Jour 1

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17 juin 2020

Mon cœur est brisé. Jamais de ma vie je n'ai subi un tel choc. Aujourd'hui, c'est le premier jour d'une longue série, d'une étape qui commence. En réalité ça devrait être le dixième, étrangement c'est également le premier.
J'ai l'impression, c'est même une certitude, que mon amour est fracassé. Je suis littéralement brisée de l'intérieur, comme si plus rien ne me retenait, que mon corps pourrissait de lui-même. Je ne me sens plus à l'aise, j'ai la poitrine qui s'écrase, le cœur en miette. Et ce n'est pas une hyperbole, j'ai tant donné que je ressens comme des morceaux de verres à la place de chaque partie de moi que j'ai décidé d'offrir. Chacun de ces morceaux me marquant de nombreuses plaies, certaines plus ouvertes que d'autres. Mon cœur est un vase que les histoires ont brisé. Non, c'est un vase que ma dernière histoire a brisé. Mon erreur était de le partager alors qu'il était aussi fragile qu'une coquille.
Je ne pourrai jamais plus aimer complètement. Pour moi l'amour véritable n'existe pas. Du moins, je n'y crois plus. Je pense avoir vécu dans une illusion. L'amour se crée de blessures et évolue dans le temps et les circonstances. Mais l'amour n'est pas aussi fort que l'on croit. Et comme dirait Diastème « quand l'amour est mort, il n'y a plus rien ». J'ai chéri l'amour, je lui ai accordé tant d'importance dans ma vie que je ne saurais l'exprimer par des mots et des phrases. J'ai aimé comme j'ai pu, j'ai aimé de toutes mes forces, de tout mon cœur. J'ai aimé plus que moi-même. J'ai donné plus que ma propre chair. Je me suis donnée toute entière, avec mes défauts et mes qualités, mes valeurs et mes principes, mes blessures et mon passé.
Je ne sais pas ce que j'ai fait au bon Dieu – car oui, je suis croyante – pour mériter ça. Et c'est un euphémisme. Je ne pense pas que quiconque mérite de souffrir, d'avoir aussi mal que c'en est physiquement douloureux. Mais je pense que nos actes sont des bonnes démonstrations de nos valeurs. On récolte toujours ce que l'on sème. Et j'ai tant donné à la vie et à la beauté de celle-ci que je ne comprends pas pourquoi le destin a fait que je traverse par des chemins non pas semés d'embûches, mais de poison. Et ce poison me ronge jusqu'à la moelle.
J'ai peur de retomber de dépression. J'ai peur de me refaire du mal. J'ai peur de ce que je peux devenir. Mon prénom vient du grec et veut dire « obscur », j'ai toujours eu un côté sombre, mais ce n'était qu'un côté. Ce n'était qu'une infime partie de moi qui ne prenait jamais le dessus. Soit parce que j'arrivais à la contrôler, soit parce qu'elle était apte à ne posséder qu'une part de moi. Aujourd'hui, cette nuit devrais-je dire, j'ai très peur. J'ai peur de retomber, peur de replonger. J'ai peur de moi. De mes démons. De mon passé. De mon présent. Mais encore plus de mon futur.
Si je devais me décrire, je dirais que je suis dans un état lamentable. Le choc et le chagrin réunis dotés d'une exponentielle. Je n'ai jamais vécu ça, je n'ai jamais ressenti quelque chose d'une telle ampleur. Pourtant des cassures, j'en ai connues dans ma courte vie.
Je me sens atrocement mal et je n'ai pas honte de le dire. Un peu comme si l'écrire – parce qu'écrire m'a manqué, je n'y arrivais plus, c'était trop difficile – pouvait m'aider à extérioriser cette noirceur que dégage mon côté sentimental.
Mon corps tremble encore, même si les heures elles, continuent de s'écouler. Je n'ai jamais vu ça et j'espère ne jamais avoir à revivre ce type de situation. Aujourd'hui, c'est le premier jour et je le dis, je le crie, je l'écris : ça ne va pas.

Mots à la rencontre du cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant