Chapitre 10

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L O U I S


Je pousse la porte d'un bar, suivi par Harry.

Il est plus tard dans la nuit, on a visité un peu la ville. Les ruelles pavées sont jolies, emplies du parfum frais de la nuit et des vignes aux alentours.

Harry est terriblement silencieux depuis tout à l'heure. C'est comme si un mur s'était forgé entre nous. Ça me fait mal au coeur mais je me dis que ça ira mieux dès demain. Je ne lui ai pas parlé de... ce que j'ai vu sur sa peau. Je ne sais pas si je devrais, parce qu'il a vu mon regard, mais il a immédiatement ramassé sa serviette en changeant de sujet. Alors je crois qu'il ne veut pas en parler.

On a donc marché dans la ville en silence. Enfin, je parlais et Harry me répondait à peine. J'ai voulu attraper sa main, au moins, mais il s'est figé et m'a lancé un regard les sourcils froncés. Je me suis souvenu qu'il n'aimait pas en public. J'étais déçu quand même.

On pénètre à l'intérieur du bar, plongé dans une obscurité tamisée de néons rouges et bleus, empli d'une forte musique désagréable à mes oreilles. Il est déjà bondé de monde. Une climatisation souffle au plafond. L'odeur de tabac et d'alcool vient immédiatement me sangler la gorge et me piquer un peu les yeux.

C'est Harry qui a voulu venir ici. Ça ne lui ressemble pas parce qu'il déteste les endroits comme ça d'habitude, mais je n'ai pas répliqué.

On se dirige vers le comptoir, en contournant les personnes qui boivent et s'agitent sur notre passage. Il y a deux sièges qui sont vides.

— On s'assoit ? je demande à Harry en hurlant presque pour me faire entendre.

Il hoche la tête, le visage toujours fermé.

Je m'installe sur un siège qui est dur sous mes fesses, Harry m'imite en lançant des regards autour de lui. Il n'a pas l'air très à l'aise. Je comprends qu'il n'a vraiment pas envie de me parler ni même de me voir quand il croise les bras sur le comptoir et garde la tête tournée, perdant son regard sur les verres devant lui, le dos courbé. Je l'imite alors. Je me dis que si les gens autour de nous nous regardaient, ils penseraient qu'on ne se connait même pas. Ça me rend triste.

Un serveur, qui a l'air très jeune, d'une vingtaine d'années, en chemise blanche, s'approche de nous. Il s'adresse à moi d'abord:

— Vous souhaitez boire quelque chose ?

Je jette un coup d'oeil vers Harry. Il ne me regarde toujours pas.

— Une eau pétillante, ce sera bien.

Le serveur acquiesce, se retourne vers les bouteilles puis m'en offre une petite qu'il décapsule, avec un verre vide. Je bois immédiatement, assoiffé. L'eau est glaciale et me brûle les dents, paralyse ma langue. 

Lorsqu'il demande ensuite à Harry ce qu'il veut boire, le regard du serveur me semble changer de lueur, son sourire s'élargir. Je sens mes jambes se crisper contre le siège. Je la ressens, pour la première fois. La jalousie. Elle forme une boule dans mon ventre et me donne envie de m'asperger de l'eau glaciale que je viens de boire. C'est ridicule, sûrement. Mais je n'arrive pas à l'éloigner, décuplée par le fait que Harry ne me parle pas depuis deux heures maintenant.

Harry répond au serveur après quelques secondes qui m'ont paru durer une éternité.

— Un whisky coca.

Je fronce un peu les sourcils. Je ne pensais pas qu'il allait boire de l'alcool. Je me penche vers lui, lui tapote l'épaule. Il tourne la tête, enfin.

Our Eternity - Larry StylinsonWhere stories live. Discover now