ne vois plus rien autour de moi. Je ne sais plus où je me trouve.

J'ai peur, dans un premier temps, mais je me sens devenir léger, l'esprit et le corps qui flottent, et je ne me suis jamais senti aussi serein que ça.

Le temps semble s'étirer et disparaître à la fois. Tout est doux comme dans du coton, comme sur un nuage. J'ai le coeur transpercé de mille rayons lumineux.

Soudain, je me vois. Je me vois allongé dans un lit beaucoup plus âgé, et ça ne m'effraie même pas parce que j'ai l'esprit complètement apaisé. Il me semble que je n'ai plus rien à craindre, rien du tout.

Je disparais à nouveau, c'est blanc encore, tellement blanc comme une épaisse couche de neige fraîche sur laquelle personne n'a marché.

J'ai l'impression de voler sans faire le moindre effort, ailes invisibles dans mon dos qui me portent. 

Après un instant qui semble à la fois court et infini, je me retrouve assis sur une surface plane, toujours blanche. Je regarde autour de moi, je n'arrive à rien distinguer mais il y a une sorte de lumière plus intense que les autres au loin.

Je me lève, je marche un peu, je ne sais toujours pas où je suis mais c'est comme si je connaissais le chemin par coeur, comme si j'étais irrémédiablement guidé là où je devais me trouver.

J'arrive à la lumière. Il n'y a toujours rien, alors j'attends parce que je sens que c'est ce qu'il faut que je fasse. Je regarde autour de moi, tout est blanc, un immense vide rempli, infini.

Jusqu'à présent, je ne sentais rien, mais mon odorat semble revenir soudain, il y a une odeur douce qui vient s'immiscer dans mes narines. Elle me fait sourire. Je suis certain de connaître cette odeur, une odeur sucrée, mélange de vanille et de miel, mêlée à celle du soleil qui fait rougir la peau. L'odeur de la maison.

Je reste là, un léger sourire dessiné sur le visage, les yeux toujours un peu plissés, quand soudain, je sens une main se poser sur mon épaule. Ce toucher, léger et ferme et rassurant, il ne peut appartenir qu'à une seule personne.

Je me retourne. Je ne suis même pas surpris, parce que bien sûr que c'est lui, que je devais retrouver. Bien sûr que là où je dois me trouver, c'est là où Louis se trouve.

— Tu m'as manqué, il dit, ses yeux bleus pétillants au milieu de tout le blanc, comme les vagues d'un océan qui scintillent sous le soleil au zénith.

Sa voix, mon son préféré. Elle est toujours aussi belle, encore plus claire et douce qu'auparavant.

— Toi aussi, tellement.

Je m'avance vers lui pour le prendre dans mes bras. Il me serre. J'enfouis mon visage dans sa nuque et ses cheveux à peine naissants m'effleurent le bout du nez. C'est comme si on ne s'était jamais quittés. 

On reste comme ça longtemps, et je finis par reculer juste parce que je veux encore voir ses yeux, sinon je n'aurais jamais quitté ses bras et son cou.

— T'es beau, je murmure.

Ça sort de ma bouche naturellement, parce qu'il l'est tellement. Il a le visage qu'il avait quand je suis tombé amoureux, sans trace de maladie, de fatigue, les joues bien remplies, la peau lisse, les cheveux soyeux. L'air en pleine forme et reposé. C'est dingue comme il est beau.

— Et toi, alors ?

Il rit un peu, il avance sa main jusqu'à mon visage, m'effleure la joue. Son pouce chaud sur ma peau rosée. Mouvements circulaires qui descendent le long de ma mâchoire puis qui vont dans mes cheveux.

— Tu t'es tellement bien débrouillé. Je savais que tu y arriverais, j'ai jamais douté de ta force.

— Tu m'as vu ?

— Oui. Tu as été parfait. Le plus parfait de tous.

Je souris. J'attrape sa main et j'embrasse le bout rond de son pouce en le regardant dans les yeux. Tout est chaud à l'intérieur de moi, je ne me suis jamais senti aussi serein et heureux.

— C'était long ? je demande.

— Non. Le temps ne compte pas ici, mais j'avais hâte que tu viennes.

— Moi aussi j'avais hâte.

Là, je l'embrasse, je l'embrasse pour la première fois et pour la dixième de centaine de fois, je retrouve toutes les sensations qui s'agitent dans mon estomac. C'est trop bon, lent et alangui d'amour.

— Je t'avais promis que je reviendrai t'embêter ici. Tu te souviens que je te l'avais promis ? je souffle contre ses lèvres.

— Bien sûr que je me souviens. J'ai toujours cru à cette promesse. Mon coeur savait.

Le mien aussi savait. C'était impossible qu'on ne se retrouve pas.

— Viens, j'ai plein de choses à te montrer.

Il me prend par la main, et au fond ses doigts n'ont jamais vraiment lâché les miens pendant tout ce temps.

— Attends, je veux t'embrasser encore.

— On a toute l'éternité pour s'embrasser.

Ma poitrine se gonfle à l'entente de cette phrase. Toute l'éternité, c'est vrai. Il m'embrasse quand même, la bouche rose étirée par son sourire.

— Allez, viens.

Je serre plus fort ses doigts entre les miens et je le laisse me guider. C'était lui la lumière.

Je jette un dernier coup d'oeil derrière moi, d'où je viens, vers la Terre, avant de me tourner à nouveau vers Louis qui me tire, juste Louis au milieu de l'infini immense et tranquille. 

On est réunis à nouveau, comme dans nos promesses. On est réunis et il n'y a plus cancer, ni douleur, ni tristesse, ni larmes. Il n'y a que l'amour. Et quand l'amour est aussi fort, l'éternité le devient aussi.

Our Eternity - Larry StylinsonWhere stories live. Discover now